Nord
L'hypermarché donne une seconde vie aux produits déclassés
Dans trois Leclerc de la métropole lilloise, la lutte contre le gaspillage alimentaire a permis de diviser par deux les volumes jetés.
Les temps changent. Habituées à une très grande discrétion sur la notion même de gaspillage alimentaire, certaines enseignes de la GMS commencent à lever un coin du voile sur “la casse” de leurs magasins. Dans la métropole lilloise, les magasins Leclerc de Wattrelos, Templeuve et Lille-Fives ont cherché à quantifier leur importance, épaulés par Greentag, agence dédiée au marketing environnemental du groupe de distribution. Pionniers de l'étiquetage environnemental, ces trois magasins mènent depuis 2010 une expérience sur le gaspillage alimentaire. Chiffres à l'appui, Annabelle Marie-Jeanne, responsable développement durable chez Leclerc, a présenté les résultats et les premières actions entreprises à l'occasion du premier Forum de la consommation responsable qui s'est tenu à Grande-Synthe (Nord) le 18 juin dernier (1) . Pour l'hypermarché Leclerc de Templeuve d'une superficie de 5 250 m2 , le gaspillage alimentaire représentait en 2012 un total brut de 266 t, y compris les emballages (199 t net). Le tonnage net représente ainsi 0,93 % du chiffre d'affaires annuel du magasin, soit 466 341 e… et l'équivalent de 232 748 repas (6 500 kg équivalent CO 2 ). Sans surprise, ce sont les rayons boulangerie-viennoiserie (27 %), f&l (21 %) et boucherie-volailles (20 %) les plus contributeurs. A la suite de ce diagnostic, le magasin de Templeuve a décidé la mise en place de plusieurs solutions notamment dans les f&l : développement de partenariats avec les associations caritatives (avec une volonté d'atteindre les 60 % de dons en 2013), le reste des produits étant transformé en smoothies et jus. Dans la galerie marchande, Leclerc en vend quatrevingts unités/semaine, le reste étant distribué aux collaborateurs. Il propose aussi depuis novembre 2012 des kits légumes prêts à cuisiner. Selon Annabelle Marie-Jeanne, « leur lancement est un succès, ces produits ayant réussi à fidéliser une partie de la clientèle. » C'est ainsi qu'une cinquantaine de kits est vendue chaque semaine (une douzaine de recettes de soupes et purées). Des puddings, élaborés à partir de pains et brioches et/ou de bananes, ont permis de valoriser 6 t de f&l en moins d'un an. Enfin, le magasin propose des bruschettas sur la base d'une charte des matières premières établie en interne. Le solde des invendus prend le chemin des centres de valorisation des déchets. « Cette opération nous permet de communiquer vis-à-vis de notre clientèle et d'éveiller les consciences en interne, a-t-elle expliqué à l'occasion du forum. Ces deux nouvelles voies ont également permis de diviser par deux le gaspillage au cours du premier trimestre 2013. »
(1) Le premier forum de la consommation responsable et de la lutte contre le gaspillage alimentaire, parrainé par Ghislaine Arabian, chef étoilé du restaurant parisien des “Petites Sorcières” s'inscrit dans le projet européen GreenCook visant à faire émerger en Europe un modèle de consommation alimentaire durable.