DÉBUT DE CAMPAGNE
L'oignon rosé de Roscoff à la reconquête des Britanniques
Face à la baisse des ventes, les producteurs bretons d'oignons rosés ont mis en place, fin 2012, une opération promotionnelle ambitieuse : une croisière à bord d'un vieux gréement pour remettre l'oignon rosé à l'esprit des Britanniques.


Relancé en 1992 avec la grappe d'oignons nettoyés et tressés manuellement dans les exploitations, l'oignon rosé de Roscoff est aujourd'hui cultivé sur 113 ha sur la côte Nord du Finistère. Depuis 2009, le produit bénéficie d'une AOC basée sur la zone de production (vingt-quatre communes autour de Roscoff) et sur un travail manuel individuel de l'oignon (ébarbage). En 2012-2013, 850 t d'oignons rosés de Roscoff AOC ont ainsi été commercialisées, dont 600 t de tresses de 1 kg et 250 t d'oignons vrac nettoyés main. S'y sont ajoutées 2 035 t d'oignons rosés de Bretagne (non AOC) commercialisées en girsacs de 1 kg et en sacs de 5 kg. Les principaux débouchés sont la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et pour une petite partie l'Italie et l'Espagne. En 2012, pour dynamiser l'offre, un nouveau conditionnement “festif” a été lancé pour les fêtes de fin d'année. Et en 2013, Prince de Bretagne a encore innové avec un plateau d'oignons AOC stickés évitant la confusion avec l'oignon rosé de Bretagne, non AOC, et qui a reçu un très bon accueil de la part des grossistes.
Evénement à Londres« En France, les ventes d'oignons rosés se portent bien, indique Pierre Gélébart, chef produit Allium chez Prince de Bretagne. Et elles se développent également en Allemagne, les Allium, qui entrent dans la gamme de légumes d'hiver Prince de Bretagne, bénéficiant ainsi de coûts logistiques optimisés. Mais en Angleterre, les ventes depuis quelques années avaient tendance à baisser. » L'Angleterre était pourtant une destination traditionnelle de l'oignon rosé de Roscoff. C'est en effet en 1828 qu'un producteur du Nord-Finistère eut l'idée de traverser la Manche pour vendre en direct ses oignons rosés. Face au succès rencontré, d'autres suivirent et près de 1 400 “Johnnies” allèrent chaque année vendre leurs oignons en porte-à-porte, à pieds puis à vélo. Jusqu'à 9 000 t furent ainsi vendues outre-Manche. Puis le relais fut pris par les grossistes et la grande distribution avec, à une certaine période, des ventes sous marque de distributeur pour Sainsbury's et Tesco. « Mais depuis quelques années, le produit était moins présent dans les magasins et dans les esprits, note Pierre Gélébart. La segmentation est aujourd'hui très développée en oignon, avec des oignons blancs, rouges, rosés... De plus, l'effet crise se fait sentir en Angleterre, notamment sur les produits positionnés haut de gamme comme l'oignon rosé de Roscoff. »
Une promotion originaleDans les années 30, près de 1 400 “Johnnies” allèrent vendre l'oignon rosé de Roscoff en porte-à-porte, à pieds puis à vélo.
Pour redynamiser les ventes, les producteurs de la Sica Saint-Pol-de-Léon ont donc imaginé une opération promotionnelle ambitieuse. Début décembre 2012, ils ont chargé d'oignons l'Etoile du Roy, réplique d'une frégate corsaire du XVIIIe siècle et deuxième plus grand navire traditionnel français, pour une croisière jusqu'à Londres, avec escale à Portsmouth, puis une présence à Roscoff entre Noël et le 1er janvier. A Londres, pendant dix jours, ils ont accueilli le public, reçu des clients, partenaires et institutionnels, et mis en avant l'intérêt culinaire et gustatif de l'oignon rosé de Roscoff mais aussi son terroir, son histoire et celle de ses producteurs. « L'action a rapidement porté ses fruits, constate Pierre Gélébart. Dès Noël, nous avons vu le produit revenir sur les marchés de gros et dans les magasins. » Pour renforcer cette action, l'opération a été relayée en juin à Dublin et Plymouth à l'occasion de la route des Princes, course à la voile à laquelle a participé le maxi-trimaran Prince de Bretagne skippé par Lionel Lemonchois (cf. fld magazine de juin 2013).
Si l'oignon rosé de Roscoff est toujours vendu au gré à gré, par un bureau de vente, l'oignon rosé de Bretagne est commercialisé depuis un an en vente télématique.
Trois fois par semaine, les producteurs proposent à la vente des lots, c'est-à-dire un volume d'oignons et un prix minimum au-dessus duquel ils acceptent la vente et auquel les expéditeurs n'ont pas accès. Une fois la vente commencée, les expéditeurs enchérissent sur les lots qui les intéressent. A la fin de la vente, les lots sont attribués aux meilleurs enchérisseurs. « Le principal avantage est que le marché est plus transparent, estime Pierre Gélébart, chef produit Allium chez Prince de Bretagne. Il est aussi plus vivant, avec des variations de prix plus importantes selon les différentes qualités de produit. »