Etude du Grab sur les tomates
Les variétés anciennes investissent circuits court et long
Intéressantes par leurs qualités gustatives, leurs formes et leurs couleurs, les tomates anciennes sont surtout destinées au circuit court. Le Grab a étudié une centaine de ces variétés afin d'en sélectionner certaines, adaptées à tous circuits.





Premier légume consommé en Europe, la tomate est aussi celui qui déçoit le plus les consommateurs (enquêtes CTIFL). Très tôt le Grab (Groupe de recherche en agriculture biologique, basé à Avignon) a compris l'intérêt des variétés dites “anciennes”, attrayantes par leurs qualités gustatives, mais vendues surtout en circuits courts du fait de leur manque de fermeté. De 2005 à 2013, Catherine Mazollier a réalisé au Grab des essais variétaux en bio afin de caractériser ces types anciens pour la production dans le Sud-Est. Rendement, qualité gustative, principaux défauts des fruits, tolérance aux maladies, culture sous abri froid ou plein champ… Près de 130 variétés ont été passées au crible. Catherine Mazollier les a classées en trois catégories : « En premier, les valeurs sûres, assurant un bon rendement commercial, une bonne qualité gustative et des fruits assez solides, donc de bonnes perspectives aussi pour le circuit long. » On y trouve les types Cœur de bœuf rouge, Marmande et Albenga. La deuxième catégorie regroupe des variétés moins productives mais avec une diversité de forme et de couleur et une bonne qualité gustative. « Les Noires de Crimée, les Ananas et les fruits zébrés comme Green Zebra... doivent être produits en quantité raisonnable et vendus plus cher ! Certains opérateurs en circuit long se risquent sur ces variétés. »
Il y a une demande certaine des opérateurs pour les variétés anciennes
Enfin, les variétés à faible rendement, présentant de nombreux défauts commerciaux (blotchy ripening, nécrose apicale…) mais offrant des goûts, couleurs et formes intéressants, pour un marché de niche : Cœur de bœuf rose, Rose de Berne, Potiron écarlate, Golden Jubilée, Cornue des Andes… Catherine Mazollier dresse un bilan positif de ces essais. « Ce référencement que nous avons fait en bio intéresse aussi beaucoup les conventionnels de la région, plutôt orientés circuits longs. On peut espérer une augmentation des surfaces de la région en variétés anciennes, qui pour le moment ne doivent pas dépasser 50 % en bio et 10 % en conventionnel. Il y a une demande certaine. » Lors des essais, le Grab vendait son surplus de tomates à différentes structures, dont ProNatura et Biocoop Sud-Est. « En revanche, je pense que ce n'est pas gagné pour la RHD, car les fruits ronds et fermes continuent d'être privilégiés. » L'Inra étudie également les variétés anciennes. « Souvent réputées peu productives, elles peuvent sous certaines conditions produire autant si ce n'est plus que des hybrides, et ne sont pas forcément préférées au goût par rapport à ces derniers », a conclu Frédérique Bressoud, de l'unité expérimentale d'Alénya-Rou-sillon, suite à des essais en 2007-2008 sur une quarantaine de variétés anciennes et d'hybrides plus récents. Les critères qui influent sur la qualité ne relèvent pas seulement du type variétal ou des conditions de culture. « La commercialisation et la conservation jouent, explique Véronique Lefebvre, chercheur à l'Inra d'Avignon. Les circuits courts sont plébiscités car les fruits sont cueillis à maturité et l'absence (ou presque) d'intermédiaires limite manipulations et conservation au froid. » Par des jeux de croisements, l'Inra a créé la variété Garance, qui fait l'objet d'un accord exclusif entre l'Inra et Graines Voltz. De type rustique, elle présente huit résistances, une couleur rouge prononcée et une teneur en lycopène élevée. « Elle est récoltée à maturité et ne nécessite pas de stockage au froid, explique Véronique Lefebvre. Assez ferme, elle peut être envisagée pour les circuits long et court. Le programme de création variétale se poursuit. On teste des croisements de Garance et de variétés anciennes, par exemple avec la Rose de Berne. »