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Les marchés bio à l'horizon 2025

Quarante experts de l'Inra, de l'APCA et de l'Itap ont réalisé une étude prospective sur les marchés bio à l'horizon 2025. Quatre scénarios possibles se dégagent.

Quatre scénarios

Comment les produits bio devront se valoriser face aux autres arguments de la consommation responsable : le local, le naturel, made in France, développement durable, “clean label” ? Comment le bio doit se démarquer face aux préjugés ? Quels rôles devront jouer les filières bio en cas de forte crise environnementale ? Quelles sont les tendances et initiatives émergentes qui peuvent se confirmer en 2025 ? Quels impacts d'une éventuelle crise sur les produits bio ? Comment le secteur du bio s'intègre à un marché mondialisé régi par les marchés financiers ?

Organics Cluster, le réseau des entreprises bio en région Rhône-Alpes, a fait réaliser une étude prospective sur les “Marchés bio à horizon 2025”. Organics Cluster est une association qui regroupe 150 entreprises réalisant surtout des produits bio alimentaires. « Cette étude permet de réfléchir aux futurs possibles pour le secteur bio et aux choix stratégiques pour les acteurs, les chefs d'entreprise, les metteurs en marchés, les producteurs. Elle a été réalisée à l'occasion du Bio N'days, la convention d'affaires à Valence en 2014. Les marchés bio sont en phase de maturité et apparaissent très sensibles aux facteurs externes », explique Nicolas Bertrand, le directeur.

Quatre scénarios émergent de l'étude

Le scénario 1 ou le “bio partagé” véhicule une image positive mais le prix reste le principal frein à la consommation. « Dans ce schéma, l'innovation est donc dominante. Le consommateur est au cœur du dispositif. Il est très impliqué dans la démarche biologique. Les campagnes de publicité sont portées par des organismes institutionnels. On note une absence de marques fortes et des tendances de consommation comme la montée en puissance des produits vegans, végétariens… Il y a une forte concurrence entre produits bio et produits conventionnels. Les circuits courts sont de plus en plus nombreux. En 2025, c'est la fin de l'image d'Epinal du bio : 25 % des marques de distributeur sont en bio et le “mass market” français ne jure que par le bio avec des campagnes publicitaires sur la MDD bio. Les exigences du cahier des charges sont revues à la baisse. La surface agricole utile passerait à un peu moins de 10 % en France. Le secteur de la transformation bio s'impliquerait davantage en recherche et développement. Ces stratégies sont gagnantes pour les acteurs économiques qui s'impliquent dans des démarches de transparence et de traçabilité », explique Nicolas Bertrand.

Le scénario 2 ou le “bio gagnant/référent” s'appuie sur un modèle social et économique où les crises financières, sanitaires, environnementales se répéteraient sur le marché des produits conventionnels, d'où une baisse de la consommation en produits conventionnels. Les Pouvoirs publics s'impliqueraient davantage et les citoyens se mobiliseraient fortement. Exemples : en Allemagne où les citoyens font la promotion des produits locaux et en Grande-Bretagne où se développent les jardins avec nourriture partagée “Les Incroyables Comestibles”. Les effets de ces crises à répétition seraient nombreux : doublement de la surface agricole utile bio en France, foison-nement d'initiatives sociétales (touristique, insertion sociale) apparition d'un bio 3.0 qui utilise les réseaux sociaux affinitaires. « Cette stratégie est gagnante pour les grandes enseignes de distribution qui suivraient les tendances du marché, développeraient la consommation participative et la proximité des réseaux de distribution. Il y a l'exemple du concept développé à Paris des “Carrefour bio” », indique Nicolas Bertrand.

Le scénario 3 ou le “Bio business” conjugue plusieurs phénomènes : crise sanitaire, économique, rupture des marchés économiques, implication croissante des grands groupes internationaux, concentrations verticales et horizontales des acteurs économiques, montée des fonds d'investissements participatifs (crowdfunding), multiplication des labels et d'initiatives portées par le secteur privé, bulles financières... Les effets ? Apparition du bio à deux vitesses : un marché mondialisé, très financier (grands groupes) et un marché de proximité constitué de particuliers et de petites et moyennes entreprises (crowdfunding). Les experts s'appuient sur des exemples aux Etats-Unis : rachat de Annie's par General Mills, commerce de proximité créé par les habitants d'un village, développement de Whole Foods Market, etc.

Le scénario 4 ou le “bio dilué” est plus pessimiste. Il prévoit une crise réelle sur le bio (crise sanitaire, produits contaminés, fin du label bio, déconversion en bio) et même une crise de pensée qui provoquerait une “réelle rupture” : présence de fraudes, manque d'investissements en recherches et développement… Un dernier scénario où le bio n'arrive pas à percer (retour de l'agriculture conventionnelle). Agrobiodrôme commercialise 4 000 t de fruits et légumes bio frais par an. Erik Kabouny, directeur et gérant d'Agrobiodrôme, résume la tendance actuelle : « On est sur un marché où il y a une demande forte en produits frais et bio. Parallèlement, il y a des opérateurs de plus en plus nombreux. On constate une forme de fidélisation aux produits bio. Peu de consommateurs abandonnent définitivement le bio. Ils y reviennent d'une manière générale un jour ou l'autre. »

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