Vaucluse
Mouche de la cerise : levée de boucliers pour le maintien du diméthoate
La LMR du diméthoate est passée de 1 à 0,2 ppm et un DAR de 21 jours. L’inquiétude est donc grande si le diméthoate, seul insecticide véritablement efficace, disparaît.
Depuis 2010, la LMR du diméthoate, insecticide utilisé contre la mouche de la cerise, est passée de 1 à 0,2 ppm et un DAR (délai avant récolte) de 21 jours. Depuis la même date, la firme Cheminova – qui fabrique le produit et détient l’homologation – a obtenu dérogations sur dérogations pour continuer à le mettre en marché. La question se pose donc à nouveau pour la saison 2013. « Nous avons déposé un dossier de réhomologation, explique Eric Lectoure de Cheminova. Néanmoins, nous avons une inquiétude sur les délais de réévaluation (.) Dans le meilleur des cas, le diméthoate devrait être utilisable dans les conditions d’application actuelles. Mais nous ne sommes pas la DGAL. » L’inquiétude est donc grande en Vaucluse, qui produit 75 % de la cerise française sur les conditions futures de lutte contre la mouche de la cerise (différente de Drosophila suzukii) si le diméthoate, considéré comme le seul insecticide véritablement efficace, disparaît. D’autant que, a indiqué Edith Ebersbach, consultante, « en vingt-six ans de carrière, je n’avais pas constaté d’attaques de la mouche de la cerise aussi importantes qu’en 2012. » De plus, au vu des conditions météorologiques de 2012, tous les indicateurs laissent à penser que 2013 sera une année de grand danger. Le CTIFL, le SPV et les stations d’expérimentation ont conduit des essais associant le diméthoate, le Suprême et le Calypso pour une lutte alternative. Les résultats sont néanmoins très décriés par la production. Jeudi 13 décembre lors d’une réunion associant producteurs, metteurs en marchés, fournisseurs et politiques, des positions communes ont été arrêtées. La première mesure concrète sera la mise en place d’un réseau de surveillance des vols de la mouche, financé par le Conseil général de Vaucluse et piloté par le Domaine expérimental La Tapy. Pour sa part, la DDT a « assuré de défendre avec le Préfet du département l’utilisation du diméthoate devant Stéphane Le Foll dans l’attente d’autres traitements plus efficaces. » Les parlementaires, Julien Aubert (UMP) et Marion Maréchal-Le Pen (FN), veulent, pour leur part, porter les débats sur la place publique. Enfin, la FDSEA veut avec l’ensemble des protagonistes « faire pression sur Stéphane Le Foll en vérifiant au Codex alimentarius les conditions d’utilisation du diméthoate dans les autres pays. » Ils veulent également un allégement des sanctions. En juillet dernier, deux dépassements de la LMR avaient été constatés. Risquant la Correctionnelle et une très forte amende pécuniaire, un arboriculteur plongé dans des soucis personnels et professionnels avait mis fin à ses jours. Le second attend d’être convoqué par le procureur.