Naufrage du Pam : d’importants dégâts collatéraux
“Les entreprises qui supportent les inconvénients du blocage du Pam et dont on ne parle jamais” se sont exprimées jeudi devant Jean-Claude Gaudin, Sénateur-Maire de Marseille. Une table ronde organisée au Min des Arnavaux a réuni l’ensemble des représentants des secteurs touchés par la grève qui ont présenté leur bilan.
Selon Bernard Suzini, vice-président de la CCIMP, “les 14 jours de conflit ont coûté près de 150 ME aux 3 500 entreprises dépendant du port, dont les plus touchées – 400 – sont situées dans l’enceinte portuaire.” Concernant les F & L, pour Eric Lagache, président du syndicat des importateurs, “le Brésil, qui a refusé de livrer Fos, est parti à Valencia et les coûts supplémentaires induits par ce déroutage sont insupportables. Nous sentons beaucoup d’inquiétude dans le monde entier concernant l’activité fruits et légume du port.”
Le discours est très proche chez Léon Vincent : “Nous estimons avoir perdu 18 000 palettes, et on nous a demandé des suppléments pour sortir des containers de marchandise pourrie. Agrexo s’est détourné sur Vado ; la Côte d’Ivoire, qui pensait revenir à Marseille en janvier, va sûrement nous répondre négativement.” “L’activité F & L du port est peut-être terminée”, ajoute Gérard Antoine.
Colère aussi, pour Jean-Pierre Canavèse. “Nous avions ouvert un marché pour la pomme vers l’Algérie. Les containers n’ont pas pu partir et nous n’avons pas pu respecter le contrat. Je crois que ce qui n’est pas parti ne sera jamais rattrapé. De plus, pour une entreprise basée à Marseille, aller chercher de la marchandise à Port Vendre, Gênes ou Barcelone, induit des coûts pénalisants. Mais les conflits à répétition donnent à réfléchir sur le maintien de notre activité dans un port qui est la risée de ses concurrents.” Ou encore, Jean-Pierre Pellegrin, transporteur spécialisé vers la Corse et la Sardaigne, qui a perdu “12 000 E, chaque jour du conflit.”
Après la présentation de ce bilan, alourdi par ceux du tourisme, du commerce, de l’hôtellerie (qui porte plainte contre la CGT), et des petites entreprises, Jean-Claude Gaudin s’est déclaré “très secoué par ces propos et très inquiet pour l’avenir du Pam, en raison de la capacité des ports voisins à réagir. On a trop parlé du conflit et pas assez des conséquences sur les petites entreprises.” Quel que soit leur secteur d’activité, il a invité les petites entreprises à monter des dossiers qu’il ira défendre auprès de Bercy, voire auprès du Premier ministre, afin d’obtenir des aménagements fiscaux du type dégrèvement, étalement du paiement des charges, etc. Ce qui ne sera pas suffisant pour relever “la pitoyable image du port”, pris en otage par une poignée d’insatisfaits.