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Belgique
Les Flandres défendent leurs cadrans

Les criées flamandes savent que la fixation du prix n’est plus suffisante. Alors, le développement des services aux producteurs et aux clients demeure au cœur des réflexions.

A en croire certains directeurs de veilings dans les Flandres belges, il semblerait bien que les cadrans d’outre-Quiévrain aient plutôt bien résisté à la crise économique. Cependant, même si les premiers mois de commercialisation ont été plutôt positifs, les criées flamandes demeurent prudentes et tablent sur le panel de leurs services pour renforcer leur position dans la filière belge des fruits et légumes.

Une année 2009 correcte
L’année passée a suscité quelques sueurs froides aux opérateurs belges. Il est vrai que la crise économique mondiale passait par là. Certains marchés, dont le très lucratif marché russe, se sont singulièrement rétrécis. Pourtant, au final, les chiffres ne semblent pas être trop inquiétants pour les criées. Paul Demyttenaere, directeur général de REO à Roulers, analyse l’année passée : « 2009 a finalement été assez correcte avec un chiffre d’affaires qui avoisine celui de 2008. Mais, il faut reconnaître que celui-ci s’est fait sur les trois-quatre premiers mois de l’année. Notre chance à REO est d’avoir une offre de produits large, le poireau, premier légume en tonnage, ne représentant, que 25 % de notre offre. » De plus, l’augmentation de la production enregistrée ces dernières années tend à se stabiliser. « Nous avons connu des hivers doux, ces cinq dernières années. Ce qui fait que certains pays au Nord-Est de l’Europe ont pensé pouvoir faire du poireau. Mais, ce n’est pas un légume facile à cultiver, avec, qui plus est, un coût non négligeable en termes d’achat des semences. L’hiver 2009, beaucoup plus froid, a remis quelque peu les horloges à l’heure… » Le son de cloche est similaire chez Brava, ce que confirme son directeur général, Filip Fontaine : « Avec un chiffre d’affaires de 70 M€, Brava a égalé ses performances de 2008-2009. En revanche, les volumes ont été en augmentation de 15 %, ce qui a certainement impacté sur le revenu des producteurs. »

Un paysage en mutation
Il n’empêche que les choses évoluent quelque peu chez nos voisins flamands. La reprise du veiling Profuco à l’automne dernier par BFV (Belgische Fruitveiling) a donné naissance à un géant dans le domaine des fruits. BFV représente aujourd’hui 6 800 ha de production répartis des Flandres orientales au Limbourg et à la région de Liège. Avec un volume après fusion estimé à 255 767 t, la criée de Saint-Trond a des positions encore plus fortes en ce qui concerne les pommes et les poires. La fusion va par ailleurs permettre à BFV de mettre en avant ses nouvelles variétés en poires, comme la Belgica et la Sweet Sensation, qui seront également promues par la division du pays de Waas. De plus, Profuco a joué un rôle de précurseur dans le projet de culture du kiwi dit de Sibérie (pour sa grande résistance au gel). Ce projet sera dorénavant généralisé et centralisé à Saint-Trond. Le développement du kiwaï sera certainement à observer de près dans les prochaines années : ses tonnages sont plus que modestes pour l’instant mais l’intérêt que lui ont porté les autres structures de commercialisation en Belgique au moment où Profuco passait dans le giron de BFV doit être relevé. L’autre grand opérateur fruitier Hoogstraten a récupéré l’activité fraises du défunt cadran de Vrasene. Reste la question de In-Co, l’association dont il faisait partie avec Hoogstraten et CLTV Zundert, et ce d’autant plus qu’elle est présente au sein de Lava, le bureau de commercialisation des criées belges.
D’autres tendances se renforcent. Parmi elles, le développement du bio. On y pense fortement chez REO. « Du bio ou du moins des produits sans traitement phytosanitaire, reconnaît Paul Demyttenaere. Il est clair qu’il faut avancer vite sur ce sujet. En 2010, nous pensons qu’il est essentiel que la recherche se concentre sur ce problème. ». Mais c’est bien Brava qui s’est fait le champion de cette cause. « Cette activité n’est pas nouvelle chez nous puisque nous l’avons initié il y a déjà dix-sept ans, souligne Filip Fontaine. Elle représente aujourd’hui 9 % du chiffre d’affaires. Les premiers temps ont été difficiles mais les mentalités ont bien évolué. Nous prévoyons cette année une progression de 15 % des volumes Nous sommes en position de négocier avec la grande distribution et même de leur proposer des programmes sur vingt ou trente semaines. » De plus, Brava, qui met en marché déjà 20 % de la production hollandaise d’endives, est en contact avec des producteurs bataves de fruits et légumes bio de la région de Zealand : cinq apportent déjà leur production et trois ou quatre pourraient bien s’y joindre.

La défense du cadran
Des producteurs hollandais passant par les cadrans belges, ce n’est certes pas nouveau mais la tendance semble être de plus en plus tangible. Les problèmes rencontrés par The Greenery l’année dernière ne sont certainement pas sans rapport avec la situation. Ainsi que le désir d’indépendance des producteurs hollandais (et en premier lieu celle du principal apporteur de tomates Prominent) ne s’y retrouvant pas dans une structure dont près du tiers du chiffre d’affaires est assuré par l’activité d’import. Ainsi pour les opérateurs belges, c’est le maintien de l’aiguille qui leur permet de mieux résister, de concentrer l’offre et d’établir un prix. Et surtout il permet d’éviter un “syndrome Prominent”, le contact entre le producteur et le cadran étant permanent. Maarten De Moor, directeur de Lava, le bureau commercial de cinq criées (Malines, REO, Brava, LTV et In-Co) le reconnaît aisément : « Notre obligation d’acheter sur les criées fait que nous ne sommes pas leurs concurrents. Si le prix fixe est supérieur à celui de la criée, c’est tant mieux pour le producteur, mais s’il est inférieur, il est payé au prix du cadran ; il existe un fonds de compensation pour cela. De plus, cela permet de vendre à prix fixe, certaines spécialités ne passant pas en criée. En revanche, il est nécessaire de bien définir la valeur ajoutée apportée par celle-ci. » C’est ainsi que la défense du cadran, c’est aussi proposer des services supplémentaires. Les criées ne se limitent plus à la salle de vente. Le distributeur Colruyt développe la livraison de nuit ? La criée met à disposition un espace sécurisé à sa disposition pour qu’il puisse emporter sa marchandise. La maîtrise de l’énergie (le photovoltaïque chez Brava, Malines, REO…) ou l’organisation des transports font partie de ces plus indispensables.
Symptomatique de ce développement des services au sein des criées, la société Corpack, présente depuis deux ans sur le veiling REO, s’est installée en janvier dernier dans de nouveaux locaux de 8 000 m2. « Notre activité est celle du conditionnement à façon, explique son responsable, Peter Deraeve. Nous travaillons pour le cadran et pour ses acheteurs, principalement vers le Royaume-Uni et les Pays-Bas ». Corpack dispose de treize machines d’emballage différentes. « Nous sommes capables de presque tout emballer : sachet, filet, flowpack, emballage P +… Le plus petit que nous ayons pu réaliser a été des sachets de 50 g pour des jets de houblons ou de la roquette. Nous avons aussi débuté en emballage à perméabilité sélective pour des envois de fraises sur l’Angleterre et je pense que cette activité devrait se développer », souligne Peter Deraeve. La très grande majorité (90 %) des légumes traités par Corpack provient du cadran, mais elle traite aussi d’autres produits : agrumes ainsi que noisettes du Maroc. L’entreprise emploie trente permanents, mais son activité saisonnière – spécialement le passage de la saison d’hier vers celle d’été – fait qu’elle peut embaucher entre vingt et quarante personnes supplémentaires en intermittence. L’avenir immédiat pour Corpack est la prochaine installation d’une machine dédiée à la découpe de légumes (tomates, concombres) afin d’entrer sur le marché disputé de la IVe gamme.

Flandria reconnue en France
Et le marché français dans tout cela ? Les chiffres 2009 fournis par le VLAM montrent une légère baisse dans les envois de fruits, mais une augmentation en ce qui concerne les légumes par rapport à 2008. Les premiers passent de 419 551 à 406 518 t, alors que les seconds grimpent de 234 465 à 250 105 t. Par ligne de produits, certaines progressions sont notables. C’est le cas du duo carottes-navets qui passe de 59 900 à 72 900 t, des tomates (de 46 900 à 51 400 t), des poires (de 21 000 à 25 000 t) ou encore des pommes (de 38 400 à 40 600 t). Le poireau a légèrement fléchi passant de 29 900 à 27 881 t, tout comme les champignons (de 10 100 à 9 200 t). L’été dernier, pour la troisième fois (après 2003 et 2006), une enquête a été menée auprès de professionnels français (grossistes et grande distribution) pour évaluer la notoriété et l’image de la marque collective flamande Flandria. Dans ce contexte plus concurrentiel, 20 % des répondants citent spontanément Flandria qui se classe à la sixième place ex-aequo, similaire à 2006. La marque bénéficie spontanément d’une image de qualité (38 % des réponses spontanées). Les autres points forts cités par les professionnels sont : le conditionnement de qualité (15 %), le bon calibrage et le bon standard (10 %), la solidité de la marque ainsi que la qualité des fournisseurs (10 %). La pénétration sur le marché a aussi été mesurée : 71 % des interviewés ont acheté des produits de la marque. 73 % d’entre eux étaient et resteraient clients après l’enquête. Pour mémoire, en 2006, seulement 56 % des interrogés avaient affirmé continuer à acheter des produits Flandria.
En revanche, la marque remporte un résultat assez faible en ce qui concerne sa reconnaissance auprès du consommateur ainsi qu’au point de vue gustatif. A l’avenir, l’accent devrait donc être mis sur ce dernier aspect.

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