Les marchés de gros à la croisée des chemins
Fortement concurrencés, les marchés de gros outre-Rhin misent sur le marketing pour séduire le consommateur final.
Fortement concurrencés, les marchés de gros outre-Rhin misent sur le marketing pour séduire le consommateur final.


De loin, on pourrait voir l’Allemagne comme le royaume exclusif de la grande distribution et du hard discount. Ce serait oublier les 15 000 magasins spécialisés, 3 500 marchés hebdomadaires et les nombreuses halles couvertes qui participent à la distribution des produits frais outre-Rhin. Et ces professionnels s’approvisionnent dans les 19 marchés de gros qui émaillent le pays. La Rhénanie du Nord-Westphalie en concentre le plus grand nombre (7), normal puisque le Land est le plus important du pays (17,9 millions d’habitants).
La concentration de la distribution et la pression à la baisse sur les prix qu’elle impose ont en Allemagne (comme ailleurs) impacté les marchés de gros. S’il y a encore 25 ans, environ 80 % des f&l passaient par ces derniers : les distributeurs y avaient leurs plates-formes d’éclatement. Depuis, elles sont sorties des marchés et la part n’est plus aujourd’hui que 10 à 15 %. Conséquences : réduction du nombre d’opérateurs, mise en péril du concept de marchés de gros…
Comme nombre de ses confrères en Europe, les marchés de gros allemands font aussi face à l’usure du patrimoine : la moitié d’entre eux ont plus de 50 ans et sont techniquement dépassés. Entre 2000 et 2012, on peut considérer que 150 M€ ont été engagés dans la modernisation et la maintenance des marchés : Brême a investi 50 M€ en 2002 et Francfort, 50 M€ en 2006 pour se doter d’un outil de travail rénové. En moyenne par an, entre 15 et 20 M€ sont investis. Et le mouvement continue : ainsi le marché de gros de Sarrebruck fait actuellement l’objet d’un transfert et celui de Munich est engagé dans un important projet de redéveloppement (nouvelles halles sur 4,8 ha) pour 2023.
Face à une situation difficile, les marchés de gros ont réagi sont regroupés au sein d’une organisation, GFI Deutsche Frischmärkte (créé en 2000) qui compte aussi dans ses rangs, les marchés de gros de Bolzano (Italie) et de Zürich (Suisse). En 2010, GFI s’est ouvert aux marchés de détail afin de créer une sorte "d’union sacrée” : bon timing car le consommateur allemand commençait à repenser ses achats, lassé, peut-être, de l’offre standardisée du hard discount…
Aujourd’hui les marchés de gros visent à être d’authentiques plates-formes produits frais. Pas seulement en termes d’offres (développement d’autres secteurs comme l’épicerie) ou logistique (distribution urbaine, transport transrégional), mais aussi en amplifiant leur activité marketing vers le consommateur : appli mobile, événements centrés sur les aliments, formations sur la nutrition se développent. Par exemple, Hambourg possède un laboratoire à la disposition des écoles pour étudier la chimie végétale (3 000 écoliers par an le fréquentent). Quant à ouvrir les marchés de gros au grand public pour le commerce, on reconnaît, à GFI, que le sujet fait l’objet de débats intenses dans la communauté, tant il s’agit d’un axe stratégique pour les marchés.
Les marchés de gros allemands en chiffres (2016)
Tonnage : 7,950 Mt (fruits et légumes : 6,760 Mt)
Chiffres d’affaires : 10,6 Md€ (fruits et légumes : 7,9 Md€)
Nombres d’entreprises : 2 750 (66 % grossistes et importateurs)
Surface totale : 2,7 millions de mètres carrés
Emplois : 20 000 personnes
Clientèle : 56 000 dont marchés (40 %), magasins de détail (34 %), RHD (26 %)