Bananes
Négociations OMC : La guerre de la banane s’achèvera-t-elle un jour?
A l’heure où les négociations à l’OMC battent leur plein cette semaine, la banane est considérée comme le fruit le plus stratégique et l’objet de toutes les attentions.
La semaine décisive pour la conclusion de Doha vient de commencer. Et plus que jamais l’agriculture est au centre des négociations. Et grâce à “l’habilité” (hum) de Pascal Lamy et de Peter Mandelson, le dossier banane devient le point focal de ce round commencé en 2001. Inutile de résumer les chapitres précédents abondants évoqués dans ces colonnes et retenons que le directeur général de l’OMC a estimé “hautement stratégique” (re-hum) de vouloir boucler le dossier du régime européen d’importation de banane. C’est lui qui a proposé de reporter jusqu’à la fin août le délai d’appel de la décision condamnant ce régime. Comme au poker, il a voulu jouer le tapis, et il risque de tout perdre.
Le 16 juillet, sous la pression évidente de messieurs Lamy et Mandelson, la Commission européenne a accepté du bout des lèvres la dernière proposition de Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC s’étant auto-proclamé Monsieur Bons Offices dans cette affaire. Le projet Lamy consiste à réduire d’ici à 2015 le tarif douanier pour les bananes ACP à 116 euros (contre 176 actuellement). Le tandem Lamy-Mandelson souhaitait faire adopter ce projet avant la conclusion de Doha. Mais les Commissaires ont été sensibles aux propos de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, plus à l’écoute des pays ACP que l’on aurait pu le croire. Il a donc fixé la doctrine de la Commission : d’accord pour la proposition Lamy, à condition qu’elle fasse partie du paquet Doha.
Les producteurs de bananes européens réunis au sein de l’Apeb, se sont félicités de «la position claire» de la Commission qui n’a pas retenu «la solution d’un accord “a tout prix et en tout cas”». En revanche, les pays ACP ont rejeté un accord «qui condamne les productions de bananes des pays ACP et favorise davantage et abusivement les pays producteurs d’Amérique Latine». Du côté des producteurs de bananes des Canaries, ils avaient l’intention de bloquer l’adoption d’un quelconque processus d’accord. Un accord qu’ils ont jugé «précipité». Leopoldo Cologan confiait également que ce compromis «divisait l’exécutif européen».
Dès lors, et à l’heure où nous écrivons ces lignes, lundi 21 juillet à 13heures, on voit mal comment le cycle de Doha pourrait connaître une conclusion cette semaine à Genève d’autant que les échanges dès lundi matin étaient tendus, même si l’Europe se disait prête à abaisser ses droits de douane agricoles de 60 %.