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Carpentras
Lili, une figure des Halles carpentrassiennes

Elle est une commerçante comme on en rencontre de moins en moins et continue de vendre produits de qualité et de prodiguer conseils.

La rue des Halles (aussi surnommée Rue de Rivoli à cause de ses arcades) est au cœur du marché forain hebdomadaire de Carpentras. Et dans le Saint des saints, il est difficile de ne pas remarquer une enseigne peinte à la main : “Fruits, primeurs, bière et limonade, vins et liqueurs”. « Nous n’avons pas voulu toucher à nos racines », explique Lili (c’est sous ce nom que tout le monde la connaît) qui est l’âme du magasin. Il est vrai qu’un panneau moderne n’aurait pas été du meilleur goût sous des voûtes du XIIIe siècle. Le magasin a été créé il y a une cinquantaine d’années et est demeuré une entreprise familiale. L’atout majeur de cette “échoppe” est son emplacement sous le passage voûté dont elle occupe une bonne partie. Le vendredi, les produits s’étalent un peu plus, mais c’est de bonne guerre. « La surface ? Je ne sais pas. Le nombre de références ? Je n’ai pas le temps de compter. » Eté comme hiver, la marchandise est exposée à l’extérieur. Néanmoins, la réhabilitation de ce quartier classé devrait permettre à Lili de réorganiser l’intérieur pour réduire le volume de produits disposés à l’extérieur.

Lili ouvre à 7 heures et ferme à 19 heures. « Il est de plus en plus difficile de trouver du personnel qui maîtrise la mise en place. C’est une tâche que nous partageons mon neveu et moi. Nous faisons la journée non-stop, mais je lève un peu le pied. Je ne viens plus que trois jours par semaine et nous baissons le rideau dimanche et lundi. »

Pourtant, au début, l’activité n’était pas débordante. « Je m’installais sur le bord du trottoir pour confectionner des corbeilles de fruits et légumes. Je peux me vanter d’avoir inventé les compositions, il y a cinquante ans et je n’ai jamais arrêté. » Le magasin a cessé la commercialisation de vins, bières, limonades et spiritueux pour ne se consacrer qu’aux fruits et légumes avec une spécialité, le champignon. Justement une cliente contemple les cèpes : « Ce sont les premiers ou les derniers ? » Réponse de Lili, « ça, Madame c’est la nature qui décidera. »

Travailler le plus possible avec les producteurs locaux

D’un naturel plutôt optimiste, Lili se dit pourtant « un peu déprimée de voir disparaître les petits paysans. Nous avons toujours travaillé en direct sur les produits de saison comme les légumes d’été. Mais aujourd’hui cela devient plus difficile car l’assortiment des agriculteurs se réduit, ou ils ont fait le choix d’autres débouchés commerciaux. Qui aujourd’hui me propose de la tétragone ? Personne. De ce fait, pour certaines spécialités, nous sommes obligés d’aller deux fois par semaine au marché de St-Etienne-du-Gré, où la gamme est très large. Pourtant, je suis sûre qu’il y a encore tellement à faire dans notre région. » Et tout en discutant, Lili n’arrête pas. Elle a l’œil sur tout, les salades que le soleil vient frôler, une ardoise de guingois, des pêches qui ne sont plus à la bonne place, la cadence est infernale. « C’est pourtant un jour calme. »

C’est un véritable plaisir de la regarder travailler. « Elle est toujours de bonne humeur », commente une cliente. « Les gens ne viennent pas pour que je leur raconte mes soucis. Mais même pour une tomate, il faut savoir parler de la vie. Je mise sur la qualité et la bonne humeur. » Communiquer, pour Lili, c’est faire œuvre utile : « Mon rôle, c’est de faire comprendre aux clients qu’il faut respecter les saisons, ce qu’ils ne savent plus. C’est à moi à les aider à choisir. Au bout d’un certain temps, je connais leurs goûts, leurs vies par cœur, et eux reviennent régulièrement. » C’est pour cela qu’on lui fait confiance « pour un melon pour demain et un pour la semaine. » Ou encore : « Quelles sont les meilleures, les nectarines ou les pêches ? » Réponse : « On va mélanger. » Un appel résonne de la parfumerie voisine : « Lili, prépare-moi cinq aubergines. » C’est presque de la VPC et elle se charge même parfois de transporter les colis volumineux dans les véhicules de ses clients. Entre-deux, Lili arrive à glisser : « Les campagnes de promotion sur les fruits et légumes nous ont beaucoup aidés. »

Dans Carpentras intra-muros, ils ne sont plus que deux ou trois spécialistes à avoir résisté. « C’est dommage, car le soleil brille pour tout le monde et plus on est de fous, plus on rit », déplore la marchande de fruits et légumes. Ce qui la gêne un peu, ce sont les marchés agricoles des environs, dont certains n’ont que le nom. « J’entends dire beaucoup de choses et beaucoup de critiques. Mais je vais aller voir moi-même. » Quant à l’avenir, Lili est sereine : « Il y a vingt-deux ans, lors du décès de ma sœur, je n’aurais jamais imaginé être encore là. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. Pour notre part, nous allons continuer à travailler la qualité. Plus globalement, ne resteront que les gens qui aiment le métier et pas seulement le tiroir-caisse. »

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