Produits d'import
Les menaces s'accumulent sur le continent sud-américain
Des centaines d'entreprises sud-américaines sont mises en péril par la sécheresse dans une large bande autour du tropique du Capricorne et par la flambée des coûts salariaux en Argentine.

En Argentine, la situation devient inextricable. En cette année de récolte précoce et abondante, la priorité serait de stocker rapidement le maximum de fruits sous atmosphère contrôlée. Les conditions météo sont chaudes, les fruits mûrissent vite et la plus grosse partie est encore sur les arbres. La récolte de poire Williams a bien débuté le 19 janvier avec des équipes réduites en attendant que les accords salariaux soient conclus. Dix jours après, la situation prend une mauvaise tournure. Comme chaque année, les négociations salariales ont été ouvertes au dernier moment sous la pression. Les syndicats de salariés cherchent à compenser au mieux la perte annuelle du pouvoir d'achat. Le taux d'inflation atteint 35 à 40 %. Le 15 janvier, un des deux syndicats de salariés a signé un accord avec la CAFI sur une base de + 35 %.
Les employeurs manifestent et les concessions qu'avait accordées le gouvernement ne sont pas encore finalisées. Le taux de change officiel du peso a perdu 15 % de sa valeur en un an par rapport au dollar. Les parités monétaires des deux principaux marchés destinataires que sont l'Europe et la Russie ont décroché de 24 % et de 50 % par rapport au dollar. L'écart est d'autant plus insoutenable que les charges salariales sont de 700 à 750 $ par mois, soit trois à quatre fois de plus qu'en Afrique du Sud ! Alors que les coûts de production sont estimés à 18 $ FOB, les propositions tarifaires de 15/16 $ la caisse de 18 kg pour le marché russe sont encore trop élevées. Un premier bateau est en attente.
La récolte de pomme devrait débuter alors que celle de Williams est en retard. L'essentiel des fruits devra donc être écoulé sur le marché local qui, du fait des mesures protectionnistes, est à l'abri de la concurrence. Les prix sont actuellement très élevés, à près de 40 $ le bushel de pomme. Après trois années de vente à perte, selon l'USDA, il ne resterait qu'environ 2 600 producteurs entre les deux provinces du Rio Negro et de Neuquèn contre 9 000 quinze ans auparavant. Plusieurs centaines risquent à nouveau de mettre la clé sous la porte. Ainsi, en cinq ans, les surfaces cultivées ont été divisées par deux chez le leader Expofrut.
Au Chili, les premières estimations suite à la sécheresse font état de 50 000 à 80 000 ha définitivement perdus. Dans les régions 3 et 4, entre Coquimo et Copiaco, le reliquat d'eau ne permet de sauver que des cultures à forte valeur ajoutée. Côté péruvien, il pleut dans le Nord du pays, ce qui réduit l'offre de raisin. En novembre, le projet H2olmos a été inauguré. Un nouveau transvasement de la ressource en eau de la face Est de la Cordillère vers la face Ouest permet d'irriguer 38 000 ha de plus. Ces transferts se font au détriment du Brésil qui est aussi touché par la sécheresse.
Assèchement des circuits opportunistes
En Andalousie, une réorganisation commerciale du secteur de la fraise est en cours. Lorsque les ventes sont externalisées, les trois pôles coopératifs que sont Onubafruit, Fresón de Palos et Cuna de Platero tendent à déléguer les offres commerciales sur seulement un ou deux intermédiaires. Cela devrait permettre de réduire la proportion de fruits vendus à la commission ou en PAV. Cette offre surnuméraire est aussi souvent celle qui sert de base pour les cotations au stade de gros qui servent ensuite de référence pour tous les opérateurs !