Bilan
Malgré la conjoncture, Coopagri Bretagne va de l’avant
Coopagri Bretagne a communiqué la semaine dernière des chiffres honorables pour 2006, compte tenu d’une conjoncture difficile.
« On n’est pas les plus malheureux », nous a confié Gérard Maillet, directeur général adjoint de Coopagri avant la conférence de presse annuelle qui s’est tenue à Landerneau mardi dernier. Et même si la conjoncture ne prête pas aux grandes réjouissances, il est vrai que les chiffres de la coopérative bretonne sont plutôt satisfaisants, compte tenu des circonstances.
Pour 2006, année pénalisée par la grippe aviaire, le chiffre d’affaires de Coopagri s’est élevé à 1,456 MdE, en progression de 1 % par rapport à 2005. Le résultat net a chuté à 8,408 ME contre 11,491 ME en 2005. Mais ce qui préoccupe les dirigeants de Coopagri est encore à venir. « Les marchés évoluent très vite, et nous nous posons la question de la pénurie », s’inquiète Denis Manach’, président. Le thème est repris par Jean-Bernard Solliec, directeur général : « Nous passons d’une ère d’excédents à une ère de difficultés à produire ce que le client demande. »
A cela, trois raisons principales : l’agriculture est en train de devenir un fournisseur énergétique, les incidents climatiques à répétition et le déséquilibre entre naissance et décès, d’où un nombre croissant de personnes à nourrir. Parmi les productions qui subissent cette tendance, les légumes occupent la première place. « Le désintérêt croissant pour les productions légumières au profit des cultures céréalières “énergétiques” risque à terme de voir les légumes disparaître en France et en Europe. Il faut absolument que la grande distribution accepte de payer davantage pour ces produits, sinon, le phénomène va prendre de plus en plus d’ampleur. »
Une année correcte pour les légumes frais, une réorganisation en surgelés
En attendant, la branche “légumes frais” de Coopagri a vécu une année 2006 « correcte, même si l’augmentation du coût de l’énergie pénalise toujours les serristes ». La filiale de commercialisation Sicagri Bretagne a vendu sous la marque Prince de Bretagne 55 000 t de légumes frais en 2006, dont 20 millions de têtes de choux-fleurs, 1 500 t d’artichauts, 9 000 t de tomates, 1 000 t de brocolis, 3 500 t de pommes de terre de consommation et 2 500 t de primeurs.
En légumes surgelés, la filiale Gelagri a procédé à une réorganisation, marquée par la fermeture de l’usine de Landerneau, un recentrage des activités sur les usines de Saint-Caradec et Loudéac en Côtes-d’Armor et l’acquisition de deux entrepôts frigorifiques. L’usine espagnole en projet depuis plusieurs années a enfin été inaugurée début mai et va permettre comme prévu d’approvisionner les autres sites en légumes méditerranéens surgelés, avec toute la traçabilité requise. Enfin, Coopagri a dû renoncer à la production de ses légumes appertisés en barquette, lancés en exclusivité à la marque Carrefour lors du Sial 2004, le produit n’ayant pas dégagé les volumes initialement contractualisés. « La MDD, c’est bien pour un marché déjà installé. Concernant les innovations, c’est plus difficile, d’autant que la grande distribution, si elle sait vendre, pêche au niveau du marketing. » Trop coûteux à lancer en marque propre, le produit est aujourd’hui arrêté et la ligne de production est à vendre. Grâce à ces réorganisations ainsi qu’à une politique d’innovation dynamisée (lancement des Mini-gratins dauphinois, des Crumbles de légumes…), Gelagri espère décupler ses forces pour continuer de lutter sur le marché très concurrentiel des surgelés.