Produits d’import
Les gammes “premier prix” nivellent le marché dans l’Hexagone
La succession chaleur-pluie réduit l’offre du bassin méditerranéen. La météo reste assez froide dans le nord. La demande se tient mais le milieu de gamme est de plus en plus discounté.

La canalisation de la demande en faveur des gammes “premier prix” accentue les difficultés des producteurs français. Ces derniers (les “survivants”…) ont, de gré ou de force, fini par intégrer le discours des prescripteurs “Faites de la qualité”. Mais les choix du consommateur et les bouleversements de l’appareil commercial entraînent un rétrécissement de ce débouché.
Les stations françaises sont mal équipées pour répondre aux besoins croissants en fruits de milieu de gamme, barquetés de manière homogène et livrés en différents points, même si la commande est centralisée. Et les charges sociales empêchent de réagir. A l’importation, on voit donc émerger un métier de prestation pour répondre à cette demande. Le donneur d’ordre intègre les desiderata de l’aval et les possibilités de l’amont. Il fait ensuite effectuer les lots de barquettes dans une qualité similaire dans différentes stations. Il doit ensuite gérer les casse-tête du transport et les caprices des clients. Les transporteurs ou les clients, qui sont aussi des donneurs d’ordre, peuvent vite transformer une prestation en cauchemar. Ainsi, un transport sous traité mal effectué peut entraîner des pertes en rayon, facturées par une filiale du distributeur au fournisseur en fin de campagne !
Ce métier de la filière, proche de celui d’un courtier pour le compte de l’aval, exige bien sûr un excellent relationnel avec les distributeurs. Mais il faut aussi être très proche de l’amont. On ne travaille pas pareil au Maroc ou en Espagne, où les stations sont bien équipées pour ce type de prestation. Au Chili, au Brésil ou en Afrique du Sud, les flux de produits “prêts à la vente” sont aussi en accroissement. Certains s’essaient à ces nouveaux métiers pour assurer l’interface.
En Espagne, la progression des achats en production gêne de plus en plus l’activité commerciale de Perpignan. Distributeurs et grossistes jouent de plus en plus la carte du direct. Rungis devient aussi un point d’éclatement où s’approvisionnent les grossistes de l’est ou de Londres. On y a vu des complets de Bigarreau d’Espagne. Même en fraise d’Allemagne, l’offre progresse sur Rungis d’autant plus que l’offre de France est en déficit. En Bigarreau, la pleine saison de l’Emilie Romagne a débuté avec dix jours de retard.
Pour échapper au diktat des premiers prix, l’innovation est la voie royale. En Nouvelle-Zélande, où innover est une seconde nature, les ventes de Jazz et de Gold sont en forte augmentation. Les estimatifs sont de + 50 % en kiwi Gold et en pomme Jazz.
Le retour du temps froid, surtout dans les pays anglo-saxons, freine la demande en produits de saison. Par ailleurs, la grêle a sévèrement affecté la zone fruitière autour du lac de Constance (Bodensee). Les pertes sont importantes car trois quarts des vergers auraient été touchés.
Les prix sont bas pour de nombreux légumes de serre car les calendriers étaient retardés et l’offre a progressé plus tard.