Aller au contenu principal

Melon : dans l’attente de variétés plus résistantes

Le choix variétal en melon doit répondre aux attentes du marché, de la société et à celles des producteurs. Les résistances et tolérances aux bioagresseurs et la qualité des fruits prennent de plus en plus d’importance.

De nombreuses variétés sont proposées à l'expérimentation, mais peu de nouveautés sont retenues par les stations expérimentales, vue le niveau déjà élevé de variétés produites.
© RFL

Depuis dix ans, le nombre de semenciers s’intéressant au melon n’a cessé d’augmenter. A Clause et Gautier Semences, se sont ajoutés Nunhems, Syngenta, Rijk Zwaan, Enza Zaden, Sakata, Seminis et désormais Semillas Fito. Chaque année, de nombreuses variétés sont proposées à l’expérimentation. Mais depuis plusieurs années, peu de nouveautés sont retenues par les stations expérimentales. « La qualité des variétés d’aujourd’hui est élevée, ce qui fait qu’il est plus difficile d’apporter des améliorations », analyse Lucille Guigal, de SudExpé. Une variété de melon doit d’abord répondre aux attentes du marché en termes de qualité interne et présentation. « Le goût, le taux de sucre et une bonne tenue après récolte sont des critères essentiels », insiste Catherine Taussig, de l’Aprel. Un bon calibre, une robe pas trop verte, une belle écriture (les variétés lisses étant de moins en moins cultivées), un fruit bien tranché sont également nécessaires. La variété doit aussi répondre aux attentes des producteurs en termes de rendement commercial, celui-ci incluant le comportement agronomique (vigueur, tenue de plante et de fruits, capacité de nouaison, absence de sensibilité à la grille, calibre…) mais aussi un faible taux de déchets (tenue au champ et en conservation, absence de sensibilité à la fente et à la perte et l’étoilement pédonculaire, robe ne jaunissant pas trop vite…). Une bonne adaptation au créneau est également essentielle : précocité et capacité à nouer et à faire du sucre même par temps froid en précoce, résistance à la chaleur en saison, calibre modéré en arrière-saison… Enfin, les résistances et tolérances aux bioagresseurs deviennent essentielles, pour assurer le résultat technico-économique et réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et répondre ainsi aux attentes sociétales et à la pression réglementaire. « Actuellement, les principales attentes des producteurs portent sur les résistances et tolérances, constate Lucille Guigal. Sur certains créneaux, comme en précoce dans le Sud-est, il n’y a pratiquement aucune variété résistante à la fusariose race 1-2 ni au puceron. Mais dans les variétés proposées à l’expérimentation, la plupart présentent désormais au moins une des deux résistances, voire les deux. »

Des priorités qui varient selon les bassins

Les critères varient selon les bassins et les créneaux. La résistance à la fusariose, contre laquelle il n’y a pas de protection efficace et qui peut impacter fortement le rendement et la qualité, est importante partout. A peu près toutes les variétés sont aujourd’hui Hautement Résistantes aux races 0, 1, 2 de la fusariose. Mais la résistance à la race 1-2, très virulente et responsable des cas actuels de fusariose, est plus compliquée à obtenir. On trouve désormais des variétés « résistantes intermédiaires » (IR Fom 1-2) proches en rendement et qualité des variétés non résistantes. Mais ces variétés sont encore peu nombreuses. La résistance au puceron Aphis gossypii, responsable de dégâts affectant le rendement et vecteur potentiel de virus, est également très recherchée, notamment dans le Sud et sur les créneaux chenilles et bâche où il est plus compliqué de traiter. Plusieurs variétés dotées du gène Vat (IR Ag), qui leur donne une résistance à la colonisation par Aphis gossypii, existent aujourd’hui. Mais d’autres variétés sont attendues. Autre critère recherché, particulièrement dans le Sud : la résistance à l’oïdium et notamment à la race 3-5 de Podosphaera xanthii qui cause aujourd’hui le plus de dégâts. Les semenciers commencent à proposer des variétés IR Px 3-5, mais celles-ci sont encore rares. Enfin, les meloniers, notamment dans le Centre-ouest et le Sud-ouest, recherchent de plus en plus une moindre sensibilité aux autres maladies : bactériose, cladosporiose, sclerotinia, mildiou. S’il n’existe pas de résistance identifiée pour ces bioagresseurs, des différences de comportement sont en effet observées entre variétés. Et les stations y accordent de plus en plus d’importance, dans leurs essais et leurs préconisations. « Les résistances puceron, oïdium et fusariose sont essentielles et sont officiellement reconnues et indiquées, note David Bouvard, de l’Acpel. Mais pour les autres maladies, seules les stations peuvent fournir une information indépendante. » « De plus, ajoute Françoise Leix-Henry, du Cefel, le melon est très sensible aux conditions climatiques, d’où l’importance d’observer une variété sur plusieurs années. »

Un panel de variétés

Les critères de choix variétaux varient selon les objectifs du producteur, le créneau, le sol, le climat, les bioagresseurs, les méthodes de travail, le circuit de commercialisation, le savoir-faire du producteur… « D’où l’importance de bien caractériser les variétés », souligne Françoise Leix-Henry. Le plus souvent, pour s’assurer des récoltes sur toute la période de consommation, pouvoir se positionner sur différents créneaux de commercialisation et faire face à différentes conditions climatiques, les producteurs cultivent plusieurs variétés sur chaque créneau, associant parfois des variétés à cycles court et long sur une même parcelle.

Faire plus attention au calibre

Le calibre est un élément essentiel du rendement mais aussi de la réponse au marché. Idéalement, il doit être proche du kilo. Si les conditions climatiques et la conduite de la culture ont une influence sur lui, le calibre moyen est aussi une caractéristique des variétés. Dans un contexte de réchauffement climatique, avec les problèmes rencontrés par exemple en 2017, des variétés à calibre modéré peuvent donc présenter de l’intérêt sur certains créneaux. En 2018, SudExpé et l’Aprel ont ainsi introduit deux variétés à calibre modéré dans les variétés à essayer en bâche tardive.

 

A lire aussi :

Des virus et des vecteurs

Toutes les résistances sont importantes dans le Sud-Ouest

Centre-ouest : faire face aux maladies

Un calibre modéré attendu dans le Sud-est

Les plus lus

<em class="placeholder">Verger agrivoltaïque expérimental en pêches et abricots de la Sefra.</em>
Drôme : après la liquidation de la station expérimentale en fruits, la Sefra, quelles suites pour l’expérimentation ?

La station expérimentale fruits Rhône-Alpes (Sefra) a stoppé son activité début juillet. Une nouvelle structure est en…

Producteur de myrtilles et ingénieur de l'INRAE préparent  préparent un lâcher de Ganapsis kimorum pour lutter contre Drosophila suzukii à Saint-Julien-du-Gua en Ardèche.
Ardèche : lutte biologique contre Drosophila Suzukii sur myrtilles sauvages

En Ardèche, début juillet, un lâcher de Ganapsis kimorum, ennemi naturel de Drosophila suzukii, a eu lieu sur myrtilliers.…

<em class="placeholder">Des kiwis verts dans un verger Zespri en France. </em>
Kiwi vert : une allégation santé autorisée par l’Union européenne

L’UE a solennellement reconnu, fin juillet, que le kiwi vert augmente « la fréquence des selles », grâce à un…

<em class="placeholder">Tomasz Spizewski, vice-président de l&#039;Association polonaise des producteurs d&#039;asperges, également chercheur à l&#039;Université des sciences de la vie de Poznań.</em>
L’asperge passe du blanc au vert en Pologne

Que ce soit au niveau de la production ou de la consommation d’asperges, les Polonais délaissent de plus en plus les asperges…

<em class="placeholder">Des branches d&#039;un noisetier, verger de noisettes. </em>
Noisette et acétamipride : le « choc » de la filière après la censure partielle de la loi Duplomb
Plus que jamais politisé et médiatisé, le débat estival sur l’acétamipride a laissé la filière noisette dans une profonde…
Dorothée et Antton DIRATCHETTE, associés du Gaec Lekuberri, dans leurs serres de production de fraises.
« Nous remettons nos comptes courants d’associé à zéro à chaque assemblée générale »

Dorothée et Antton Diratchette, en Gaec, maraîchers à Mendionde (dans les Pyrénées-Atlantiques) sont extrêmement vigilants sur…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes