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L’emballage est-il à l’aube d’une révolution ?

Dix mois après l’instauration de la loi Agec, la filière se débat encore pour trouver une solution d’emballage, répondant à la nouvelle norme, sans qu’elle soit trop onéreuse dans le contexte inflationniste. Une gageure ? 

Une des solutions qui est largement développée dans le rayon fruits et légumes de la grande distribution, c’est bien le vrac, adapté à certains produits. Mais il demande une attention particulière aux personnes en charge du rayon
© Philippe Gautier-FLD

La crise énergétique et l’inflation ont fait l’actualité des derniers mois, mettant un peu moins en lumière le tsunami provoqué dans la filière fruits et légumes en janvier, la mise en œuvre de la loi Agec interdisant tout type de plastique pour les produits emballés de moins de 1,5 kg. Le prix de l’emballage entre pourtant dans la liste funeste des hausses aggravant la situation.

 

La filière du frais s’adapte et réagit

Depuis la mise en place des articles de la loi Agec portant la suppression de l’usage de plastique, les opérateurs ont cherché à trouver des emballages de substitution. Les exemples ne manquent pas, surtout dans le domaine de l’emballage en carton qui a capté tous les suffrages et continue de le faire. Selon les gammes de produits aussi, le changement s’est fait plus ou moins rapidement.

Réagir très rapidement, ce fut le cas pour la filière ail française qui commercialise 70 % de ses volumes en conditionnements de moins de 1,5 kg. Des solutions se mettent en placent aujourd’hui, mais avec une incidence sur le coût global de production, estimée à 0,18 €/kg par l’Aniail, par exemple.

De plus, l’interprofession a déposé deux recours auprès du Conseil d’État portant sur les articles 77 et 80 de la loi Agec. Une démarche similaire a été portée à la Commission européenne.

De fait, pour Interfel, toute l’affaire a été mal engagée depuis le début avec la suppression totale des plastiques sans que la filière ne puisse disposer de toutes les solutions de substitution. « De plus, dans le cours de l’année, s’est ajoutée à cela l’augmentation des coûts sur les matières premières, carton et plastique. Enfin, l’explosion du coût de l’énergie a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, touchant l’ensemble des opérateurs », souligne Olivier de Carné, directeur stratégies filières, international et affaires juridiques.

L’intention visée par les actions juridiques portées par les familles de l’interprofession est de suspendre exceptionnellement les articles incriminés. « Mais, quoi que puissent être les décisions à venir, cela ne stoppera pas l’évolution en cours, portée par la distribution et par les consommateurs », note Olivier de Carné. Les travaux du CTIFL ont porté sur de nouvelles solutions qui, naturellement, nécessitent du temps pour leur mise sur le marché

L’inflation des matières premières impacte la transformation

 

Si le secteur des fruits et légumes transformés est moins concerné par l’interdiction des plastiques, les industriels font, de leur côté, face à une envolée des prix des produits d’emballage, liée à la hausse des matières premières pour les concevoir. Ainsi, en conserves comme en surgelés, le secteur est touché, le prix de l’acier a augmenté de 75 % entre janvier 2021 et juin 2022. Ils sont aussi impactés par l’augmentation du papier, du carton et de certains plastiques, à l’instar d’autres filières.

En revanche, dans le même secteur, mais en Italie, Conserve Italia (présent en France) a lancé en juillet une nouvelle ligne de remplissage et d’emballage Tetra Recart dans son usine de Pomposa. Elle arrive trois ans après le démarrage d’une ligne similaire dédiée principalement aux tomates et construite dans l’usine de Ravarino. La nouvelle ligne a une capacité de production de 24 000 unités par heure. Elle est aussi à même de produire deux formats (390 g et 500 g, ce dernier particulièrement adapté aux soupes et plats cuisinés). « Cet emballage est de plus en plus demandé, notamment sur les marchés étrangers auxquels nous nous adressons, surtout avec la production sous la marque Cirio », a expliqué Pier Paolo Rosetti, directeur général de Conserve Italia.

Le carton sera toujours davantage demandé à l’avenir

En tout cas, les fournisseurs d’emballage sont bien conscients que cette évolution est également pratiquement inarrêtable, et en connaissent bien les raisons. Le salon All4Pack (qui se tiendra du 21 au 24 novembre au parc des expositions Paris- Villepinte) a ainsi interrogé sa communauté (fournisseurs d’emballages et industries utilisatrices).

88 % des sondés estiment désormais comme prioritaires l’utilisation d’emballages plus respectueux de l’environnement. Cette volonté de changer est portée principalement par les attentes des consommateurs (69 %), les bénéfices en matière d’image (56 %) et les changements de législation (49 %). Par ailleurs, pour eux, la transition vers des matériaux plus durables est aujourd’hui freinée en tout premier lieu par leur coût (63 %), leur qualité (43 %) et leur disponibilité (37 %).

Sur ce dernier point, force est de reconnaître que la demande en carton a été exponentielle depuis deux ans, surtout dans la filière fruits et légumes, et que son renchérissement tient aussi à une offre plus contrainte. Un nombre important d’utilisateurs d’emballages comptent réduire leur utilisation du plastique (28 %) mais peu vont arrêter de l’utiliser (3,6 %). L’utilisation des biomatériaux devrait logiquement progresser (56,6 %), tout comme l’utilisation du papier carton devrait augmenter (66,3 %) pour répondre aux attentes des industries utilisatrices.

 

 

Quels emballages fruits et légumes pour 2030 ?

Fabrice Peltier, expert dans le domaine de l’emballage, prône la révolution dans le domaine (il y a consacré deux ouvrages). Par ailleurs, il a participé, entre autres, au travail de Perle du Nord sur sa nouvelle gamme d’emballages. Pour lui, la filière fruits et légumes a été impactée en premier par la loi Agec, mais certaines racines sont plus profondes : « À une époque, les opérateurs se sont tournés vers le plastique biodégradable, ce qui s’est avéré être une décision contreproductive car composter ces plastiques devait se faire dans des conditions spécifiques qui finalement n’ont pas été bonnes pour l’océan, explique-t-il. Cela n’a pas été une opération de greenwashing, disons plutôt une erreur de communication. Et puis les entreprises ne sont pas coupables, la pression de la distribution ayant été très forte. »

Mais, en fin de compte, quel emballage pour les fruits et légumes ? Pour Fabrice Peltier une remiseen cause profonde doit avoir lieu : « Des réponses à court terme ne sont possibles aujourd’hui. Cette révolution de l’emballage doit aller de pair avec une révolution du mode de distribution et s’interroger méthodiquement, produit par produit, sur ce qui est indispensable. Cela demande une prise de conscience, ce qui ne signifie pas faire n’importe quoi, et de se doter d’une vraie méthodologie. L’emballage ne doit plus être sur-fonctionnel mais adapté. À mes yeux, le meilleur avenir de l’emballage des fruits et légumes pourrait être dans le réemploi, avec système de consigne »

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