Sud-Ouest
Les paniers livrés de Com3Pom





Créée en avril 2006 pour livrer des paniers de f&l à Agen, Bordeaux et Toulouse, la PME Com3Pom a bien grandi. Elle propose aujourd’hui ses services dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Pour Laurence Perret, créatrice du concept, l’idée de base de Com3Pom repose sur un constat un peu “égoïste” : tenter de concilier la vie d’une maman active qui travaille, va chercher ses enfants à l’école, fait ses courses… et l’accès à une alimentation de qualité, saine et produite de préférence localement. La solution ? Se faire livrer ses courses sur son lieu de travail. « Lorsque je travaillais au comité économique du BGSO, j’avais accès à des études sur les fruits et légumes qui montraient que leur image était largement positive, mais que les tendances de consommation n’allaient pas du tout dans le même sens, raconte-t-elle. Je me suis alors dit qu’en proposant un service de livraison, cela faciliterait les achats et pousserait à en consommer davantage. »
Forte d’une bonne connaissance de la filière amont régionale, Laurence Perret a ainsi créé Com3Pom, entreprise qui livre des paniers de fruits et légumes de saison sur les lieux de travail. L’un de ses atouts est d’être installée sur le Min d’Agen. Elle est ainsi livrée chaque semaine par les producteurs locaux venus vendre sur place et n’a pas besoin de se déplacer pour s’approvisionner. Autre point fort : elle s’est associée aux webmasters qui ont créé le site Internet à partir duquel les clients passent leur commande. De “vrais artistes” qui ont imaginé un site coloré, clair, accessible et agréable à utiliser, qui adaptent l’outil de travail en fonction des besoins.
Chaque semaine, l’offre est consultable dès le mardi matin. Et le client a jusqu’au lundi suivant, 14 h, pour passer commande. Les paniers sont assemblés le mardi après-midi et le mercredi, et les tournées de livraison s’effectuent les jeudis et vendredis, dans les villes d’Agen, Bordeaux et Toulouse. « Avoir un site qui fonctionne est une chose, mais le point clé, dans ce type d’entreprise, c’est la logistique, souligne Laurence Perret. Vendre sur Internet est loin d’être la poule aux œufs d’or et la marge nette est vite consommée si on ne s’organise pas de façon très pointue. »
Com3Pom travaille en flux tendu
Partie d’une offre en f&l cultivés localement, Com3Pom s’est ensuite diversifiée, toujours en s’approvisionnant en région. L’entreprise propose désormais des produits de boulangerie, boucherie, charcuterie, poissonnerie, des volailles, des yaourts, du fromage, etc. « Malgré la diversification, notre commerce fonctionne comme les autres, nous faisons 80 % de notre chiffre d’affaires avec 20 % de nos produits, constate Laurence Perret. Mais il est important de garder des produits qu’on ne trouve pas ailleurs, comme les légumes anciens ou la gamme bio, demandée par de nombreuses personnes, même si, au final, cette gamme ne représente que 5 % des ventes. »
L’un des secrets de Laurence Perret pour différencier son offre de celle des sites concurrents, ce sont les recettes qu’elle propose. Auparavant jointes dans les colis, on les trouve aujourd’hui sur le site Internet de Com3Pom, histoire d’économiser papier et énergie. « Trouver des légumes anciens, c’est sympa, mais qu’en faire, reconnaît-elle. J’adore chercher des recettes de cuisine, les tester, en créer. Je suis constamment à l’écoute, je puise des idées sur les blogs culinaires, j’achète des livres et des revues spécialisés. Au total, j’en propose trois à quatre nouvelles par semaine. De plus, maintenant que nous vendons un peu de tout, les clients peuvent trouver sur le site tous les ingrédients dont ils ont besoin. »
Com3Pom, qui fait travailler quatre personnes (Laurence Perret, son époux Samuel, cogérant, et deux employés permanents), fonctionne en flux tendu. La PME réceptionne les produits à la dernière minute et les livre dans la foulée. Depuis octobre, elle propose ses services à Pau, Bayonne, Biarritz et Anglet, où Laurence Perret a commencé à démarcher. « Pour ces zones, nous sommes en période de “débroussaillage”, reprend-elle. Même si dans ces villes les conditions de vie peuvent être différentes de celles que l’on trouve dans de plus grandes agglomérations, nous ciblons la même clientèle urbaine, active et overbookée. Nous sommes en test jusqu’à l’été. Nous avons dupliqué notre organisation avec des commandes pouvant être passées avant vendredi 14 h. La préparation des paniers se fait le mardi matin et les livraisons jusqu’au mercredi. Le but de cette deuxième série de livraisons est d’amortir nos moyens logistiques sur le début de la semaine. Nous en profitons aussi pour rapporter à Agen des produits basques comme le piment d’Espelette ou la charcuterie. Si cela fonctionne, nous ouvrirons peut-être un dépôt dans les Pyrénées-Atlantiques. Nous pouvons envisager de livrer Mont-de-Marsan (Landes) au passage. »
Une clientèle régulière sans obligation d’achat
Les livraisons s’effectuent en grande majorité sur les lieux de travail, où les personnes commandent en groupe ou via leur comité d’entreprise. Pour celles qui ne travaillent pas dans de grandes entreprises des livraisons sont prévues en points relais, boutiques ou entrepôts où Com3Pom dépose ses paniers. Ponctuellement, elles peuvent aussi avoir lieu à domicile, à condition que celui-ci soit situé sur le trajet de la tournée et que les horaires de passage soient souples.
« Nous livrons environ 250 paniers par semaine, à des clients qui sont en grande majorité réguliers, bien qu’il n’y ait pas d’obligation de commander, indique Laurence Perret. Le “frein” lié au fait que l’on soit livré une semaine après avoir fait son choix peut jouer au début, mais finalement les gens s’y habituent et prennent le rythme. C’est une autre façon de faire ses courses. Nous constatons une petite saisonnalité. Au printemps, certains de nos clients recommencent à aller sur les marchés, et ne commandent plus sur le site. Mais à l’automne, les affaires reprennent. Depuis que nous proposons aussi de la viande, des laitages, etc., nos ventes sont moins saisonnières que lorsque nous avions uniquement des fruits et légumes, mais ces derniers restent toujours le produit d’appel le plus attractif. Ils représentent 33 % du chiffre d’affaires en hiver et 55 % au printemps. » La livraison est facturée 2 € sur le lieu de travail ou à domicile et gratuite en point relais. Pour être viable, une tournée doit atteindre 500 € minimum de produits.
Après un essai de franchise non concluant, Com3Pom se recentre sur sa région
Dans un contexte où le commerce en ligne progresse sans cesse (20 M€ de chiffre d’affaires en 2008), même si l’alimentaire ne représente encore qu’une goutte d’eau (1), Com3Pom avait envisagé, en 2008, de se développer en franchise, en mettant son outil informatique et logistique à disposition de personnes désirant commercialiser des produits locaux sur leur propre région. Une première franchise avait été installée en Pays de Loire et des livraisons avaient débuté à Angers et Nantes. Mais Laurence et Samuel ont finalement renoncé, peut-être temporairement. « C’était un peu trop tôt et nous n’étions pas assez disponibles pour assurer l’accompagnement et le rôle de conseil auprès des franchisés, conclut Laurence Perret. Il y avait un problème de viabilité financière car nous nous rémunérions sur leur chiffre d’affaires, or celui-ci est souvent bas car les marges ne sont pas très importantes. Nous en avons donc conclu qu’il valait mieux, pour le moment, nous développer par nos propres moyens et étendre notre concept pour livrer de nouvelles villes. »
(1) A la demande de l’UNFD, le CTIFL a mené, en 2009, une enquête sur les fruits et légumes vendus sur Internet (cf. pages Actu du commerce) et a demandé à Com3Pom de glisser, dans ses paniers, un questionnaire destiné à sa clientèle.