Interview
« Nous devons veiller à trouver des réponses aux nouveaux enjeux de consommation »
A l’issue de la première Commission bio présidée pour la première fois par Henri de Pazzis, Fld l’a rencontré afin de faire le point sur les objectifs et les actions à mener.

Fld hebdo : Vous venez de prendre la présidence de la Commission bio d’Interfel, pour quelles raisons et quels sont vos objectifs ?
Henri de Pazzis : J’ai été nommé en juillet et je viens tout juste de présider la première commission bio. C’était une volonté d’Interfel d’avoir un candidat totalement investi dans la mise en marché de fruits et légumes bio et qui a l’expérience de l’organisation de ses filières. J’ai accepté parce que je trouve les enjeux importants, et je suis convaincu de l’efficacité de la démarche interprofessionnelle. Il me semble capital de ne pas laisser simplement le marché organiser le développement, mais de veiller aux grands équilibres qui ont toujours prévalu dans ce marché, et à ses particularités. La communication actuelle est massive, majoritairement politique, et tout le monde a embrayé pour le développement du bio. Nous devons veiller à trouver des réponses aux nouveaux enjeux de consommation, en gardant à l’esprit l’éthique même qui traverse toutes les composantes du marché bio, du producteur au consommateur.
A l’interprofession, je veux apporter ma connaissance du monde bio pour que les familles travaillent de manière plus construite. Il nous faut défendre la valorisation des produits, et au-delà même du produit, il s’agit bien de la valorisation des métiers qui rendent possible un développement dont les fruits sont partagés. C’est un modèle à respecter, il répond à la quête de sens du consommateur.
Fld : Quelle est votre position sur les importations massives que provoquerait une forte hausse de consommation bio ?
H. d. P : Les importations complémentaires à la production française me semblent indispensables, c’est le cas des fruits exotiques ou des agrumes. En revanche, se pose la question des produits de contre-saison et de l’attente forte d’une relocalisation qui semble s’affirmer en ce moment. Il est indispensable d’accompagner un développement de la production, de manière harmonieuse, dans les différentes régions françaises. Le bio, c’est la diversité de ses acteurs, c’est ce qui en fait sa richesse. Son développement doit se produire en n’oubliant personne, et sans oublier le sens.
Fld : Qu’en est-il de la filière RHD ?
H. d. P. : La période n’est pas sans danger, il nous faut tenter de répondre au mieux à la demande spécifique de la restauration collective, sans la décevoir, en progressant de manière cohérente face à la réalité de la production, en tenant compte de la croissance des autres marchés, GMS et distribution spécialisée. C’est dans cette recherche d’équilibre que nous devons travailler au sein de l’interprofession.
Fld : Qu’en est-il de l’observatoire des prix ?
H. d. P. : Le préalable est de réunir les familles autour d’une table sur un projet commun. Un observatoire des prix serait un outil permettant d’avoir une image claire de la situation à la production et à la consommation, d’évaluer les éventuels freins de part et d’autre. La question du prix est cependant loin d’être la seule. On ne fait pas du développement en ne parlant que de prix. Il y aura donc bien d’autres sujets à travailler parmi ceux qui ont toujours traversé le monde bio.