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Négoce : les pratiques commerciales au menu du congrès de Fedepom
Les négociants français vont se retrouver à Boulogne-sur-Mer pour leur congrès annuel. Après les villes de Montpellier, Strasbourg et Marrackech, Fedepom réunit en effet ses troupes dans cette ville réputée pour ses armateurs et ses négociants. Revenir sur les terres qui ont vu les premiers tubercules pousser en France est aujourd’hui certainement plus qu’opportun. L’idée d’un congrès dans le premier port de pêche français est également séduisante.
Le monde de la pomme de terre célèbrera en effet en septembre prochain les 100 ans de la Bintje. Ce sera à Hondschoote en pleine terre de Flandre. De son côté, Boulogne-sur-Mer défend becs et ongles son bateau à grande vitesse pour relier les ports espagnols à ceux du nord en passant par la région et veut y associer la profession des fruits et légumes.
Après Marrackech qui n’avait pas fait l’unanimité l’an passé, Fedepom ne peut donc pas laisser passer une telle occasion de réflexions dans cette région où il y a une tradition, des savoir-faire et une économie dont la vitalité ne se dément pas. Un secteur qui affronte néanmoins quelques soubresauts et évolutions majeures. C’est ainsi que l’arrivée en Flandre de Jos Muyshondt à Esquelbecq peut modifier à terme certaines cartes. La création de Novexport à Soyecourt va sûrement bouleverser des circuits bien établis, sans omettre de citer également la création de Condilys à Erquinghem-Lys.
Un secteur fragile
A côté de ces nouveaux opérateurs, le secteur a néanmoins montré toute sa fragilité durant cette campagne : fermeture de la coopérative Pom’Ter à Bauvin, du site arrageois de Pom’Alliance… et des rumeurs qui courent encore sur la bonne santé d’autres opérateurs.
Le négoce régional n’aura jamais été en proie à de telles évolutions à un moment où tous les clignotants de marché sont pourtant au vert. “Nous avons eu une très bonne campagne en terme de débouchés, une récolte suffisante, un marché qui a tiré durant toute la campagne...”, souligne Francisco Moya, directeur de Négonor, en rajoutant aussitôt : “pourtant le marché n’est pas sain !”.
Ceci expliquerait-il cela ? Y aurait-il atomisation excessive de l’offre avec la multiplication des producteurs-vendeurs ? Existe-t-il de vraies distorsions de concurrence entre opérateurs ? Y aurait-il des pratiques de dumping régulières pour la conquête de parts de marché de la part des nouveaux venus dans le métier ?
“Nous avons observé durant cette campagne des industriels qui achetaient de la pomme de terre plus cher que sur le marché du frais”, souligne Francisco Moya en pointant du doigt une fragilité de plus en plus grande de la filière. Le contrat, un élément de sécurité ou un élément de fidélité qui lie deux parties ? En tout cas, ce n’est pas un hasard, si la question fut mise à l’ordre du jour de l’assemblée des producteurs livrant à McCain qui veulent remettre à plat la politique contractuelle liant l’industriel et ses fournisseurs.
“Le marché a explosé durant cette dernière campagne”, analyse Francisco Moya. Il faudra sûrement en tirer toutes les conséquences. Parions que l’air de la mer devrait aider dans les analyses et jeter les bases d’un négoce qui travaillera demain avec des règles plus cohérentes.