Marseille : le port autonome enfoncé dans la grève
Masquée par le conflit social devenu à son paroxysme, crise politique et les négociations ubuesques du dossier de la reprise de la SNCM, la grève des agents CGT Pam se poursuit depuis une semaine. Cette action avait d’abord été attribuée à un mouvement de solidarité avec les marins de la SNCM. Depuis, la CGT du Pam se l’est appropriée, dénonçant “la privatisation latente du port.” Dimanche matin, 72 navires de toutes catégories étaient bloqués à quai entre Marseille et Fos/Lavera ou attendaient au mouillage dans la rade. Le préjudice s’élève à “500 000 E/jour”, selon Christian Garin, président du Pam. Samedi, le problème s’est aggravé lorsque les dockers se sont mis en grève rejoignant les grutiers. Ce mouvement provoque l’impatience teintée de fatalisme des opérateurs du CCFIM. “Aucun bateau n’a été déchargé depuis lundi, souligne Louis Maranelli, président de la Compagnie du centre fruitier international de Marseille. Par chance, nous ne sommes pas au cœur de la saison d’importation, mais c’est un énième incident qui fragilise le port, ternit son image et peut inciter les importateurs à s’installer ailleurs.”
En revanche, cette grève perturbe énormément le commerce avec la Corse. Vendredi, alors qu’aucune compagnie ne desservait l’île, le syndicat des transporteurs corses estimait à 200 ou 300 les remorques disséminées entre Marseille et différents ports. Et la question de l’approvisionnement commence à inquiéter. “C’est une grosse galère car nous avons un peu d’approvisionnement local mais nous dépendons beaucoup de la centrale sur le continent. Nous pouvons tenir encore aujourd’hui et demain, indiquait, vendredi, le chef de rayon F&L du Hyper U de Bastia, mais lundi nous n’aurons plus rien.” Idem chez Logidis Salon qui sert les Carrefour de l’île : “Nous n’avons aucune possibilité de transporter du frais. Ce matin, nous avions une grosse commande pour la Corse, en prévision d’un blocus. Le camion est revenu de Marseille, explique Philippe Ernewien, responsable F&L de la plate-forme. Sur les produits périssables, F&L et surgelés, nous sommes très embêtés. Nous ne ferons aucune livraison tant que nous ne serons pas sûrs à 100 % que la marchandise sera acheminée sans problème.”
Ce n’est pas aujourd’hui, journée nationale de grève, que la situation va s’améliorer, tous les syndicats de marins, dockers, etc., ayant appelé à cesser le travail. En 1989, la Corse avait été totalement paralysée par un blocus général de l’île durant dix semaines.