Marché mondial-Turquie
Les GMS en embuscade sur le marché alimentaire
Marché mondial-Turquie
N’occupant qu’un tiers du commerce alimentaire, la grande distribution – et plus particulièrement le hard discount – augmente ses parts de marché. Pour la première fois, en 2010, Migros a perdu son leadership au profit du discounter BIM.
La distribution turque est dominée par le commerce dit “traditionnel” à hauteur de 62 % de part de marché (82 Md€). Une domination liée à des raisons historiques et culturelles. Il fonctionne grâce à tout un réseau de magasins de proximité, propriétés dans certains cas de grossistes, et de leur forte connaissance des habitudes alimentaires locales (adaptabilité à la demande, contacts avec les producteurs locaux et maîtrise du marché immobilier). « Aujourd’hui, l’essentiel de la filière f&l, ce sont les marchés de production, les marchés de gros et de détail, une filière constituée essentiellement de réseaux d’entreprises de petites tailles, avec des marchés de gros très présents », explique Philippe Husson, chef du département formation et animation du CTIFL.
En Turquie, il existe 203 marchés de gros de f&l. Pour exemple, celui d’Istanbul (Bayrampasa) a vu ses revenus annuels progresser entre 2009 et 2010 de 20 %. Sur le marché d’Istanbul, il s’agit surtout d’un lieu dédié en majorité aux intermédiaires du commerce des f&l qu’ils viennent de Turquie comme de l’étranger, plutôt qu’aux producteurs. Il existe pour autant des “cases” où des producteurs viennent vendre leurs produits. A Antalya, le marché de gros est majoritairement axé sur la vente des productions de f&l de la région et la majorité des opérations de dédouanement sont effectuées sur place et au port de Mersin pour l’export. L’importation est très limitée. « C’est donc un marché fortement traditionnel qui fonctionne bien. Mais attention, les grands distributeurs sont en train de développer de nouvelles gammes de produits achetés directement auprès des producteurs (MDD et Filière qualité). »
Et les parts de marché de la GMS sont en constante évolution même si l’ensemble des enseignes organisées ne représente encore que 27 % du commerce alimentaire. Une prospective de Retail Market prévoyait que l’enseigne BIM arriverait en tête en 2013. C’est désormais chose faite. En 2010, pour la première fois, l’enseigne Migros a perdu sa place de leader au profit du discounter BIM en chiffre d’affaires et en nombre de magasins. Une progression que les observateurs expliquent par des évolutions de consommation. Le succès de BIM se traduit aussi par sa politique de développement. L’enseigne cherche à être omniprésente en ville en alternative aux bakkals (épiceries de quartier). Et Metro et Carrefour sont en nette progression.
Près d’Antalya, Carrefour ouvrira en 2012 une nouvelle plate-forme logistique. « Carrefour dispose d’une “plate-forme” sur le marché de gros d’Antalya devenant trop petite, car ils gèrent de plus en plus de volumes. Pour autant, le groupe souhaite garder une place sur les Halles car il y a moins de taxes à payer. A titre d’exemple, quand ils achètent en dehors du marché, ils doivent payer des taxes à l’Etat turc, explique Ludovic Mouret du CTIFL. Sur le marché d’Antalya vous avez une taxe de 1 % et hors les Halles de 8 %. Pour la banane, par exemple, cela représente 16 $/colis, une manière de protéger leurs productions et leur marché. » L’essor de la distribution alimentaire joue en faveur des marques de distributeurs. Ce ne sont certes pas encore les jeunes qui cuisinent, mais des évolutions ont lieu déjà dans les rayons des GMS. « Les méthodes de distribution évoluent comme dans l’offre IVe gamme et produits préparés. Des entreprises “poussent” aux alentours des agglomérations pour alimenter le marché. Même si la grande distribution paraît encore faible en parts de marché, et que les marchés de gros ne ressentent pas encore les conséquences de ce développement, cette évolution n’est pas à négliger à l’avenir. »
Certains opérateurs qui participaient au déplacement organisé par le CTIFL en novembre dernier, faisaient remarquer que cela ressemblait fort à ce qu’ils avaient vécu en France lors de la naissance des MDD fruits et légumes.