Lueurs d'espoir du côté de la consommation
Le bilan de la dernière campagne est mitigé, mais certains frémissements de reprise s'observent du côté de la consommation.
La campagne 2012-2013 ne laissera pas un souvenir impérissable dans la mémoire des 489 endiviers français. « On ne peut que dresser un bilan mitigé de cette campagne. Certes, elle a été moins bien que la précédente, mais beaucoup mieux que 2010-2011 qui avait été très mauvaise », nuance cependant Patrick Petitpas, directeur général de Perle du Nord qui affiche de bonnes progressions de volumes (lire aussi pp. 34-35).
Les situations sont différentes d'un producteur à l'autre entraînant de très grandes amplitudes de prix “sortie endiverie”.
En commercialisant 85 000 des 178 000 t d'endives françaises (48 %), l'Union de coopératives peut aisément avancer des chiffres fiables. Elle est désormais devenue un bon indicateur des tendances de marché, en l'absence de toute référence depuis la disparition du système informatique d'échanges d'informations Infoclar.
Mais comme souvent, les situations sont différentes d'un producteur à l'autre : rendement racines au champ, productivité au bac, périodes optimales de forçage, amortissement des installations, segments commercialisés… entraînent de très grandes amplitudes de prix “sortie endiverie”. Néanmoins, selon le panel Kantar Worldpanel publié en août dernier, le prix du kilo d'endives au détail est ressorti à 1,82 €.
Des signes encourageants« La campagne endive 2012-2013 restera comme l'une des plus compliquées au niveau de la gestion de marché », note, de son côté, le Réseau des Nouvelles des Marchés dans son bilan de campagne paru en octobre dernier. « Avec des apports de l'ordre de 180 000 t sur la campagne, il n'aurait pas dû y avoir de problème. Mais c'est plutôt du côté de la consommation, restée trop souvent en berne, qu'il faut rechercher les causes », poursuit Martial Guillemant dans son analyse annuelle.
Un sentiment, loin d'être partagé totalement dans la profession. Ni par Perle du Nord, ni au terme de la toute dernière enquête menée par le CTIFL auprès de 1 400 consommateurs qui relève des signes plutôt encourageants de reprise de la consommation et surtout “le recrutement” de nouveaux foyers consommateurs.
Serait-ce dû à la nouvelle segmentation et le développement des ventes à la pièce ? Y aurait-il une lente amélioration qualitative des produits commercialisés ?
L'Apef sort fragiliséCôté amélioration de la qualité, mieux vaut ne pas compter sur un nouvel accord interprofessionnel, pourtant très attendu par toute la profession. Son projet avait été bouclé à quelques heures de l'assemblée générale de l'Association des producteurs d'endives de France (Apef) le 27 juin dernier et transmis dans la foulée aux administrateurs, sans que son contenu n'en soit pour autant évoqué publiquement.
On sait qu'il visait néanmoins à ramener la longueur de l'axe à 60 %, se positionnait sur des choix variétaux, le nombre de jours de forçage optimal, des analyses de résidus à dix-neuf jours, la création d'un corps de contrôleurs… « Tout le monde était d'accord pour rehausser le niveau qualitatif de notre produit et rentrer dans un cercle vertueux », explique cet administrateur… Ou presque !
En effet, en juillet dernier, son adoption n'a pu être possible à la suite du veto émis par l'organisation des producteurs Fraileg.
Une fois encore, endive ne rime pas avec unanimité ! Et l'Apef en sortait quelque peu fragilisée.
Un mois de novembre dynamiqueLes principaux opérateurs poursuivent néanmoins leurs stratégies. A Perle du Nord, on est confiant, en estimant qu'un jour probablement, faute d'accord entre producteurs, ce sera la GMS qui sifflera la fin de la récréation en imposant à ses fournisseurs… l'endive à la pièce !
La dernière enquête du CTIFL relève des signes plutôt encourageants de reprise de la consommation et surtout “le recrutement” de nouveaux consommateurs.
La campagne 2013-2014 a débuté dans des conditions difficiles. Les endives de septembre ont été forcées avec les racines de la campagne 2012-2013 provoquant des problèmes qualitatifs… à un moment où les retards de production observés plaçaient l'endive en concurrence avec les tomates et les melons ! Heureusement depuis novembre, la campagne a bien redémarré. Mais au 20 novembre, 35 à 40 % des surfaces endivières du Nord-Pas-de-Calais étaient encore en terre. Selon Daniel Bou-quillon, président de l'Union des endiviers, les racines seront petites, mais la productivité au bac devrait être satisfaisante. Le froid du printemps a néanmoins perturbé la physiologie des racines, entraînant des montées à graines inhabituelles (100 à 150 ha sur les 6 000 à 7 000 ha emblavés) et de mauvais rendements chez Carmine et Barbucine.