Semences
L’obtention demeure en phase avec le marché
Les semenciers orientent de plus en plus leurs recherches vers des variétés résistantes. Une nouvelle donne qui marque la présence de plus en plus forte de procédés naturels.
L’année dernière, le Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis) avait demandé au cabinet de marketing ADquation de se pencher sur la perception et les attentes des agriculteurs en matière de semences. Les axes d’amélioration que les producteurs souhaitaient dans le cadre des cultures maraîchères tournaient autour de deux constantes : la résistance aux maladies (pour 53 % des personnes interrogées) et la qualité gustative (pour 23 %). La productivité ne venait qu’en troisième position avec 15 % des réponses. « La filière est de plus en plus conduite à répondre à l’intérêt grandissant des consommateurs pour des produits alimentaires qui sont à la fois sains et cultivés selon des standards de plus en plus rigoureux,explique Christine Jong, responsable Europe de l’Ouest chez le semencier hollandais Bejo Zaden, le développement de l’agriculture biologique, la baisse constante de l’usage des pesticides, la présence de plus en plus forte de procédés naturels de production sont autant de signaux de la réponse apportée par les semenciers à cette nouvelle donne. » Ainsi, les grandes tendances de nouveautés favorisent la lutte contre les maladies et l’adaptation des variétés aux demandes du marché.
Proximité avec le consommateur
Le salon Fruit Logistica semble réussir au semencier hollandais, Enza Zaden. En effet, pour la deuxième fois, un de ses produits concourait au prix de l’innovation du salon Fruit Logistica (FLIA). Après “Urguke”, une variété ancienne de concombre, le légume – nommé cette année – était un poivron, Sweetgreen, qui présentait la particularité de posséder un fort taux de vitamine C, supérieure de 50 % à ceux rencontrés dans les autres poivrons. D’autre part, Sweetgreen offre aussi un degré Brix supérieur de moitié à la moyenne des autres poivrons. Au goût, il a la douceur d’un poivron mûr tout en gardant sa robe vert profond, et ne tournant pas au jaune ou au rouge.
On peut difficilement faire mieux dans l’adéquation avec la demande des consommateurs de poivrons. Cependant, l’obtenteur néerlandais ne s’est pas arrêté à cette nouveauté. Durant le rendez-vous berlinois, il en a profité pour présenter plusieurs autres variétés de tomates. Se fondant sur la réussite des variétés de tomates cocktail comme Sunstream (Red Star Romatic) et Campri (Tasty Tom), Enza Zaden proposait aux visiteurs deux nouvelles obtentions : Annamay et Atavico. La première était une tomate cocktail grappe offrant à la fois des critères de production aisés et une bonne approche en matière gustative. La seconde était une tomate du genre San Marzano qui, de par sa conformité, se prêtait bien au marché italien et pour l’exportation. De plus, le stand accueillait la variété Torricelli, une tomate grappe qui devrait être particulièrement présente sur le marché cette année, depuis son introduction dans la filière maraîchère néerlandaise.
Le semencier Rijk Zwaan se positionne, quant à lui, comme un spécialiste du produit service. Sa salade Salanova, récompensée en 2006 à Berlin et en 2008 au Miffel (sous le nom Diabline, commercialisée par Creno), en est l’archétype. Depuis, l’entreprise a lancé avec succès le melon cantaloup Carabbean (Gold RZ et Giorgio RZ) qui s’est imposé au Honduras, au Guatemala, au Costa Rica et au Brésil. Sa peau fine, ses petites cavités à pépins et la structure de sa chair adaptée à la découpe en ont fait un incontournable de la filière de transformation.
Des avancées pour lutter contre les maladies
Le semencier suisse Syngenta, qui a investi 10 % de son chiffre d’affaires en recherche et développement (800 millions de dollars, soit environ 600 millions d’euros et 4 000 chercheurs), présentait lors de la dernière édition du Sival à Angers de nouvelles variétés de semences capables de résister à la hernie du chou. Il s’agit d’une avancée de première importance, car cette maladie était jusque-là sans solution. Le jury du Concours d’innovation Sival ne s’y est pas trompé puisqu’il lui a décerné un Sival d’Or. Cette nouvelle semence a été élaborée après dix-huit ans de sélection sans recours à la transgénèse.
Les semences Syngenta disponibles aujourd’hui couvrent déjà une bonne partie des besoins des producteurs. Son catalogue comprend en effet quatre variétés de choux blancs, deux variétés de choux-fleurs et une variété de choux de Bruxelles. De plus l’entreprise a annoncé que des solutions pour le brocoli suivraient prochainement.
Premier semencier à proposer des hybrides de poireaux en 1995, le hollandais Nunhems a lancé une “nouvelle génération” de semences, dont deux sont déjà commercialisées : les poireaux Megaton (printemps, été) et Belton (hiver). D’autres devraient venir enrichir son portefeuille dans le courant de l’année. Un effort particulier a été porté par Nunhems sur la lutte contre le Pseudomonas syringae, une bactérie funeste pour le poireau : « Il n’y pas grand chose à faire contre celle-ci du point de vue de la culture,reconnaît Kathleen Dejaeghere, responsable produit chez Nunhems. Le mieux que puisse proposer un semencier est d’apporter une solution durable aux maraîchers. Les variétés de notre nouvelle génération offrent un niveau plus important de résistance à cette bactérie. »
Les mêmes avancées se rencontrent chez d’autres entreprises semencières. Ainsi, Bejo Zaden et son programme de recherche “Travailler avec la nature”, était le point focal de sa présence à Fruit Logistica. « Bejo travaille sur pas moins de soixante projets liés au développement de variétés résistantes aux maladies, souligne Christine Jong. Autant de démarches qui aident le producteur à réduire l’utilisation de pesticides. L’un de nos plus récents résultats, c’est une gamme de variétés d’oignons résistante au mildiou. » Pour parvenir à cela, le semencier hollandais a allié des techniques de multiplication naturelles avec les toutes dernières technologies. « Mais, notre programme “Travailler avec la nature” demande de la patience,reconnaît Christine Jong. Il n’est pas rare qu’il faille plus de quinze ans pour obtenir une variété résistante. » Patience et détermination.