Hémisphère Sud
Les producteurs de pommes tournent leurs regards vers l’Asie, moins vers l’Europe
La situation dans les pays de l’hémisphère Sud ne plaide pas pour des envois massifs de pommes sur le marché européen cette saison.
L’USDA vient de publier plusieurs rapports sur la situation du commerce de la pomme dans les grands pays producteurs de l’hémisphère Sud, soulignant que leur attention n’est pas braquée sur le marché européen, pourtant annoncé déficitaire. En Nouvelle-Zélande, la production de pommes devrait connaître sur 2012-2013 une progression de 5 % avec 481 000 t. La consommation intérieure ne devant pas évoluer, cela laisse présager des disponibilités plus grandes pour l’export : elles seraient de l’ordre de 293 000 t, soit + 3,5 % qu’en 2011-2012, une campagne faible à tous les niveaux. Cependant, la filière pomicole néo-zélandaise est à un tournant. Le pays se tourne de plus en plus vers les marchés asiatiques au détriment de l’Europe, le marché américain restant stable à 30 000 t. Les exportations vers l’Inde, en forte progression (de 12 000 t en 2011-2012 à 18 000 t prévues sur 2012-2013) ont ouvert la voie de telle façon que la zone Asie absorbe aujourd’hui le tiers des exportations du pays. La tendance devrait s’affirmer dans les prochaines années, les variétés aujourd’hui produites étant de plus en plus calibrées pour les marchés asiatiques. L’autre défi est l’évolution de la filière qui espère que la reprise de Enza par l’allemand BayWa entraîne de meilleurs revenus pour les producteurs. Du côté de l’Amérique du Sud, la production au Chili sur la saison ne devrait pas connaître de variations notables et cela malgré des conditions météorologiques clémentes. Avec une prévision de 1,3 Mt, le pays se situe au même niveau que la campagne dernière (1,35 Mt) qui avait été très perturbée par des épisodes de gel. L’alternance dans certains vergers de Fuji, Pink Lady, Braeburn et Red Delicious expliquerait la situation. Le potentiel en exportations est donc reporté à 750 000 t : les Etats-Unis demeurent toujours le premier client du Chili (121 000 t en 2012) alors que les envois vers la Russie ont fortement baissé (de 48 000 t en 2011 à 34 000 t en 2012), aux Pays-Bas (principal pays d’entrée pour l’UE) avec 50 000 t l’an passé (60 000 t en 2011) et plus légèrement sur Taïwan (44 000 t contre 46 000 t). De l’autre côté des Andes, l’Argentine devrait pareillement revenir à des niveaux plus réguliers de production. La récolte s’établirait à 1,03 Mt. C’est moins que prévu pour une année pourtant favorable (pas d’alternance, bonne météo). L’Argentine fait face à un vrai challenge. Les grèves de 2011 et début 2012 dans les vergers ont entraîné une hausse des salaires et une augmentation des coûts de production. De plus, le taux de change peso/dollar n’est pas favorable aux Argentins. Ces deux facteurs font que le pays risque de ne pas être compétitif en termesde prix malgré un potentiel à l’export de 200 000 t. Et pour l’USDA, le pays risque de rater l’opportunité offerte par une production en baisse principalement en Europe de l’Ouest dans l’hémisphère Nord.