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L’Iran mise sur les fruits et légumes

Déjà gros producteur de fruits et légumes, l’Iran veut encore moderniser et développer ses productions. Le pays veut notamment quadrupler ses surfaces sous serre et développer l’irrigation de précision.

Deuxième économie de la région Moyen-Orient/Afrique du nord avec 80 millions d’habitants, stratégiquement situé au carrefour du Moyen-Orient et de l’Asie, l’Iran présente une économie diversifiée, une population jeune et éduquée, et affiche la croissance la plus rapide de la région. Le gouvernement a élaboré un plan stratégique visant à faire du pays la principale puissance économique de la région d’ici 2025. La modernisation du secteur agricole et la transformation sont des axes de son plan stratégique. L’agriculture contribue au PIB à hauteur de 13 % et occupe 25 % de la population. 10 % du territoire est cultivé, soit 20 à 24 millions d’hectares, dont 9 à 10 millions sont irrigués. La majorité des exploitations cultivent moins de 10 ha, mais des structures de 500 à 1 000 ha très modernes cohabitent avec de petites fermes de 2 à 5 ha très peu mécanisées, surtout orientées vers l’économie d’eau et les cultures sous serre. Le secteur est marqué par la forte implication d’entités publiques et semi-publiques propriétaires de terres agricoles et d’outils industriels, telles les puissantes Bonyads, fondations économico-religieuses (Fondation des Déshérités, Fondation des Martyrs, Fondation Astan-e-Qods Razavi, plus grand propriétaire terrien du pays…) et l’armée, qui détient plus de 400 000 ha. Ces entités, qui disposent de moyens considérables, peuvent s’engager dans de grands projets et sont déjà partenaires de sociétés étrangères.

Productions variées

Du fait de sa superficie égale à trois fois celle de la France et de sa grande diversité géographique et climatique, l’Iran produit des cultures très diverses. Il est notamment le premier producteur mondial de safran, pistaches, fruits rouges, le deuxième producteur mondial de dattes et abricots, le troisième producteur mondial de pastèques, cerises, pommes et concombres. En légumes, l’Iran produit de tout, parfois toute l’année (tomate, concombre, pastèque, aubergine). L’essentiel de la production se fait en plein champ. Le pays compte notamment 160 000 ha de tomate, autant de choux et de pomme de terre, 133 000 ha de pastèque, 90 000 ha de concombre et cornichon, 77 000 ha de melon, 55 000 ha d’oignon, 45 000 ha de courges, 28 500 ha d’aubergine… Ces cultures sont en phase d’intensification avec désormais 60-70 % d'hybrides en tomate, l’introduction d’hybrides en pastèque et la présence de nombreux semenciers américains et européens. Les productions sous serre y sont aussi développées, sur environ 10 000 ha, principalement en concombre et tomate, avec des serres plastique conçues au départ par des fabricants iraniens à partir de modèles vus à l’étranger.

Développement de la fraise sous serre

La production fruitière y est très diversifiée et à fort potentiel, notamment en pomme, poire, abricot, prune, cerise, fraise et noix. On y trouve ainsi 134 000 ha de pomme, avec des variétés locales dites « rouges » et « jaunes » et des variétés classiques (Gala, Golden, Granny…), 24 500 ha de pêche et nectarine, 15 000 ha d’abricot, 25 500 ha de baies, 40 000 ha de cerise et 10 000 ha de poire destinées surtout à la transformation, 70 000 ha de noyers, 150 000 ha de datte, 213 000 ha de raisin sans oublier les agrumes, mangues, kiwis… La fraise, ramenée de France il y a cent ans, se cultive partout, traditionnellement en plein champ sur une surface estimée à 3-4000 ha, avec aussi un développement récent de la production sous serre. La noix, avec des cultivars proches de la noix du Périgord et une recherche publique d’amélioration variétale, a également un bon potentiel de développement.

Sources : Les clés du marché iranien. Etude Business France novembre 2015 -Anne Bernard
Conférence de Ludovic Girod, Experto Consulting, lors de l’Open de l’International organisé par Bretagne Commerce International pour aider les entreprises bretonnes à s’internationaliser.
FAO Stat

Développer les exportations

Dans les années 90-2000, l'engagement du gouvernement dans l’agriculture a permis de se rapprocher de l’autosuffisance alimentaire. Et l’Iran veut aujourd’hui augmenter ses exportations de produits agricoles. Le pays a développé depuis longtemps des filières exportatrices comme la pistache, la grenade, emblématique de l’Iran, le safran, et est également un gros exportateur de concentré de tomate et de concentrés et jus de fruits. Mais il veut aujourd’hui exporter d’autres fruits et légumes. Les fruits (fruits à coque 63 %, raisin 10 %, melon et pastèque 5 %) représentent 42 % des exportations alimentaires, les légumes 9,5 % (concombre, cornichon, tomate, oignon/échalote, choux, pomme de terre). Les principaux débouchés actuellement sont l’Irak, les Emirats Arabes Unis, Hong Kong, l’Afghanistan et la Turquie. Mais l’accent est mis aujourd’hui sur l’Irak et sur la Russie, marché porteur de grande ampleur. La levée de l’embargo sur l’Iran ouvre aussi de nouvelles perspectives d’échanges avec les pays européens. D’importants progrès ont déjà été réalisés par l’industrie de l’emballage et du marketing pour augmenter les exportations. Et l’Iran veut aujourd’hui améliorer ses équipements de tri, calibrage, conditionnement, technologie IQF pour les légumes surgelés, fabrication de préparation de fruits, purées, jus haut de gamme…

 

Une demande en technologies spécifiques

Un thème prioritaire dans le pays est l’économie d’eau. Si certaines régions du nord et de l’ouest bénéficient de pluies, la plupart des zones cultivables reçoivent au plus 250 mm d’eau par an et souffrent d’un déficit chronique en eau et/ou d’un système d’irrigation peu efficace. Les techniques d’irrigation par canaux, sillons, submersion sont encore largement dominantes. La mise en place d’une irrigation efficace figure donc parmi les priorités de l’Etat. Après la construction de stations de pompage, les efforts portent aujourd’hui sur l’irrigation de précision. Le pays fabrique déjà des rampes d’irrigation, sprinklers, gouttes à gouttes, de qualité intermédiaire. Mais il souhaite améliorer ses techniques pour économiser l’eau et a une forte demande de technologies d’irrigation de précision. Des subventions importantes sont accordées pour le goutte-à-goutte, pouvant atteindre 2/3 de l’investissement en production fruitière. L’Iran veut aussi développer ses productions sous serre et a un plan pour en quadrupler la surface d’ici dix ans, passant ainsi à 40 000 ha, avec une intensification des cultures (chauffage) dans les zones actuellement développées et la création de serres froides au sud. Les Bonyads sont partie prenante de ce développement qui entraîne une demande en technologies spécifiques serre et est assorti d’incitations financières importantes. La modernisation souhaitée du secteur entraîne aussi une forte demande en semences potagères, engrais, micro-éléments et biostimulants, mécanisation des cultures de plein champ (arracheuses de tubercules), conception de vergers haute densité, protection contre la grêle…

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