Nous devons chasser en meute
LE PRUNEAU D'AGEN EN GUEST-STAR À PARIS
Nouvellement nommé à la direction de l'Anifelt, Pascal Martin dresse le tableau des dossiers à soutenir et à renforcer pour les cinq interprofessions qui la composent.
FLD : Vous venez de prendre vos fonctions à la tête de l'Anifelt quelles sont vos missions ?
PASCAL MARTIN : L'Anifelt regroupe cinq interprofessions : Anibi (bigarreau), Anicc (champignon), Bip (pruneau), Sonito (tomate d'industrie) et Unilet (légumes en conserve). Il existe de grandes disparités entre la problématique de toutes ces familles mais il y a des intérêts très partagés globalement. La particularité de nos filières courtes, ce sont des interprofessions fortes où règne la contractualisation. Elles ne peuvent travailler qu'avec un contrat entre la production et la transformation. Il faut s'entendre sur les volumes et la qualité. Il s'agit d'établir une relation forte avant la récolte. C'est la particularité de nos filières comparées à celles du frais.
FLD : Quel est le rôle du directeur dans ce cas ?
P. M. : Le directeur est là pour trouver et animer les points de convergence entre l'amont et l'aval des filières adhérentes. Cela concerne en particulier la réglementation qui est en passe de changer avec la nouvelle Pac. Les interprofessions françaises sont montrées en exemple comme modèle d'organisation des filières agricoles. Nous sommes ainsi fortement sollicités par d'autres pays tels l'Allemagne, les Pays-Bas ou encore l'Italie.
FLD : Quels seront les thèmes abordés ?
P. M. : Il y a des discussions sur la recherche et le développement (usages orphelins dans la lutte contre certains ravageurs...), sur la communication (Exposition universelle de 2015 à Milan..).. Nous abordons aussi les questions posées par le projet de nouveaux règlements sur la promotion. Nos interprofessions seules ne seraient pas entendues. Pour peser de tout notre poids dans les débats, nous devons chasser en meute surtout dans les débats communautaires.
FLD : Et le prix dans tout cela ?
P. M. : Nous n'abordons pas ce sujet en interprofession, ce serait contraire au droit de la concurrence. L'intérêt premier d'une interprofession consiste à informer et à faire réagir les professionnels afin qu'ils prennent des décisions éclairées. Nos membres s'occupent davantage d'amélioration technique et environnementale, d'adaptation des volumes et de qualité aux marchés, de réglementation et de développement des marchés.
FLD : Quels sont les dossiers traités ?
P. M. : Nous avons des outils techniques au sein des interprofessions adossés au CTIFL. Ces instituts sont indispensables pour l'amont mais aussi directement pour l'aval ou avec l'aide du CTCPA*. On établit des plans pour le développement agricole, l'expérimentation et la recherche. On a travaillé sur un programme pluriannuel 2014-2020. C'est très ambitieux pour les cultures annuelles de travailler à si long terme. Ce qui nous intéresse aussi c'est la protection des plantes. Jusqu'à présent sur les usages orphelins, c'était chacun pour soi, les filières arrivaient à bricoler mais c'est un domaine complexe. Ce sujet est devenu extrêmement critique et cela va devenir un sujet traité par l'Anifelt.
FLD : Y aura-t-il des liens avec les f&l frais ?
P. M. : On ne peut plus aujourd'hui mettre dos à dos les f&l frais et transformés. Nous avons un tas de choses à défendre ensemble. Nos techniciens travaillent en collaboration étroite. Avant c'était ponctuel, aujourd'hui c'est davantage formalisé. Les querelles de chapelle sont dépassées. Pour 2014, il y aura un programme de promotion sur les IGP qui réunira des f&l frais et transformés. On apprend ainsi à travailler en réseau pour peser davantage dans les négociations. Il ne faut pas oublier qu'au niveau mondial, voire européen ou français, les filières des f&l frais et transformés sont toute petites.
* CTCPA : Centre technique de la conservation des produits agricoles.
Le 6 octobre dernier, le Bureau interprofessionnel du pruneau (Bip) avait investi les allées de Bercy Village pour faire déguster la nouvelle récolte et promouvoir toute la filière pruneau du Lot-et-Garonne. Des ateliers pour enfants étaient même organisés. Satisfaite, la filière a annoncé avoir multiplié le nombre de retombées presse liées à l'événement.