Union européenne
Les producteurs de fruits à noyau veulent un débat sur les normes privées des distributeurs
Les producteurs européens de fruits à noyau s'insurgent contre les exigences extra-réglementaires des distributeurs qu'ils jugent impossibles à tenir et contre-productives.
Des distributeurs, notamment allemands, imposent dans leurs cahiers des charges des taux de résidus inférieurs à la réglementation, de 30 à 80 % des LMR. Certains limitent aussi le nombre de molécules possibles (trois à cinq). Or, le respect de ces exigences est parfois impossible en conditions météo difficiles, ce qui a été le cas en 2014 en fruits à noyau.
« La réglementation a créé des LMR, désormais harmonisées au niveau européen, a rappelé Luc Peeters, du Copa-Cogeca. Les LMR vont en général bien au-delà de la sécurité alimentaire. Il n'y a aucune justification scientifique à des seuils inférieurs. » La mesure peut même être contreproductive. « La lutte intégrée nécessite d'alterner les substances pour limiter les risques de résistance, a souligné Manel Simon, directeur général de l'association catalane Afrucat. Un nombre réduit de molécules n'est donc pas favorable à l'environnement. » « Nous devons expliquer aux distributeurs qu'un producteur ne peut réagir quand on lui demande quelques semaines avant la récolte de changer les taux de résidus, a déclaré Marco Salvi, président de l'association italienne Fruitimprese. Il faut plus de souplesse. »
Les producteurs français, espagnols et italiens se sont mis d'accord sur la nécessité d'actions communes.
Les producteurs français, espagnols et italiens se sont mis d'accord sur la nécessité d'actions communes sur ce sujet, à travers les groupes de contact européens. « Tous, nous signons des contrats avec des clauses que nous savons impossibles à respecter, a déclaré Bruno Darnaud, président de l'AOP Pêches et Nectarines de France. Nous devons avoir une réponse commune et expliquer aux distributeurs que ces clauses sont injustifiées, impossibles à tenir et contre-productives. » Les producteurs européens ont aussi évoqué la question des substances candidates à la substitution, dont la liste vient d'être publiée. « Le risque est que les distributeurs fassent une liste noire de ces substances pourtant autorisées et que certains pays n'étudient pas la substitution alors que d'autres le feront, ce qui créera une distorsion de concurrence », a expliqué Jean-François Proust, de Forum Phyto.