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Pomme de terre - Industrie
Les producteurs au cœur du partenariat McDonald’s/McCain

L’industriel canadien McCain fournit l’essentiel des 230 000 t de pommes de terre utilisées par McDonald’s chaque année. Cela requiert cohérence, rigueur et adaptabilité. Rencontre avec un de ses fournisseurs en terre champenoise.

Entre McCain, le géant de la frite, et McDonald’s, le géant de la restauration rapide, c’est une longue histoire de partenariat. En France, McCain a commencé à travailler avec McDonald’s France dès la fin des années 1970. Cet approvisionnement se faisait à l’époque à partir des Pays-Bas. Mais c’est avec l’ouverture de l’usine de Harnes, dans le Pas-de-Calais (en 1981), que la relation s’est nouée, en 1985. Aujourd’hui, ce sont quelque 231 700 t de pommes de terre qui sont achetées par l’enseigne de restauration chaque année, pour la très grande majorité venant des usines de McCain de Harnes et de Matougues, en Champagne.
Quand il s’agit de travailler pour une marque comme McDonald’s qui se définit elle-même comme un partenaire sur la durée tout en restant un partenaire exigeant, il faut savoir mettre tous les atouts de son côté. McCain travaille avec 1 200 agriculteurs en France dont 800 sont des contractants. McDonald’s compte en tout 353 producteurs de pommes de terre fournisseurs. McCain a développé un référentiel qualité s’appliquant aux producteurs de pommes de terre travaillant avec l’entreprise. Les différentes composantes de ce référentiel reprennent l’essentiel des bonnes pratiques en cours dans la filière : respect de la qualité des sols, emploi raisonné des engrais et produits phytos, usage de l’irrigation limité au besoin des plantes, précaution dans le stockage des produits, mais aussi une attention particulière portée à l’entretien du matériel et à la protection du personnel. Autant de préconisations se confondent parfaitement avec ce que McDonald’s exige pour la qualité des matières premières entrant dans la confection des plats proposés dans les restaurants de l’enseigne en France.
Comment ce partenariat se répercute-t-il au niveau des fournisseurs de pommes de terre de McCain ? Direction Champigneul-Champagne, dans la Marne, sur l’exploitation de Marcel Leherle. Celui-ci, longtemps professeur dans un lycée agricole, retrace avec précision comment son exploitation familiale en est arrivée à travailler avec le géant canadien de la frite : « La Pac nous a obligés à chercher des sources de diversification. C’est ainsi que, dès 1996, nous avons lancé la production d’oignons destinés à la déshydratation. Puis, vers 1999-2000, avec l’arrivée de McCain dans la région, nous avons ajouté la pomme de terre pour laquelle nous sommes contractualisés avec McCain. Aujourd’hui, sur les 121 hectares de l’exploitation, les légumes représentent 22 hectares, dont 15 hectares pour les pommes de terre, le reste des surfaces se partageant entre les betteraves et les céréales. »

Respecter le cachier des charges pour fournir McDonald’s
Travailler pour McCain, c’est se conformer donc à un certain nombre de critères. Le choix variétal est crucial dans cette optique et le choix se porte sur deux variétés particulièrement adaptées au travail de la frite “Made in McDonald’s” : Santana et Innovator, cette dernière étant en progression côté plantation, la première demeurant au mieux stable dans les surfaces. Cette sélection variétale impacte directement sur la conduite de la culture afin de se conformer au cahier des charges. Comme l’explique Marcel Leherle : « La variété Innovator présente l’avantage d’avoir un cycle court et d’être précoce. Mais, en revanche, elle est très sensible au stress hydrique. L’irrigation est donc un élément important pour notre production. » L’exploitation a opté pour la technique de quadrillage intégral, utilisée en commun à plusieurs producteurs au travers d’une Cuma. L’irrigation est assurée par un réseau de sprinklers, placés tous les 18 mètres, et approvisionnés par des tuyaux de 1,60 mètre enterrés régulièrement sur la parcelle. « L’irrigation par canon posait trop de problèmes, surtout en termes de cadencement et pour l’application de produits de protection des cultures, reconnaît Marcel Leherle. En plus, dans la région, même si côté météo nous avons de la chance, nous avons le droit d’irriguer à hauteur de 250 mm par hectare pour la pomme de terre. Avec le quadrillage intégral, il nous faut une journée pour irriguer 22 hectares, là où il en fallait entre cinq et vingt jours avec la méthode traditionnelle. En fait, le seul inconvénient de la formule, c’est le temps passé à installer et désinstaller les sprinklers. »
La mise en place depuis 2099 de la certification GlobalGap, que McCain a choisi comme référence pour ses fournisseurs sous contrat, ne pose pas trop de soucis à un producteur comme Marcel Leherle : « En ce qui concerne les pommes de terre, c’est essentiellement sur le stockage avant envoi vers l’usine que la mise en place de cette certification impacte. Il y a l’obligation de relever les températures, la lutte contre les rongeurs, l’usage éventuellement de verre incassable. Le point spécifique est sur la ventilation dans l’aire de stockage. » La norme prévoit une vitesse de ventilation de 5 m/seconde afin d’optimiser les échanges gazeux.
Evidemment, la contractualisation est un des socles de la relation. « Les contrats sont pratiqués depuis près de trente ans, aime à rappeler Alexandre Testu, responsable Compte McDonald’s France chez McCain. Mais la première initiative de contractualisation sur deux ans a été menée en 1998. C’est entre 2005 et 2009 que le processus s’est accéléré et nous avons progressivement atteint la moitié de nos approvisionnements en contrats pluriannuels. »

Des contrats établis pour trois saisons consécutives
En 2011, un pas supplémentaire a été franchi avec la prolongation des contrats pluriannuels d’une année supplémentaire pour les étendre sur trois saisons consécutives. Globalement, le prix proposé par McCain garantit la moitié de la hausse annuelle mais si le marché est orienté à la baisse, le prix minimum qui sera payé est celui du contrat signé. Une telle méthode est tout à fait justifiée par les deux partenaires : les contrats passés avec McCain sont considérés comme une assurance pour l’exploitant d’un revenu garanti pour les trois années à venir. Ainsi, à leurs yeux, cela permet d’éviter en partie la spéculation sur la matière première avec les risques que cela comporte pour l’activité de McCain mais aussi pour celle de l’agriculteur. D’ailleurs, qu’en pense-t-on du côté du producteur ? « La contractualisation, nous sommes pour, dans la mesure où elle s’établit sur des bases raisonnables, explique Marcel Leherle. En fait, il y a des hauts et des bas selon les années, cela dépend aussi de la récolte, mais à bien y regarder, cela s’équilibre sur le long terme. »
Pour Alexandre Testu, le partenariat qui lie producteurs, transformateurs et restaurateurs prend tout son sens dans les moments délicats : « En 2010, les quantités de pommes de terre au niveau européen étaient inférieures aux besoins de l’industrie. Nous avons donc adapté temporairement notre cahier des charges en abaissant nos objectifs en termes de taille de frites. »
D’une manière générale, les fournisseurs de McCain fonctionnent avec une partie de leur production contractualisée auprès du géant de la frite, tout en pouvant commercialiser une autre partie sur le marché libre.

Création de cinq fermes de référence depuis 2010
Un important chantier, actuellement en cours, symbolise bien ce partenariat entre McDonald’s et McCain : la stratégie agroécologique, dans la lignée des concertations agricoles que l’enseigne de restauration a menée avec l’ensemble de ses fournisseurs. Cette stratégie représente le plan d’actions “agriculture” de McDonald’s pour la période 2010-2020. Pratiquement, dans les cinq grandes filières concernées, un programme de test en conditions réelles est développé dans des fermes ou sur des parcelles pilotes. Engagées sur le long terme, celles-ci vont bénéficier de pratiques agricoles innovantes visant plusieurs objectifs : réduction des gaz à effets de serre, préservation de la ressource en eau, développement de la biodiversité.... En ce qui concerne la pomme de terre, McCain a mis en place depuis 2010 cinq fermes de référence – dont celle de Marcel Leherle – dans différents bassins de production.
C’est un long chemin que doit accomplir une pomme de terre avant de se retrouver, transformée en frite dans les poches en carton rouge de McDonald’s....

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