Débat
Les JA entendent se réapproprier l'approvisionnement local en RHF
Les JA et Coop de France ont organisé, le 24 mars à Paris, un colloque sur l'approvisionnement local de la restauration collective.
Comment la profession agricole peut-elle prendre part collectivement à la distribution de ses produits ? C'était le thème du colloque organisé par Coop de France et les JA. Les JA y ont présenté l'avancée du projet AgriDistrib. Il s'agit d'une étude menée depuis dix-huit mois. Son objectif : évaluer au sein d'un bassin de consommation (la région Rhône-Alpes a finalement été retenue) la faisabilité d'un approvisionnement local pour la restauration collective, géré par les agriculteurs. « Pour pallier le manque de temps et de compétences de la part des agriculteurs, la clé c'est le réseau coopératif », a notamment précisé Jean-Baptiste Traversac, ingénieurs d'étude à l'Inra. « La réponse est forcément collec-tive », ont aussi insisté d'autres intervenants. Les réels objectifs du projet ont été résumés en ces termes : « Capter plus de valeurs en diminuant les intermédiaires ». Le message est clair.
« Arrêtons de rêver ! C'est complètement utopique de croire que l'agriculteur peut tout faire », s'est exclamé Eric Lepêcheur.
L'un des seuls intervenants issus de la restauration collective présent, Eric Lepêcheur, président de Restau'Co, a lui aussi été très clair et n'a pas mâché ses mots. « Arrêtons de rêver !, s'est-il exclamé. C'est complètement utopique de croire que l'agriculteur peut tout faire. On est dans un schéma de compétences ! » Et de rappeler que c'était le métier des grossistes de savoir livrer aux hôpitaux, dans de si gros volumes, des fruits qui seront à maturité au moment de la consommation. Eric Lepêcheur, qui gère notamment la restauration de l'université d'Orsay, a ajouté que lui aussi, dans son activité, il faisait appel à l'approvisionnement local. « Un volailler de Saclay (Essonne) me livre 120 volailles/mois. C'est bien, mais ça ne répondra jamais aux 3 milliards de repas/an de la restauration collective ». Le président de Restau'Co a néanmoins conclu une des tables rondes en mettant tout le monde d'accord sur un point : il faut que les directives européennes changent. « Il faut que collectivement, on monte au créneau pour qu'on oblige l'Europe à acheter des produits de saison, et c'est à nous tous de porter ce message à nos politiques ! Il faut arrêter de penser que le libre-échange, c'est tout et n'importe quoi ! », s'est-il exclamé.