Pollution
Les ministères et l’ASN ont fait du Tricastin une affaire classée
L’incident du Tricastin semble être résolu depuis le 22 juillet. Cependant, l’image de la région devrait pâtir de cet événement.
Le 22 juillet, les préfets de Vaucluse et de la Drôme ont levé les interdictions sur l’utilisation de l’eau de nappe et de forage dans les communes (Bollène, Lapalud, Lamotte-du-Rhône, Mondragon) concernées par l’incident du Tricastin. Les arrêtés des 8 et 11 juillet sont abrogés, suite à l’avis favorable des ministères concernés (santé, agriculture, environnement, etc.) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Rappel des faits : le 7 juillet, le débordement d’une cuve de traitement entraîne une fuite de 74 kg d’uranium sur le site de Socatri, filiale d’Areva. Le 8, des mesures de précaution sont mises en place et, le 9, les premières analyses démontrent l’absence de contaminations dans les lacs et les puits privés de captage. Le 12, une partie des interdictions est levée, concernant la pêche, la consommation humaine ou animale et sa commercialisation. Le 16, l’ASN saisit le parquet de Carpentras pour « pollution par rejet en eaux douces et déversement en eaux souterraines avec mise en danger de la vie d’autrui ». Le 17, rebondissement, des analyses démontrent que des nappes phréatiques possèdent des concentrations anormales en uranium, non expliquées par la fuite issue de Socatri. Le 18, Anne Lauvergeon, PDG d’Areva, rencontre des élus sur le site de la Socatri et présente « les excuses d’Areva ». Insuffisantes pour les députés du secteur, les Verts qui demandent la création d’une commission d’enquête et les multiples plaintes des riverains.
Calcul des indemnités
Du côté de l’agriculture, la suite des événements a été suivie de près par André Bernard, président de la FDSEA 84, mais également président du syndicat des arrosants et agriculteur installé sur le secteur. « On a fait beaucoup de bruit autour d’un incident classé niveau 1 sur une échelle qui en compte 7. Nous ne sommes pas là pour défendre le nucléaire, mais il faut laisser à Areva, sa volonté d’avoir été totalement transparent sur cette affaire. Par ailleurs, il faut souligner qu’il a beaucoup plu avant et après cet incident, d’où des arrosages très limités. En conséquence, les pertes réelles seront très limitées. Les principaux dégâts concernent les semis qui n’ont pu être effectués du fait des interdictions d’arroser. Nous serons très vigilants sur l’expertise de ces dégâts liés aux pertes de cultures voire pertes de contrats qu’Areva s’est engagé à indemniser. »
La Chambre d’agriculture 84 a été mandatée pour le calcul de ces indemnités, et la FNSEA s’est emparée du dossier sous la forme d’un courrier à Anne Lauvergeon qui stipule « Vous avez assuré les exploitants d’un dédommagement. Il est légitime et doit être à la hauteur du préjudice considérable (.) de vos engagements, je prends acte, mais la FNSEA restera vigilante pour que ceux-ci se traduisent en décisions rapides et concrètes. »
Pour sa part, la FDSEA 84 estime que le plus grave préjudice se traduit en termes d’image. De nombreux exemples ont été cités d’annulation de chambres d’hôtes ou encore les pertes de ventes de l’AOC de Tricastin, qui par ailleurs souhaite changer de dénomination. « Cette affaire a été beaucoup trop médiatisée, s’agissant d’un incident, non pas d’un accident, de niveau 1. Notre principal objectif est de travaill er à la réhabilitation de l’image du secteur du Tricastin,ajoute André Bernard. Nous allons solliciter l’aide d’Areva, en nous entourant des compétences nécessaires. »
En ce qui concerne l’incident du 29 juillet, il n’a pas eu de conséquences sur l’environnement, du fait qu’il s’est produit en milieu confiné.