Corse
L'introduction de certains végétaux interdite en Corse pour contrer Xylella fastidiosa
Sur l'île de Beauté, la filière agrumes est satisfaite des interdictions imposées par l'Etat, même si le dispositif est considéré comme perfectible.
Au 30 avril, la Corse a décidé d'interdire l'introduction de végétaux susceptibles de véhiculer Xylella fastidiosa sur son territoire. Les décisions du préfet de Région, Christophe Mirmand, ont pris effet le 11 mai. La demande émanait de nombreuses associations politiques, environnementales et professionnelles agricoles de l'île. Au terme de la réunion du Comité régional d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CROPSAV), le préfet a pris plusieurs décisions. L'introduction de certains végétaux (200 espèces botaniques) est interdite en Corse. Des dérogations pourront être accordées aux professionnels après examen des dossiers instruits par les Directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations. L'introduction (avec demande d'autorisation préalable de 72 h) de ces végétaux, accompagnés de leur PPE, sera limitée aux ports d'Ajaccio et de Bastia. « C'est une nouvelle menace, souligne Mathieu Donati, directeur d'Agrucorse. En ce qui concerne les agrumes, les plants utilisés ici sont certifiés par l'Inra et les porte-greffes sont produits sur l'île pour répondre aux besoins de rénovation d'un verger vieillissant. En revanche, nous ne sommes pas à l'abri d'une contamination externe, notamment par le biais des ventes sauvages de plants d'ornement qui proviennent d'Italie ou d'Espagne. »
Malgré l'interdiction, des dérogations pourront être accordées aux professionnels après examen des dossiers.
Partant du principe que la production insulaire est indemne de Xylella, « les agrumes corses n'ont pas à en fournir la preuve au stade de l'expédition et c'est un avantage commercial. » D'autant, ajoute Daniel Sainte-Beuve, responsable des filières végétales à l'office de développement agricole et rural de Corse (Odarc), qu'« il est peu vraisemblable que ces fruits véhiculent le virus. Il s'installe dans le système vasculaire de végétaux et résiste mal à l'air libre. » Jean-Paul Mancel, président de l'Aprodec (Association de promotion et de défense de la clémentine de Corse), considère que « cette mesure est une grande avancée pour la filière agrumicole corse. Elle nous protège de Xylella, mais aussi d'autres maladies spécifiques aux agrumes. Si le décret est bien appliqué et si l'Etat se donne les moyens d'y parvenir, nous pourrons échapper à une catastrophe économique. »