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Développement durable
« Les producteurs ont besoin de visibilité pour investir »

Roger Capitaine, directeur de Savéol, fait le point sur le développement de la cogénération chez les adhérents de la coopérative.

Fld Hebdo : Que représente la cogénération chez Savéol ?
Roger Capitaine :
La cogénération est une source d’énergie particulièrement adaptée à la Bretagne qui ne produit que 8 % de sa consommation d’électricité. Elle entre tout à fait dans le cadre du Pacte Electrique Breton qui vise à sécuriser l’avenir électrique de la Bretagne en développant des solutions alternatives au nucléaire. Savéol, qui dispose d’un parc de serres important, peut jouer un rôle non négligeable dans la production d’électricité. Et pour les producteurs, en plus de la récupération du CO2, la cogénération permet de ramener le coût de l’énergie à 5 €/m² au lieu de 10-13 €/m² avec le gaz naturel. Aujourd’hui, dix serristes de la coopérative sont équipés de cogénération pour une puissance totale de 30 MW. Ils produisent l’équivalent de la consommation de 100 000 habitants. Et si tous les projets possibles se réalisaient, Savéol pourrait fournir 100 MW.

Fld Hebdo : Quels sont vos objectifs en matière de cogénération ?
R. C. :
Notre objectif est de continuer à développer la cogénération sur toutes les exploitations et notamment sur les exploitations de taille moyenne. Actuellement, du fait de l’investissement qui s’élève à 1,8 M€ pour 2,5 ha de serre et dans les conditions actuelles d’achat de l’électricité, une installation de cogénération n’est rentable que pour les exploitations de plus de 4 ha. Or, la taille moyenne des exploitations adhérentes à Savéol est de 3,5 ha et beaucoup ont une taille inférieure à 4 ha. Notre objectif est de rendre la cogénération accessible à ces exploitations.

Fld Hebdo : Quelles sont les conditions pour que cela soit possible ?
R. C. :
Notre proposition est que l’on équipe les exploitations de taille moyenne de cogénérations moins puissantes mais avec des plages d’utilisation plus larges. Actuellement, la période de rachat d’électricité ne s’étend que de novembre à mars. La profession souhaiterait une valorisation prolongée de la chaleur par la cogénération sur les mois d’avril et mai sans perte de la rémunération électrique. Il faudrait également raccourcir le délai d’instruction du raccordement au réseau EDF qui est actuellement de plus de six mois et qui est un frein à la motivation des producteurs.

Fld Hebdo : Que pensez-vous de la révision des contrats de rachat de l’électricité ?
R. C. :
Le contrat d’achat d’électricité pour lequel s’engagent les cogénérateurs révise aujourd’hui les modalités de rémunération au travers du coefficient de déplafonnement. Sur la durée contractuelle de douze ans, de fortes incertitudes pèsent donc sur la rentabilité du projet alors que l’efficacité énergétique est démontrée dans les réalisations. Or, les producteurs ont besoin de visibilité pour investir. Nous souhaiterions donc que la rémunération électrique soit maintenue à la hauteur des contributions positives de la cogénération. Des tarifs de rachat inférieurs aux tarifs actuels mettraient en péril le maintien et le développement du parc de cogénérations.

Fld Hebdo : La coopérative explore-t-elle d’autres pistes d’énergie alternatives ?
R. C. :
Onze exploitations du groupe sont actuellement équipées de chaudières à bois et d’autres projets sont en cours. L’initiative a démarré par le rachat de chaudières d’occasion mais les projets actuels portent sur du matériel neuf. L’investissement est moins élevé que pour la cogénération et la technique est aujourd’hui mieux maîtrisée qu’il y a quelques années, avec notamment moins de besoins d’entretien. Ces exploitations consomment au total 40 000 t par an de bois généralement issu des filières de recyclage. Toutefois, le marché des ressources en bois manque de performance en matière de qualité et d’organisation. Nous avons aussi étudié la méthanisation, mais il y a peu de corrélation technique entre les serres et la méthanisation. Et le photovoltaïque n’est pas adapté aux serres en Bretagne du fait de la perte de luminosité engendrée. Nous suivons en revanche de près les travaux sur la conduite de serre avec déshumidification qui permet une économie de chauffage de 20-25 %.

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