Entretiens de Rungis
Les Français ont une belle image du monde agricole mais passablement brouillée
Le rendez-vous d’automne du marché international de Rungis portait sur l’agriculture française, sa place dans l’esprit des Français. Quelques surprises furent au programme.
L’étude TNS Sofres – présentée aux derniers Entretiens de Rungis sur le thème “2012 : quel cap pour l’agriculture et l’alimentation ?” – a été riche d’enseignements. Globalement, l’attachement des Français pour l’agriculture est intact. 95 % des sondés la considèrent comme un secteur important pour l’économie. Ils ne semblent pas en revanche en mesure de dresser un portrait clair de la situation. 40 % pensent que les conditions de travail des agriculteurs se sont améliorées ces dernières années, mais 37 % estiment le contraire. 30 % considèrent que l’image des paysans s’est améliorée, 33 % qu’elle s’est détériorée. Il ne semble pas exister de constat collectif et partagé de l’opinion reflétant la réalité du monde agricole. La tendance s’accentue encore lorsque l’on aborde la balance commerciale ou l’environnement : près d’un tiers des sondés considère que la France importe plus qu’elle n’exporte de produits alimentaires, 48 % estiment que les agriculteurs utilisent de plus en plus de pesticides. On atteint des sommets avec la perception de la Pac : un quart des Français pensent qu’il s’agit d’une opportunité, un quart qu’il s’agit d’une menace, un troisième quart, ni l’un, ni l’autre. Pour Yuna Chiffoleau, (Inra), cette situation s’expliquerait par un relâchement du lien entre urbains et monde agricole mais « cette distance peut aussi être source d’innovation, par exemple dans le renouveau des circuits courts ». De son côté, Etienne Gangneron (FNSEA) a mis en cause les MDD qui cachent au consommateur la réalité du travail des agriculteurs en ajoutant : « le consommateur garde de grands principes mais il reste pragmatique dans sa recherche de prix ». De fait, l’étude TNS Sofres a montré que 83 % des Français font le plus attention au prix au moment de l’achat (+ 3 % par rapport à 2008), loin devant la DLC ou la provenance, même si ce dernier critère a pris beaucoup d’importance depuis 2008 (45 %, + 11 points). D’ailleurs, ils sont même 69 % à dire qu’à qualité équivalente, les aliments français devraient être privilégiés, quitte à les payer plus cher. C’est bon pour l’image de la France, mais cela demande encore à être prouvé sur le terrain...