Russie/Turquie
Les fruits et légumes turcs presque totalement interdits en Russie
L'embargo russe décidé le 1er décembre va toucher sévèrement la production de fruits et légumes turque, mais pas dans son ensemble.
Le 1er décembre dernier, la Russie a décrété l'embargo sur de nombreux fruits et légumes originaires de Turquie, effectif à partir du 1er janvier 2016. Il s'agit d'une mesure de rétorsion suite à la destruction d'un de ses avions de combat par les forces armées turques à la frontière syrienne (cf. fld hebdo du 2 décembre). La liste des produits concernés par l'embargo inclut oranges, mandarines, raisins, pommes, poires, abricots, pêches, prunes, fraises, tomates, oignons, choux-fleurs et concombres.
En Espagne, Fepex a exprimé son inquiétude de voir les flux turcs redirigés vers l'Europe.
Cependant, il faut noter que certaines grandes productions turques échappent à l'interdiction. C'est le cas du citron, du pamplemousse, de la cerise, de la noisette et de la pistache. Cela demeure néanmoins un coup sévère pour les exportations de fruits du pays. Selon les statistiques des Nations Unies (système Comtrade), celles-ci avaient fortement augmenté vers le marché russe au 1er semestre pour atteindre 264 000 t. Les agrumes se taillent la part du lion : citrons (66 000 t), mandarines (48 000 t), oranges (34 000 t)… L'impact risque aussi d'être rude pour les tomates : en absorbant 288 400 t (soit 74 % des exportations), la Russie est un client important.
Les réactions internationales n'ont pas tardé
L'Egypte s'est déclarée prête à remplacer la Turquie. La prudence a été de mise chez les exportateurs marocains qui conservent leurs objec-tifs de la saison, malgré le fait qu'à l'annonce de l'embargo les prix des clémentines et tomates marocaines ont explosé sur le marché russe. En Espagne, Fepex a exprimé son inquiétude de voir les flux turcs redirigés vers l'Europe, entraînant une satura-tion du marché et une baisse des prix. La Turquie pourrait en effet accentuer ses envois vers l'Allemagne et le Moyen-Orient. Il est encore trop tôt pour savoir les effets directs de l'embargo sur le marché européen. L'an passé, l'UE a représenté 15 % des exportations turques de fruits et 12 % des légumes. Elle a absorbé 47 % des pamplemousses exportés avec 83 635 t (premier client) mais aussi 67 % des cerises (33 266 t).