Lettre morte
Chaque année, le salon de l’agriculture offre au chroniqueur un champ d’observation unique et irremplaçable. Exposants, visiteurs, personnalités publiques, du monde agricole ou du show biz, c’est un défilé permanent. Et l’édition 2005, avant même d’avoir commencé, s’annonce déjà comme un bon millésime. Premier à ne pas nous décevoir : le ministre de l’Agriculture qui nous a fait le coup du “j’installe mon bureau porte de Versailles pendant toute la durée du salon et j’y serai en permanence”. En permanence sauf le dimanche (Sima), le lundi (Bruxelles) le mercredi (conseil des ministres + assemblée nationale) et peut-être d’autres impératifs. Bon c’est pas trop grave, il est nouveau dans l’exercice. Moins novice, et donc moins pardonnable, le président de la FNSEA. La presse a reçu lundi matin une “lettre ouverte à l’occasion du salon international de l’agriculture 2005” (déjà le titre n’incite pas franchement à la lecture). Certes la pratique de la lettre ouverte est tombée aujourd’hui dans le domaine public et n’importe qui peut s’en servir. Mais dans le cas qui nous intéresse, on cherche encore le but de l’opération. On suppose qu’elle s’adresse aux consommateurs, et qu’il s’agit de les rassurer sur les bonnes pratiques agricoles. Bonne idée, mais pourquoi l’avoir écrit dans le style des notices d’utilisation des produits phytosanitaires ? Rassurer bien sûr, mais en donnant envie. Là c’est raté. Heureusement pour son auteur, ce document restera... lettre morte.