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Nord-Pas-de-Calais
Les Paniers fraîcheur arrivent sur les rails

Depuis septembre, les “Paniers fraîcheur” ont fait leur apparition dans cinq gares du Nord de la France. Zoom sur ce concept qui existe depuis déjà quatre ans en Ile-de-France.

Il est 18h et une dizaine d’individus attend patiemment son tour sur le quai de la gare de Hénin-Beaumont, non pas pour prendre le prochain TER, mais pour acheter un panier de fruits et légumes frais. En effet, depuis le 14 septembre, Sylvain Cocquempot (producteur en agriculture bio à Bours) installe son stand tous les mardis entre 16h30 et 18h30 dans cette gare du Nord-Pas-de-Calais. Les usagers de la gare de ne sont pas les seuls à profiter de ce service dans la région puisque, le 16 septembre, les gares d’Armentières, de Bergues, d’Etaples et de Don Sainghin ont inauguré la mise en vente de “Paniers fraîcheur”.

Quand le producteur se déplace jusqu’au consommateur
On le sait, il est recommandé de manger cinq fruits et légumes par jour. Conseil utile et bienveillant, certes, mais pas toujours facile à mettre en œuvre. Alors quand le producteur vient directement jusqu’au consommateur tout juste libéré d’une journée de travail, on évalue rapidement les avantages que cela peut représenter. Outre un gain de temps certain pour les usagers du réseau de TER de la SNCF, la vente des Paniers fraîcheur ne manque pas, par ailleurs, de répondre aux problématiques actuelles telles que le développement durable ou le maintien et la survie de fermes locales.
C’est grâce à la création d’un partenariat entre la chambre d’Agriculture du Nord-Pas-de-Calais et le réseau SNCF TER régional que la vente des Paniers fraîcheur a pu voir le jour dans ces cinq gares du Nord de la France. Le recrutement et le suivi des producteurs sont pris en charge par la chambre d’Agriculture. La mise à disposition des emplacements ainsi que la communication sont, quant à elles, gérées par le réseau SNCF TER.
Le consommateur a accès à un panier de 5 à 9 kg de fruits et légumes (bio ou non) produits par des agriculteurs locaux, et ce pour un prix unitaire de 12 euros. S’il est possible d’acheter les paniers de façon ponctuelle, les organisateurs espèrent toutefois renforcer l’aspect durable de cette opération grâce à un système d’inscription. Les usagers ont la possibilité de tester ce service en s’engageant sur une période d’un mois pour quatre paniers d’une valeur de 48 euros. Ils peuvent également s’inscrire sur une période plus longue, trois mois pour douze paniers d’une valeur de 144 euros.

Un début frileux mais prometteur
Ce nouveau service est relativement bien perçu par les consommateurs. Dans la région Nord-Pas-de-Calais, le lancement des Paniers fraîcheur a suscité l’intérêt des usagers du TER, mais aussi des habitants des alentours des gares. Certaines personnes étrangères au réseau SNCF s’étaient en effet spécialement déplacées pour l’événement.
Le bilan de cette première semaine est assez timide, avec une moyenne de dix inscriptions par gare. Les paniers vendus à l’unité et sans prise d’engagement sont restés majoritaires. Les organisateurs se veulent cependant confiants. Comme l’a fait remarquer Hélène Bailly, responsable partenariats et innovations au pôle marketing et clientèle du DDTER (Direction déléguée Transport Express régional) Nord-Pas-de-Calais, fort heureusement les producteurs avaient prévu des quantités plus importantes que les seules inscriptions ne nécessitaient, la demande ayant été très importante le jour de l’inauguration.
En gare de Hénin-Beaumont, le producteur Sylvain Cocquempot est satisfait. « Le système fonctionne déjà très bien au bout d’une semaine. J’ai vendu près de vingt-cinq paniers lors de l’inauguration, et accumulé dix inscriptions. La demande a été encore plus importante la semaine suivante. Des usagers qui ne s’étaient pas inscrits sont tout de même revenus. » Il faut dire que l’ambiance est plutôt bonne autour de l’étal de fruits et légumes, ce qui n’est pas pour déplaire aux potentiels clients tout fraîchement descendus de leur train. Anecdotes sur l’exploitation, conseils, explications, avis culinaire… le producteur aime discuter et crée facilement un contact entre lui et les usagers. « Je ne fréquente pas les marchés. Habituellement j’achète mes fruits et légumes dans les grandes surfaces et je prends toujours les mêmes produits, explique Mathilde, une jeune femme active de 25-30 ans. Je découvre de nouveaux produits, de nouvelles façons de cuisiner. C’est plaisant de rencontrer directement le producteur, et de pouvoir discuter. C’est aussi très instructif. »

Un concept qui a déjà fait ses preuves
Si la vente de Paniers fraîcheur est une nouveauté pour les Ch’tis, ce n’est pas le cas pour une importante partie des consommateurs français. Ce concept a en effet vu le jour dès l’année 2007 en Ile-de-France, et ce sont les usagers du réseau Transilien qui en ont été les premiers bénéficiaires. L’idée, développée par la chambre d’Agriculture d’Ile-de-France, et testée sur le parvis de la gare de Cergy (Val-d’Oise), a rapidement séduit. Dans cette région, ce sont aujourd’hui près de 3 000 paniers qui sont vendus chaque semaine, mobilisant quarante-trois points de vente et vingt-quatre producteurs locaux.
Ce nouveau type de circuits courts se détache volontairement du principe des AMAP. « Nous avons repris l’idée des paniers, tout en retirant l’aspect contraignant, explique Stéphane Rolland, responsable du pôle technique maraîcher de la chambre d’Agriculture d’Ile-de-France à l’origine du développement des Paniers fraîcheur. Le principe est différent. Les paniers sont déjà préparés, le lien est assuré grâce au passage des usagers du réseau Transilien, c’est le producteur qui vient au consommateur. De plus, les paniers ne sont pas vendus systématiquement sur abonnement. Les achats spontanés restent majoritaires, et le concept n’est pas réservé au bio mais au local. »

Un projet qui se développe à l’échelle nationale
« Le système est maintenant bien rodé, et chaque région dispose de tous les outils et informations nécessaires à la mise en place de cette nouvelle forme de circuits courts », ajoute Stéphane Rolland. Ce dernier, grâce à son activité au sein de la chambre d’Agriculture d’Ile-de-France, a fortement contribué au développement de ces paniers en allant à la rencontre des multiples réseaux de TER en France. Suite à l’exposition de ce concept au Salon de la mobilité urbaine (juin 2010), les points de vente de fruits et légumes frais au cœur des gares se sont très vite multipliés.
Outre l’Ile-de-France, où le concept est le plus développé, on dénombre à ce jour dix-huit points de vente dans huit régions françaises*. Toujours basé sur un partenariat entre les chambres d’Agriculture et les réseaux de TER locaux, le principe des Paniers fraîcheur ne cesse de gagner du terrain, les prix et formats de paniers variant de région en région.
Dès juin 2009, les usagers du TER en région Pays de la Loire bénéficiaient déjà des paniers distribués au sein des locaux de la SNCF. C’est dans la gare d’Ancenis que l’opération avait été lancée, mais les discussions sont en cours dans d’autres communes de la région. Les initiatives se sont faites de plus en plus nombreuses en cette année 2010. Lorsque l’on parle des Paniers fraîcheur, on peut aujourd’hui citer les régions Aquitaine, PACA, la Haute-Normandie, la Bretagne, ainsi que la Lorraine et la région Midi-Pyrénées. D’autres gares, mais avant tout d’autres régions, devraient rapidement s’ajouter à cette liste. Le développement déjà bien amorcé de ces paniers ne devrait donc pas faiblir.

* Et aussi dans d’autres gares :
- juin 2009 : Ancenis (Pays de la Loire)
- janvier 2010 : Marmande (Aquitaine)
- mars 2010 : Simiane, Gardanne, Aix-en-Provence (Paca)
- avril 2010 : Bruz (Bretagne)
- mai 2010 : Hagondange et Lunéville (Lorraine)
- mai 2010 : St-Aubin (Haute-Normandie)
- mai 2010 : Auterive, Colomiers, Muret, Portet, St-Sulpice (Midi-Pyrénées)
- septembre 2010 : Hénin-Beaumont, Armentières, Bergues, Etaples et Don Sainghin

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