Produits d’import
Les salons russes et polonais, places fortes des relations commerciales
Face au risque d’excédents, les campagnes d’hiver d’agrumes ou de tomates passent par le gain de parts de marché en Russie, Europe de l’Est, Afrique du Nord et Moyen-Orient.
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Le mois dernier, les commerciaux du secteur ont été nombreux à se rendre en Russie et dans les pays d’Europe de l’Est. C’est le salon World Food de Moscou qui a bénéficié de la plus forte affluence, avec notamment beaucoup de fournisseurs du Maroc et d’Egypte. Mais les lieux de rencontre entre opérateurs se diversifient. Ainsi, en Pologne, le salon d’enseigne Fresh Market – qui s’est tenu la semaine passée à Varsovie – est un lieu de rencontre direct entre les distributeurs et les fournisseurs. Plusieurs enseignes actives sur le marché polonais comme Metro ou Auchan effectuent les achats en direct. Une équipe d’acheteurs de produits frais de la première enseigne russe, Magnit, était aussi présente sur ce salon. Magnit est devenu un des premiers importateurs de Russie, notamment en fruits de Chine. Les achats directs au Maroc sont facilités par la conteneurisation et la ligne directe Agadir–St Pétersbourg, entièrement dédiée au transport de conteneurs, est pérennisée.
L’an passé, le marché russe a absorbé 60 % des exportations d’agrumes du Maroc et il est encore prévu d’augmenter cette part cette année. L’Europe n’a consommé que 10 % des 515 000 t d’agrumes du Maroc. Pourtant, les prix sur le marché russe ont été si bas que les importateurs n’ont pas pu dégager de marge et le prix final a souvent juste couvert les 80 % d’avances et prépaiements. Le marché de l’orange tardive a été très mauvais, des lots ont été détruits et des défauts de paiement sont à déplorer surtout par les exportateurs d’Egypte. Cette année, la récolte d’agrumes se présente bien dans ces deux pays, surtout au Maroc où l’on parle d’une progression de 20 %. C’est aussi lié à l’entrée en production des nouveaux vergers de Nour, Afourer et Clemenules, surtout dans la région de Taroudant. Le comportement de la Nour y est très prometteur alors que cette variété doit souvent être arrachée en Espagne. Le marché espagnol pourrait même offrir quelques débouchés à la Nour du Maroc !
En tomate, la Pologne est une destination plus fidèle à l’origine Maroc que la Russie. Toutefois, si le beau temps actuel persiste, le marché intérieur polonais sera encore bien auto approvisionné jusqu’à début novembre. Les importateurs polonais sont aussi très actifs sur les marchés de proximité comme la Tchéquie, la Slovénie et certains pays baltes.
En Russie, à partir de janvier, la tomate du Maroc est moins compétitive que sa concurrente de Turquie. Lors de la dernière campagne, 14 000 t ont été exportées en direct sur St Pétersbourg sur un volume total d’environ 50 000 t qui transite par camion ou via des réexportateurs européens. Les réalisations de la Turquie dépassent 250 000 t. Cette fenêtre sur le marché russe risque d’être insuffisante car on prévoit une progression de 10 % de l’offre de tomates du Maroc, avec un début de saison compliqué.
Pour ce qui est des pommes, bien qu’étant devenu le premier importateur mondial, le marché russe arrive à saturation. Les exportateurs d’Europe de l’Ouest misent plutôt sur le gain de nouveaux marchés en Afrique noire, en Egypte et au Moyen-Orient.