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Les ressorts d’une crise

La signature d’un accord interprofessionnel, le 25 août, autorisant la promotion du prix des fruits et légumes dans les médias vient quelque peu apaiser une des plus sérieuses crises de la filière. Retour sur les faits marquants de ces dernières semaines.

Désaffection du public, qualité hétérogène , mauvaises conditions climatiques, prix élevés des productions françaises, mauvaises relations avec la distribution… Les fruits et légumes ont subi cet été la combinaison de facteurs idéale au déclenchement d’une crise de grande ampleur. Une étude Secodip a montré pour la période, des ventes en recul de 11 % pour les tomates, 6 % sur les melons, 7 % sur les pêches et nectarines… Le choc a été massif pour l’ensemble de la production hexagonale qui subit également de plein fouet l’arrivée dans l’UE de pays producteurs à bas prix comme la Pologne. L’harmonisation des coûts de mains d’œuvre n’étant pas pour demain, impossible de rivaliser avec les cueilleurs de fraises polonais à 1 euro de l’heure, alors qu’en France les mêmes sont rémunérés 8 euros… Malgré les quotas d’exportation, les productions marocaines et chinoises viennent également jouer les troubles fête…

Sarkozy recommande un système de prix minimum

Face à ces problèmes qui ne sont, hélas pas nouveaux, mais se représentent chaque année de façon de plus en plus aiguë, gouvernement, syndicats et organisations professionnelles y sont allés de leur solution. Nicolas Sarkozy le premier a même été jusqu’à flirter avec le respect des règles européennes de non-concurrence en " demandant " à la distribution de maintenir pour les productions les plus sinistrées (tomates, melons, pêches nectarines) un seuil de prix minimum correspondant au coût de revient moyen. Une proposition acceptée par les distributeurs, mais qui n’a pas, et de loin, apporté l’apaisement attendu. Les producteurs de légumes, par la voix de leur présidente Angélique Delahaye, sont resté plutôt partisans d’un encadrement des marges des grandes surface et ont déclaré craindre que ce prix minimum ne devienne en fait un prix maximum, laissant une opportunité supplémentaire aux produits à bas prix en provenance d’Europe de l’Est. Le système du coefficient multiplicateur a également été préconisé par la FNSEA, la survie des producteurs passant davantage, d’après le syndicat, par un système de parallélisme entre prix payé au producteur et prix payé par le consommateur. Même la FCD n’a pas été totalement convaincue par ce système de prix minimum. Son application, par la section nationale tomate, la seule ayant réussi à se mettre d’accord, s’est soldée au bout de trois jour par un échec " Sans une gestion des invendus, ce système est suicidaire " a déclaré Pierre Diot, président de la Section nationale tomate, le prix de 0,85 euros recommandé par le ministère était intenable, (.) on va le recaler à 0,50-0,60 pour être plus près de la réalité du marché.”

" Malgré une suspension provisoire des cotations de tomates et de laitues par le SNM, les producteurs ont continué leurs opérations de ventes en directe de produits à prix symboliquement bas, de destruction de leur production, de vandalisme dans les centrales d’achat et dans les magasins de la grande distribution.

L’Interfel a même reconnu que la filière, avec ces crises à répétition, souffrait depuis longtemps de " problèmes structurels ", aggravés par la récente montée en puissance de l’Allemagne qui utilise une main d’œuvre à bas prix ainsi que par les 10 NEM… Ces évolutions conduisant à une surproduction qui favorise largement le déclin voire la disparition de nombreux producteurs, en commençant par les plus petits et les moins compétitifs. Il faut savoir que le nombre des exploitations légumières françaises diminue deux fois plus vite que les exploitations agricoles en général : 3500 ont mis la clé sous la porte en 2003 et le nombre des exploitations fruitières a été divisé par 2 depuis 1988… Tout laisse à penser que les choses sont loin d’être réglées.

Un accord interprofessionnel pour stimuler la consommation 

Si au moins la consommation pouvait reprendre… On pourrait toujours utiliser le tremplin de l’enthousiasme consumériste pour valoriser l’origine France, les terroirs et les nombreux efforts de qualité menés dans toutes les régions de production… Et c’est probablement cette lumineuse réflexion qui a conduit tous les protagonistes de cette affaire à signer, dans l’après-midi du 25, un accord interprofessionnel rétablissant la communication sur le prix des fruits et légumes dans les media, interdite par la loi NRE du 15 mai 2001. Cet accord serait valable jusqu’au changement de la loi prévu de le 1er décembre prochain. Il comporte certaines restrictions : campagnes publicitaires de 5 jours maximum, uniquement en presse régionale et en radio. Hervé Gaymard et Christian Jacob ont tenu de concert à annoncer cette signature par un communiqué, rédigé et diffusé avant que tous les partenaires ne signent effectivement l’accord… Une précipitation qui ressemble bien à une tentative politicienne à peine discrète de retirer tous les bénéfices médiatiques de cet accord.

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