Medfel - Les agrumes à l’honneur
Les metteurs en marché corses misent sur les signes de qualité
Avec un potentiel de production de 20 000 à 30 000 t de clémentines, 4 000 t de pomelos et quelques centaines de tonnes d’oranges et citrons, la Corse a misé sur les signes de qualité pour valoriser au maximum ses agrumes.
Cette année, la Corse a vécu une bonne saison en clémentines. Comme le décrit Mathieu Donati directeur d’Agrucorse « la nature a été généreuse ! Les clémentines ont été de bons calibres et nous avons dépassé les volumes habituels de récolte avec près de 30 000 t de production. » Mais le facteur fondamental réside aussi dans le maintien du verger de clémentines depuis l’obtention de l’IGP Clémentine de Corse, que les metteurs en marché utilisent comme porte-drapeau de toute la production, ce qui a permis de stopper l’érosion des volumes avec un verger, aujourd’hui, proche des 1 200 ha.
Bien loin des productions espagnoles, la Corse se forge chaque année une place importante sur les étals français qui jouent haut et fort la carte Origine France. « Comparés à d’autres, nous sommes un marché de niche, et nous nous devons d’être des spécialistes sur ce marché, explique encore Mathieu Donati. Aussi pour développer notre présence, nous avons pris le choix d’élargir la gamme par une stratégie de différenciation via les signes de qualité. »
La Corse vise le Label rouge
C’est en ce sens que la filière Corse dans son ensemble a entamé les démarches, il y a quelques années pour bénéficier d’un Label rouge pour les fruits haut de gamme catégorie Extra. En parallèle, les agrumiculteurs corses développent la production de pamplemousse Star Ruby, dont le dossier de demande d’IGP Pomelo de Corse est actuellement dans les mains de la Commission européenne. « Nous étions confiants pour l’obtenir cette année au moment du salon Medfel mais cela ne sera pas avant juin, regrette Mathieu Donati. Ce sera un peu tard pour en bénéficier cette saison. » En effet, la saison du pomelo Corse a débuté mi-mars.
Au GIE Corsica Comptoir, l’un des trois metteurs en marché de l’île en agrumes, la saison de pomelos a déjà débuté avec la GMS. Il devrait en commercialiser pas loin de 2 400 t cette année.
Le GIE Corsica Comptoir – comme Agrucorse – a pris l’option de bénéficier de bureaux de stations de commercialisation sur le continent à proximité de Cavaillon. Si le GIE a fait le choix de ne mettre en marché que des agrumes corses, Agrucorse a, lui, choisi de valoriser son outil de mise en marché et commercialise d’autres productions sous signe de qualité corse, de la maltaise de Tunisie et des fruits et légumes en provenance du Maroc. « Nous avons préféré agrémenter notre gamme agrumes en proposant une offre de citrons et d’oranges, les volumes sont encore confidentiels mais ils pourraient atteindre le millier de tonnes dans les années à venir. L’agrume, c’est notre spécialité. Avec nos bureaux à Cavaillon, cela nous permet de répondre à la demande de manière plus efficace en A pour B », explique Pierre-Paul Monteil, directeur du GIE Corsica Comptoir.
Chez Agrucorse, Mathieu Donati a choisi la diversification. Depuis trois-quatre ans, il est en effet présent au Maroc dans le Souss « Cette expérience de production d’agrumes en bio satisfait notre curiosité, cela nous a permis de renforcer notre connaissance en agrumes dans le bassin méditerranéen, tout comme le lancement de nos opérations de commercialisation de maltaises de Tunisie et surtout de constater que de faire de l’agrume en Corse pouvait être considéré comme une folie ! En effet, c’est la zone Nord limite pour l’agrume ! Mais c’est aussi cela qui fait toute sa typicité son goût si particulier. » Ce lien avec la rive Sud de la Méditerranée a surtout permis à Agrucorse d’agrémenter son offre en agrumes, à l’identique de son partenariat avec la marque Philibon sur la clémentine de Corse. Agrucorse commercialise aussi le kiwi et s’est associé à Prim’land depuis deux ans, en particulier pour développer une stratégie à l’export forte du kiwi français. Les Corses n’ont donc pas fini de faire parler d’eux, « notre volonté c’est de maintenir les productions existantes et être plus performants. Pour cela il faut des moyens, des vergers et des hommes », conclut Pierre-Paul Monteil. L’IGP et le Label rouge viendront bientôt le confirmer.