Diversification
L'expérience des melonniers du Centre-Ouest
En Val de Loire, les trois producteurs Soldive, Rouge Gorge et Val de Sérigny ont diversifié leur production hors de leur région de prédilection.



Les melonniers du Centre-Ouest ont une bonne expérience de la production de melons en Espagne mais aussi au Maroc. Pour Robert Franchineau qui dirige Val de Sérigny (Vienne), c'est un atout commercial. « Nous produisons en Espagne et au Maroc pour accompagner nos clients dans leurs besoins, élargir les périodes de consommation, affirme-t-il. Cela contribue aussi à l'équilibre économique de l'entreprise. » Val de Sérigny, qui a commencé à louer des terres ou à passer des contrats avec des partenaires depuis 2003 au Maroc, commercialise ainsi 2 500 t de melons Charentais verts à partir du Maroc sous la marque Melons et Merveilles. A Perpignan (Pyrénées-Orientales), les melons sont réceptionnés, soumis à l'agréage sur la plate-forme et expédiés directement chez leurs clients. Le dirigeant du Val de Sérigny estime que le transport du Maroc à la France s'est professionnalisé. La durée du trajet est désormais connue et plus régulière.
En Andalousie, le choix des variétés est orienté uniquement sur des melons Charentais jaunes. Val de Sérigny, adhérent du Syndicat des melonniers du Haut-Poitou, produit au total 13 000 t de melons avec ceux qu'il cultive dans la région du Haut-Poitou.
Soldive optimise le concept de l'étalement de la production en fournissant des melons Charentais jaunes dix mois sur douze. Le producteur des Deux-Sèvres (cf. fld magazine de juin 2013) s'est d'abord développé dans sa région du Poitou à partir de 1963, a investi le secteur de Royan en Charente-Maritime en 1981, puis la Guadeloupe en 1986, l'Espagne en 1987, le Maroc en 1992, Lunel (Hérault) en 1994, le Sénégal en 2006. Au Sénégal, environ 1 500 t de melons sont expédiés chaque année par bateau ou par avion dans un convoi réfrigéré entre 3 et 5 °C. Le trajet Dakar/Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) par voie maritime dure une semaine environ contre quelques heures par voie aérienne pour un Paris ou un Bruxelles. Depuis le Maroc, les transporteurs marocains ou espagnols mettent deux à quatre jours selon le nombre de chauffeurs pour parvenir en France. En fonction du pays, Soldive gère différemment sa production. Au Sénégal, le melonnier a mis en place un GIE chargé de la gestion du personnel saisonnier et des rotations des parcelles situées dans plusieurs villages. « Depuis notre arrivée, on a financé la construction d'une école, acquis une ambulance et participé pour moitié à l'opération du cœur d'une jeune fille », assure Maxime Fuzeau, dirigeant de l'entreprise. Soldive participe ainsi significativement au développement du secteur.
Diversifications en fruits et légumes
En Espagne et au Maroc, Soldive s'est diversifié dans la production d'une large gamme de salades, jeunes pousses et herbes aromatiques. Leur chiffre d'affaires est même devenu équivalent à celui des melons. Dans la région hispanique d'Alicante, 550 ha sont destinés à la salade Ière et IVe gammes, à destination de l'Europe (9 000 t) entre novembre et fin avril. En terre marocaine, 70 ha fournissent 1 400 t de salades, dont la moitié est exportée. Un verger de pommes, poires et prunes de 80 ha a aussi été planté il y a plusieurs années. Il alimente le marché national avec les 30 ha de maraîchage, dont 7 ha en agriculture bio. De plus, Soldive vient d'ouvrir la boutique Le Marché des Saveurs à Marrakech où l'entreprise propose ses produits ainsi que ceux des producteurs locaux. Elle offre aussi des paniers de huit à dix fruits et légumes accompagnés de plantes aromatiques à commander sur Internet. Soldive table cette année sur 30 000-35 000 t de melons.
Rouge Gorge a préféré se recentrer sur l'Espagne il y a trois ans après six ou sept années de production au Nord-Ouest du Maroc (Kénitra). « Cette zone de production n'était guère plus précoce que l'Espagne, relève Christophe Couteleau, responsable commercial et marketing chez Rouge Gorge. Cette dernière faisant partie de l'espace Schengen, les contraintes administratives y sont plus souples et les délais de transport réduits au minimum. C'est très important pour le melon Charentais jaune que nous produisons, plus délicat à transporter que celui de longue conservation. Depuis Malaga, les melons arrivent 24 heures après leur départ sur notre lieu de conditionnement à Taizé (Deux-Sèvres). » Chaque année, environ 6 000 t de melons sont donc acheminées de l'Espagne vers la France.