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FRUIT LOGISTICA - Allemagne
Les légumes palatins ont traversé le Rhin

Les maraîchers du Palatinat aussi souffrent des relations avec la grande distribution. Ce qui les fait se tourner vers le développement de services et l’exportation.

Récemment élu à la tête de la FNSEA, Xavier Beulin n’a pas manqué de faire du redressement de la compétitivité de l’agriculture française par rapport à sa voisine allemande, une priorité. Il est vrai que le tableau a bien changé depuis une décennie. Le cas de l’asperge est ainsi emblématique : l’Allemagne a su en quelques années passer d’un statut d’importateur net (faisant le bonheur des producteurs français) à celui d’exportateur net et on peut désormais croiser le turion d’outre-Rhin dans les allées de Rungis. Qu’en est-il vraiment ? L’exemple de la région de Rhénanie-Palatinat tendrait à montrer que les temps ne sont pas aussi roses que cela pour les maraîchers de la région. Une année difficile (2009) a certainement refroidi certaines velléités, d’autant plus que les demandes de la distribution allemande, surtout en matière de traçabilité, pèsent lourd dans les comptes des entreprises.

Une tradition maraîchère
Située au Sud-Ouest de l’Allemagne, la région de Rhénanie-Palatinat est un des seize Länder (régions) allemands. Bordée par le Rhin à l’Est, elle est frontalière avec la France, le Luxembourg et la Belgique, une situation géographique qui a marqué son Histoire pendant plusieurs siècles. Berceau, entre autres, de Karl Marx, d’Helmut Kohl et de Valéry Giscard d’Estaing, né à Coblence, la région est connue pour sa production viticole : les deux tiers des récoltes de vins allemands proviennent de la zone. Les deux autres grandes activités agricoles sont le bois et le maraîchage. Ce dernier est caractérisé par sa précocité (avril-décembre avec pause estivale). Selon l’office statistique du Land de Rhénanie-Palatinat, la région a produit l’année dernière (fin août) 520 837 t de légumes, en baisse par rapport à 2009 (590 290 t). Les surfaces n’ont que très légèrement bougé (- 0,2 % sur la période à 18 145 ha). Cependant, le maraîchage palatin est limité dans son développement : la pression foncière est forte et le développement de la vigne entrave celui des cultures potagères. La région offre un portefeuille large avec quelques produits de poids : les carottes (89 298 t), les radis (66 979 t), les oignons (60 743 t) ou encore les choux-fleurs (36 322 t). L’ensemble de ceux-ci est en recul par rapport à 2009. Les salades sont aussi bien représentées à 53 216 t : les laitues sont les plus cultivées (21 975 t) suivies par la roquette (4 711 t), les Lollo (seules du segment à présenter une augmentation sur un an à 11 244 t), la mâche (8 097 t) et les frisées (7 189 t). Les tonnages d’asperges entre 2009 et 2010 sont en baisse : de 5 227 à 4 981 t. Parallèlement, d’autres productions gagnent du terrain : poireaux (26 402 t), céleris-raves (15 453 t), courgettes (15 276 t). Et depuis peu, le maïs doux (12 603 t) à la demande du hard discounter Aldi.

Quelques poids lourds
L’essentiel des légumes du Palatinat (90 %) est commercialisé par Pflalzmarkt qui, avec plus de 150 000 t (fruits et légumes) est le premier metteur en marché allemand. Alors que le mouvement de concentration du secteur est entamé depuis une décennie, le tissu du maraîchage palatin se caractérise encore par une multitude de petites exploitations et quelques gros faiseurs dépassant les 100 ha (une dizaine qui assure un peu plus de 70 % de son chiffre d’affaires). Peter Steegmüller fait partie de ceux-là (100 ha avec trois rotations). Et pour lui les temps sont plutôt durs : « Nous avons construit un nouvel entrepôt plus large il y a deux ans, explique-t-il. Cependant, cela n’a pas entraîné une augmentation de production. Clairement, il y a un problème avec la grande distribution allemande, qui multiplie les contrôles et les certifications. La chute des prix dans le pays a fait que l’année 2009 a été particulièrement dure pour nous, même si 2010 devrait être un peu meilleure. » L’entreprise s’est donc spécialisée sur la segmentation produit : elle a développé le co-packing. D’autre part, Peter Steegmüller s’est aussi tourné vers l’exportation : « Nous travaillons avec Les Crudettes, pour lesquelles nous envoyons un camion par semaine, essentiellement de la laitue beurre. Nous exportons vers la Russie via les Pays-Bas. Nous expédions aussi sur l’Alsace voisine. » L’arrivée de légumes palatins sur le marché alsacien n’a pas été sans susciter le mécontentement des maraîchers locaux, voyant une concurrence jugée déloyale vis-à-vis des coûts de production outre-Rhin. Il est vrai que les producteurs de la région ont un atout de poids : l’usage facilité de l’eau. L’ensemble des parcelles est irrigable à partir d’un réseau de conduits enterrés dans les années 70, grâce au soutien de la région. Aujourd’hui, le maraîcher s’acquitte d’une cotisation annuelle pour se connecter au réseau et utilise toute l’eau qu’il désire, celle-ci provenant du Rhin proche. D’autre part, les légumiers palatins emploient largement une main-d’œuvre en provenance des pays de l’Est, ce que confirme Stefen Sahler qui exploite 650 ha en radis et en poireaux : « Nous avons entre 400 et 450 employés, principalement roumains et polonais. Ils sont rémunérés 6,60 € de l’heure, exonérés de charge si le contrat ne dépasse pas deux mois. 2011 change un peu la donne puisqu’il leur est désormais possible de rester une année complète en Allemagne, ce qui n’était pas le cas avant. »

Partenariat avec la France
Franck Geil, directeur commercial de la société éponyme (400 ha), tient le même discours que ses confrères sur la GMS allemande : « Nous avons une forte pression de cette dernière sur la traçabilité. Je peux considérer qu’environ 60 % de mes champs sont analysés pour le compte de ces distributeurs. Mais de l’autre côté, les prix de vente demeurent toujours très bas. » Il souligne aussi l’internationalisation de la société : « Nous entretenons depuis plusieurs années un partenariat avec Nanteurop en France, en ce qui concerne la mâche. Nous cherchons aussi du côté de l’Italie pour certains autres légumes. Notre objectif est de pouvoir servir la distribution allemande tout au long de l’année. » La place prise par le produit français est importante dans l’entreprise, atteignant 60 % pour la mâche. Il est vrai aussi que les surfaces de cette salade en Rhénanie-Palatinat ont reculé entre 2009 et 2010 passant de 1 128 à 1 080 ha, impactant sur les volumes récoltés chutant sur la période de 10 000 à 8 000 t. Néanmoins, on entend bien poursuivre le développement de la roquette et d+es salades multifeuilles : « Une nouvelle génération de jeunes pousses arrive. Elle ne fera pas de concurrence frontale à l’existant mais s’inscrira dans le même univers. » Chez Geil aussi, l’avenir passe par le développement du service et spécialement de l’emballage : « Nous avons multiplié les types de packaging, confirme Franck Geil. Nous pouvons aujourd’hui proposer barquettes, sachets en plastique “cristal”, en PPT ou PPT-E, et cela sous marque ou en MDD. »

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