Exportations
Les phytos empoisonnent les relations franco-russes
Après le mémorandum signé entre la Fédération russe et l’Union européenne en juillet dernier, la pomme et la poire françaises doivent jongler avec les décisions bruxelloises.
Une pomme de discorde entre la France et la Russie ? Le sujet est un peu réducteur mais la question mérite d’être posée. En effet, le 16 mars dernier, la Russie a pris la décision d’ajouter la pomme et la poire françaises à la liste de produits devant présenter patte blanche à l’entrée de ses frontières. Cette mesure est entrée en vigueur le 1 er avril, et depuis cette date, les exportateurs doivent réaliser des analyses par lot de marchandises et avoir un certificat de sécurité en bonne et due forme certifié par un laboratoire agréé Cofrac. Or, il se trouve que la Fédération de Russie a signé avec l’Union européenne un mémorandum entré en vigueur en juillet 2008 sur les substances actives, interdisant notamment toute entrée d’aliments traités par certains produits phytosanitaires. Selon Interfel, le chlorpyriphos (nécessaire pour lutter contre le carpocapse) ferait partie des produits désormais soumis à restriction.
Déjà en juillet dernier, la filière française poire et pomme avait tiré la sonnette d’alarme à ce sujet. Cette fois, le dossier est plus conséquent, le marché russe pour la pomme française représentant l’équivalent de 70 000 tonnes de fruits exportés, plaçant la Russie au rang de premier client pays tiers. Au cours des différentes réunions avec les pouvoirs publics, la filière française a alerté de la difficulté de respecter certaines LMR définies par les autorités russes. Il a ainsi été décidé de mettre en place un plan d’autocontrôle pour sortir la France de ce délicat dossier des certificats de sécurité. Et de présenter aux autorités sanitaires russes une liste de matières actives indispensables à la production française. Cette liste de LMR indispensables porte sur six produits. Un projet de complément au mémorandum a été envoyé aux autorités russes. Il devrait être négocié fin mai lors de la réunion OIE (Office international de lutte contre les épizooties) entre la Russie et l’UE. Il est prévu que les pouvoirs publics français déclenchent une réunion en aparté du sommet OIE avec les autorités russes pour demander un sursi sur la décision et une tolérance d’importation sur les matières actives listées. Enfin, le laboratoire phytopharmaceutique, Dow Agrochemicals vient de déposer un dossier de reconnaissance pour la substance active Chlorpyriphos auprès de la Russie. Une demande à suivre de près.