Les tribulations de la tomate turque à Rungis
L’épisode qui s’est déroulé la semaine dernière à Rungis autour de la tomate turque est révélateur de la vive tension qui agite les marchés dès qu’ils s’agit d’importations. Et d’un certain dysfonctionnement des systèmes d’importation.
Le marché de Rungis a été le cadre d’une certaine agitation liée à l’arrivée en masse de camions de tomates turques la semaine passée. Mercredi matin une forte concentration de moyens porteurs immatriculés en Turquie est notée. Rien d’étonnant en soi – on est en campagne de figues – mais le nombre attire l’attention. Un recensement mené par les autorités du marché dénombrent 36 poids lourds : le chargement de 28 d’entre eux est de la tomate, dûment dédouanée et contrôlée par les services des fraudes, le reste étant vide et en attente de fret. Cela fait malgré tout beaucoup, d’autant que seuls deux chargements sont pour les opérateurs de Rungis. Les esprits s’échauffent. Sur la foi d’informations autorisées, la Semmaris décide de déplacer ces moyens porteurs hors de la zone de dédouanement, afin d’assurer la protection des biens.
Le jeudi matin, la pression montait d’un cran alors qu’une dizaine de ces camions restait encore sur place. Pour certains, il y avait là provocation. D’autant que le flux traditionnel de Turquie avait continué. La Semmaris prenait alors la décision, en accord avec les forces de l’ordre, de procéder, dans le cadre de la légalité, au dégagement de toutes les immatriculations turques (une trentaine) hors de l’enceinte du marché. Dans l’après-midi, deux convois, escortés par les forces de police, quittaient Rungis pour une zone plus au Sud. Le lendemain matin, les camions avaient repris leur destination et la concentration n’existait plus.
Cette histoire souligne l’importance de Rungis comme point d’entrée pour certaines denrées des pays tiers : le dédouanement sur place de marchandise n’ayant pas obligatoirement pour destination le marché français est couramment pratiqué et l’importateur, responsable de toutes ces tomates, semble avoir agi en conséquence. Elle met aussi en lumière le mécanisme dit de la valeur forfaitaire à l’importation (VFI). Une VFI qui semble pouvoir générer une certaine spéculation. C’est en tout cas ce que l’on admet dans les sphères ministérielles où l’on a suivi l’affaire de près et où l’on souhaite corriger ce mécanisme. Un mécanisme condamné par la FNPL qui souligne “le côté aléatoire des procédés de contrôle mise en place dans l’Union européenne”, facteur de troubles économiques pour les producteurs.