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Les multiples facettes de la valeur des fruits et légumes

La valeur, sa création et sa répartition sont au centre du chantier n° 1 des États généraux de l’alimentation. Mais, pour la filière des fruits et légumes, qu’est-ce que cela implique ?

Les États généraux de l’Alimentation (EGalim), inaugurés le 20 juillet dernier, sont entrés dans le vif du sujet à la fin du mois d’août avec la tenue des premiers ateliers. Un de ceux-ci, le 7, porte que la répartition de la valeur. Mais, qu’est-ce que la valeur d’un fruit ou un légume ? Son prix ? La valeur ajoutée par les services ? FLD a demandé à des acteurs de la filière de confier leur vision du sujet. Afin d’abonder un débat qui risque d’être malheureusement peu ou pas (au pire) abordé dans les salles de réunion du ministère de l’Agriculture.

Valeur et prix de vente

On considère couramment que la valeur est un caractère mesurable d’un bien ou d’un service, qui peut être apprécié pécuniairement. « Une chose est sûre : la valeur, ce n’est pas le prix de vente, martèle Christian Berthe, président de l’UNCGFL. Le produit a une valeur intrinsèque, fruit du travail du producteur et qui n’est pas volatile comme le prix. Ensuite, des coûts correspondant à des services viennent s’ajouter. La valeur se construit par l’addition des valeurs ajoutées apportées par les différents maillons de la filière ». Pour Raphaël Martinez, directeur Fédération des Fruits et Légumes d’Occitanie, « la valeur économique d’un fruit est théoriquement l’addition des coûts de production, d’expédition, de logistique et de commercialisation. Ceci étant dit, nous avons affaire à un produit périssable. Ceci entraîne une pression forte sur le marché avec potentiellement une fluctuation des prix en fonction de l’offre durant la campagne. Il faut aussi considérer la structuration de la filière : le nombre d’opérateurs à la vente est très supérieur à celui des acheteurs. Pendant une campagne, la dynamique à la baisse du prix est très souvent toujours plus importante que les volumes mis sur le marché ». Et pourtant le consommateur français considère les f&l comme trop chers. « Le leitmotiv sur la cherté des fruits et légumes n’est pas juste, considère Jean-Michel Delannoy, président de Felcoop. Qu’est-ce qu’un fruit ou un légume ? C’est un produit français, travaillé, sélectionné, normalisé et markété : tout cela entraîne des coûts que le consommateur ne doit pas voir comme une volonté de le pénaliser mais bien de l’informer et de le réassurer sur les aspects de traçabilité. Il faut être en capacité de créer un outil permettant de répartir la valeur. »

Valoriser à tous les stades

L’expression est lâchée : partage de la valeur, le cœur de l’atelier 7 des EGalim. Cette valeur peut-elle être répartie ? Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, ne le voit pas tout à fait ainsi : « La valeur ne se partage pas, elle se crée. Un légume, c’est la nature, la saison et surtout le travail de l’homme, qui entre à 60 % dans le coût de la production. Le produit français est reconnu pour sa qualité, issue du travail du maraîcher, des techniques culturales et de la recherche variétale. C’est autour de cela qu’il faut créer de la valeur. La créer, je le répète, mais pas la diviser entre les différents maillons de la filière. Il n’est pas question de faire le procès de l’un ou de l’autre : tous les intervenants de la filière ont le droit de vivre du produit. Nous devons être capables d’augmenter la valeur à chaque échelon. » Le défi est celui de la valorisation. Et tous les maillons de la filière sont y impliqués : « L’importation de produits d’origines extracommunautaires fonctionne dans une logique de valorisation des produits : il s’agit d’ajuster au mieux l’offre à la demande, et non d’écouler de larges volumes aux plus bas coûts possible, explique Alain Kritchmar, vice-président de la Chambre syndicale des importateurs français de f&l. En effet, les importateurs engagent, avant la commercialisation des produits, de nombreux frais : transport, change, droits de douanes, souvent financement de la production et des emballages. Et en termes de qualité ils sont pénalement responsables des produits qu’ils mettent en marché, c’est le fondement de la démarche d’autocontrôle Fel Partenariat ».

S’organiser pour valoriser ?

Du côté de la grande distribution, qui a développé depuis longtemps des partenariats d’approvisionnement avec la production, la position est bien connue : elle est favorable aux produits français, car le consommateur le demande, et à la pérennisation des exploitations. Tous les maillons de la filière doivent légitimement pouvoir vivre de leur travail, c’est dans l’intérêt des distributeurs. Cependant, elle regrette aussi l’inorganisation de la production, à quelques exceptions près. Une plus grande valeur des fruits et légumes passerait-elle par une meilleure organisation ? « Au niveau du marché, la régulation doit se faire à l’amont, en s’organisant mieux, si ce n’est plus. Quand l’offre est trop abondante, c’est raté. Pour que le prix augmente à l’amont, l’offre doit être grosso modo équivalente à la demande, hors contexte météo » précise Christian Berthe. « A minima, on pourrait agir sur une organisation à l’amont plus importante, dans la mesure où elle limite la concurrence entre producteurs, reconnaît Raphaël Martinez. D’autre part, les acheteurs sont souvent plus informés sur la situation du marché que le vendeur ; il y a certainement à travailler là-dessus. Et puis, il y a le cadre réglementaire à faire évoluer. Les OP sont tout à fait d’accord pour participer au rééquilibrage offre-demande mais la réglementation ne l’autorise pas à l’heure actuelle. » L’affaire entre les endiviers français et l’Autorité de la concurrence est toujours dans les esprits lorsqu’il s’agit d’organisation. Et pourtant, la filière s’accorde à sensibiliser les Pouvoirs publics sur la particularité de la filière f&l. Il est dommage que l’occasion ne semble pas leur avoir été est donnée aux EGalim… (Lire aussi La France ne manque pas d'idées pour son agriculture)

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