L’Outre-Mer oubliée ?
“Une génération d’hommes politiques qui a connu les fastes de la France d’Outre-Mer est en train de passer la main. La nouvelle génération sera-t-elle aussi sensible à nos spécificités”. Cette réflexion d’un chef d’entreprise de la Réunion est révélatrice de l’état d’esprit des acteurs économiques des départements d’Outre-Mer. Réunis la semaine dernière à Paris dans le cadre d’Eurodom, ils n’ont pas caché leurs inquiètudes. Et il est frappant de voir à quel point leurs préoccupations rejoignent celles de la filière banane. Que ce soit en agriculture et agro-alimentaire (la filière canne se prépare à faire face au prochain cyclone nommé “réforme de l’OCM sucre”) ou dans les autres secteurs d’activités, tous s’interrogent sur l’avenir du statut des régions ultra-périphériques (les RUP). Les RUP ont été créées par Bruxelles pour prendre en compte les spécifités des territoires éloignés de la métropole européenne (Dom-Tom français, Canaries, Madère). Mais dans le contexte de l’élargissement de l’UE et de la mondialisation (la quasi-totalité des mesures RUP peuvent tomber sous le coup d’un panel à l’OMC), le statut des RUP est menacé. Et les fonds qui vont avec. A tel point que les “RUP historiques” sont prêtes à ouvrir des discussions avec les Etats Membres (Grèce, Suède, Finlande, Chypre et Malte) qui souhaitent voir une partie, ou la totalité, de leur territoire accéder à ce statut. Même s’il faut accepter pour cela quelques sacrifices financiers. Car ils seraient ainsi plus nombreux pour se défendre à Bruxelles, et ailleurs.