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Mathieu Lancry (coopérative Norabio) : « La contractualisation avec Biocoop permet d’éviter toute spéculation »

Marché du bio, impact de la Covid-19, et produits équitables : Mathieu Lancry, président de Norabio et administrateur de Biocoop, a répondu à l’Association française des journalistes agricoles et alimentaires.

Mathieu Lancry
"Ce n’est pas que le bio soit plus cher, c’est que le prix du conventionnel est inférieur parce qu’il n’intègre pas ses différents impacts environnementaux. Si c’était le cas, le conventionnel serait plus cher que le bio", affirme Mathieu Lancry, président de Norabio et adaministrateur de Biocoop.
© Philippe Gautier - FLD

L’Association française des journalistes agricoles et alimentaires (Afja) a convié Mathieu Lancry, président de la coopérative Norabio et administrateur Biocoop, a une visioconférence le 13 novembre. Il a fait le point sur le marché. Ce fut l’occasion de recueillir la vision d’un fournisseur en légumes bio, qui assure près de 60 % de son chiffre d’affaires avec l’enseigne.

Impact des confinements

L’année 2020 est marqué par la crise de la Covid-19 qui a entraîné deux confinements. Deux périodes qui ont vu des résultats différents.

« Durant le premier confinement, nous avons assisté à des hausses de demandes allant jusqu’à 50 %, voire 100 % sur certaines catégories de produits, précise Mathieu Lancry, cela a pu être parfois difficile à suivre au niveau logistique : nos ateliers de conditionnement ont tourné 24 heures sur 24. Et il a fallu juguler la possible pression sur les prix : un consommateur n’a pas à payer plus cher un produit qui est disponible. La contractualisation avec Biocoop permet d’éviter toute spéculation ». Le deuxième confinement, entamé cet automne, bouscoule moins la donne : « La progression est beaucoup plus mesurée, entre 10 et 15 % ». 

Biocoop a développé une offre pour la restauration collective (Biocoop Restauration) qui concerne 6 000 clients (pour un équivalent de 5,4 millions de repas en 2019). Celle-ci a été impacté lourdement par la crise. « Nous sommes dans une vraie impasse et à court terme les perspectives sont plutôt sombres, reconnaît Mathieu Lancry, cependant, l’augmentation des ventes en magasins a compensé largement l’arrêt de la restauration collective ».

Légumes bio : le plafond de verre atteint ?

Selon Kantar, la part de marché des légumes frais bio a stagné depuis un an (9,8 % en septembre 2020, similaire à 2019). Comment l’expliquer : l’indice prix serait-il trop haut ? La concurrence d’autres démarches se ferait-elle sentir ? « Concernant le prix, ce n’est pas que le bio soit plus cher, c’est que le prix du conventionnel est inférieur parce qu’il n’intègre pas ses différents impacts environnementaux. Si c’était le cas, le conventionnel serait plus cher que le bien », assure Mathieu Lancry.

Sur la construction du prix, le président de Norabio considère qu’une meilleure efficience, surtout en termes logistiques permet de de réduire le prix in fine.

Si Mathieu Lancry reconnaît que « les démarche HVE, ZRP [Zéro résidu de pesticides,NDLR] etc. sont entrées dans le champ de vision et le consommateur semble s’orienter vers elles », il ajoute cependant que « Cela n’a pas trop d’impact chez nous qui assurons près de 60 % de notre activité avec Biocoop. A nous de faire comprendre aux consommateurs que le ZRP n’est pas synonyme d’absence de traitement ».

Surgelés et produits équitables : deux marchés à conquérir

En revanche, Mathieu Lancry confirme la forte volonté de Biocoop de développer les produits équitables (qui représentent aujourd’hui 24 % de la gamme), surtout en Nord-Nord, en s’appuyant sur le Label « Bio Equitable en France » lancé récemment avec Etiquable. Plusieurs groupements fruits et légumes sont engagés dans la démarche : « L’idée est de basculer ensemble sur le nouveau label, certainement au printemps prochain. L’objectif est que le label représente 35 voire 40% de l’offre totale de Biocoop », explique Mathieu Lancry, qui confirme par ailleurs que ce label viendra remplacer la marque dédiée de Biocoop, « Ensemble ».

Autre axe de développement pour Norabio, la transformation : « La demande en surgelés est forte, surtout en MDD. C’est un marché à conquérir, concède-t-il, L’objectif est de se détacher de la mainmise des surgélateurs (semences, suivi variétal…), de ne pas refaire ce qui s’est passé pour le conventionnel ». Selon Kantar, les légumes bio représentent pratiquement 10 % de l’offre globale des surgelés aujourd’hui.  

Trois ans de conversion... « nécessaires »

Autre sujet, le plan Agirfood, présenté récemment par Open Agrifood, propose de raccourcir la phase de conversion au bio de 3 ans à 2 ans. Pour Mathieu Lancry, « la transition de trois ans participe à la structuration de l’offre. Il est possible de voir l’évolution prévisible des volumes et de s’adapter en conséquence. Parfois, nous connaissons des soubresauts dans l’offre qui peuvent atteindre entre 15 % et 20 % d’augmentation sur certains produits, et c’est ingérable ».

C’est aussi une question de cohérence : « Les consommateurs ne comprendraient pas que l’on abaisse ainsi la période de transition. Biocoop propose déjà des produits issus d’exploitations en deuxième année de conversion », conclut Mathieu Lancry.

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