Les labels ont tout bon

Dans le secteur agroalimentaire, et notamment celui des fruits et légumes, l'obtention d'un label type IGP, AOP ou AOC vient souvent couronner des années de travail et d'engagement. Obtenir cette reconnaissance officielle signifie que des hommes ont choisi de se rassembler pour unir et diriger leurs efforts vers un seul et même but : inscrire dans le marbre la valeur qualitative, historique et régionale d'un produit. Souvent, il s'agit de se défendre contre des invasions étrangères, pour survivre à une concurrence vécue comme déloyale, sans faire la moindre concession sur la qualité. Il s'agit parfois aussi de retrouver sa place, quand les difficultés économiques et la désaffection des consommateurs ont fait sombrer une production dans l'oubli.
Ce numéro de FLD magazine estival contient nombre d'exemples de ces belles initiatives. Certaines, anciennes labellisées, savourent leur succès comme la mirabelle de Lorraine qui bénéficie d'une IGP depuis dix-sept ans et peut se vanter aujourd'hui de faire saliver des gourmands de tous âges, et de plus en plus nombreux. Selon l'étude du CTIFL publiée en page 25, la mirabelle de Lorraine jouit d'un véritable statut de “chouchou” au sein de la famille des prunes : la plus reconnue, la plus largement consommée, la préférée… L'ail fumé d'Arleux (pp. 30-32), qui vient à peine d'être consacrée par une IGP, va devoir patienter pour en arriver là. Mais nul doute que les Nordistes, accrochés à leurs traditions, ne ménageront pas leurs efforts pour faire largement connaître leur savoir-faire et se démarquer définitivement des importations chinoises. Un rêve que l'échalote d'Anjou touche aussi maintenant du doigt depuis que l'Inao a donné un avis favorable pour son IGP (p. 34). Lorsque les choses vont bien dans l'Hexagone, un produit sous label peut également sauter les frontières et aller séduire des voisins avides de “french touch”. Il a suffi que Prince de Bretagne mène ses oignons rosés de Roscoff AOC en bateau (que dis-je, en gréement !) à l'assaut des côtes britanniques pour, qu'immédiatement, celui-ci redevienne populaire et convoité par les consommateurs d'outre-Manche (pp. 28-29). Enfin, – et ce dernier argument pèse de tout son poids au regard de l'actualité –, en plus de garantir une origine et un savoir-faire, les signes officiels de qualité certifient un produit toujours conforme et sécurisé, élaboré selon les règles strictes d'un cahier des charges. Ce qui, en ces temps de suspicion et de doute, n'est pas inutile pour guider un consommateur désillusionné, prêt à payer le prix de cette assurance.