Aller au contenu principal

Prix Fresh Export-Cardell Export
Les exportations sont vitales

Plus qu’une stratégie, les exportations sont pour Daniel Corbel, PDG de Cardell Export, « un outil de développement et de pérennisation de l’entreprise. »

La société Cardell Export est née en 2008 de la fusion de Cardell (Marsillargues) et de AFD Dipra (Les Taillades), deux entreprises qui travaillaient ensemble et dont les courants commerciaux étaient complémentaires.
Si AFD Dipra était déjà spécialiste de la pomme, Cardell avait plusieurs cordes à son arc : pommes, poires, melons, asperges et légumes. Mais son panel variétal a été modifié. « L’entrée de l’Espagne dans la communauté européenne n’a plus permis de conserver l’atout précocité, indique Daniel Corbel, le PDG de Cardell Export. La concurrence très vive a conduit à abandonner les légumes et certains fruits. C’est le cas du melon. Cardell en produisait 2 000 t, mais sur une période trop courte pour assurer de façon pérenne le revenu des producteurs. Il a donc été abandonné. Nous avons conservé 10 ha d’asperges, mais là encore l’enthousiasme s’est terni depuis l’émergence de la production allemande. De ce fait, nous avons décidé de ne pas renouveler l’aspergeraie. » L’entreprise Cardell Export s’est donc recentrée sur la pomme traitée sur cinq sites : Marsillargues, Le Thor, Mazières en Gâtine pour la production et le conditionnement ; Moissac où un bureau commercial a été ouvert il y a deux ans « pour suivre la production et la commercialisation de la pomme du Sud-Ouest » ; Montfavet/Agroparc où sont installés le siège social et les équipes de vente regroupées qui ont permis « d’élargir la commercialisation des gammes Cardell Export à l’ensemble des marchés mondiaux ».

Des gammes déclinées sous trois marques : Cardell, Tour Eiffel et Gama
L’entreprise fait du commerce mais est également productrice. « Nous avons conservé 100 ha à Marsillargues et le verger est en cours de restructuration. Nous abandonnons progressivement les variétés qui ont des difficultés sur le marché au profit de variétés à valeur ajoutée. C’est ainsi que nous allons de plus en plus vers les variétés sous licence, une volonté que nous impulsons également auprès de nos apporteurs pour une meilleure valorisation au stade de la production. » C’est ainsi que Cardell Export est à la tête d’un potentiel de 10 000 t de Pink Lady. « Il y a un véritable engouement des producteurs pour cette variété et le marché est loin d’être saturé. Sa commercialisation reste correcte et la volonté de l’association Pink Lady de s’ouvrir aux pays tiers comme le Moyen-Orient, la Russie et le Sud-Est asiatique, devrait nous permettre d’asseoir un carnet de clientèle le plus vaste possible. »
Une autre carte de Cardell Export est son potentiel de pommes bio Juliet. « Nous disposons d’un potentiel de 3 000 t pour le frais et l’industrie et d’ici à 2015 nous pensons atteindre 8 000 à 10 000 t, destinées au marché mondial. Mais pour l’heure et parce que notre potentiel est encore limité, nous restons essentiellement sur le marché intérieur, bien que des lignes existent depuis 2010 vers la Finlande, Dubaï, Singapour et dans une moindre mesure vers l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Espagne où nous notons un début d’intérêt pour cette pomme exclusivement bio. » Mais avant de vendre, il convient de faire connaître Juliet. « C’est l’inconvénient d’une nouvelle variété. Il faut la faire connaître. C’est un travail de fond qui consiste à envoyer des échantillons, à organiser des animations, des dégustations, etc., afin de convaincre nos clients et les consommateurs. Mais avec les volumes qui vont arriver, nous n’avons pas d’autre choix que d’attaquer le marché mondial. Néanmoins, Juliet a un atout : c’est la seule pomme bio et elle n’a aucun concurrent. » Mais investir le marché mondial exige un postulat de base : organiser la production de contre-saison. « C’est inscrit dans le projet initial et des plantations doivent être réalisées en Afrique du Sud. C’est un peu plus long que prévu, mais l’idée est toujours d’actualité. »

Prudence sur la question de la multiplicité des variétés club
« Il y a un florilège de variétés club, qu’elles soient françaises, belges, italiennes ou néerlandaises. Certaines fonctionnent plus ou moins bien mais la sanction viendra du linéaire. Ce sont les acheteurs et les consommateurs qui décideront de leur avenir. » L’entreprise commercialise également toute la gamme de pommes plus basiques qui lui confère une activité annuelle et quelques poires. Les pommes sont commercialisées sur le marché intérieur à hauteur de 17 000 t et les 26 000 t exportées sont destinées pour 16 000 à 17 000 t au marché européen et 9 000 à 10 000 t pour les pays tiers. « S’il n’y avait pas les exportations, ce serait une catastrophe car nous ne pourrions consommer tout ce que nous produisons et importons, souligne Daniel Corbel. Elles sont vitales à la bonne marche du commerce et elles ont sauvé la situation depuis ce début de campagne. Ceci étant, il n’est pas facile de travailler sur le marché communautaire. De plus en plus d’Etats encouragent à produire et consommer local plutôt qu’avoir recours aux importations. Si le pays client détient les mêmes variétés que la France, quand la production locale arrive sur le marché (Gala et Braeburn), les acheteurs cassent les lignes. Idéalement il faut arriver sur ces destinations quand le marché est libre et revenir lorsque les stocks sont épuisés. Ceci étant, il me semble utopique de vouloir produire de la Granny en Grande-Bretagne, ou de la Pink Lady en Pologne. Ce n’est pas raisonnable et en aucun cas une stratégie pérenne. »

Le grand export, un exercice difficile
« Juliet, par exemple, est introduite facilement à Singapour mais pas encore en Malaisie, à Dubaï et plus encore au Koweït ou en Arabie Saoudite. Il faut savoir évoluer et s’adapter. Mais je pense que dans ces pays, où les centres commerciaux se multiplient, où les expatriés influent et impulsent de nouveaux comportements alimentaires, l’entrée en consommation des pommes est réalisable. De plus, les opérateurs français bénéficient d’une réputation de qualité, de services, de respect des engagements qui confèrent à la France une certaine assurance. Ceci étant, la notoriété ne confère pas 0,10 € de plus par kilo ! »
Cardell Export a essaimé tout autour de la Méditerranée. En Algérie, « le commerce reprend doucement après une cessation totale des flux liée au risque social ». En Tunisie, « les portes sont toujours fermées au motif fallacieux du feu bactérien. Or c’est une maladie qui affecte les arbres et pas les fruits ». Le Maroc « est toujours peu ouvert car les volumes sous licence sont minimes par rapport aux accords tomates ». En Egypte, « les flux son fragiles et en sont à leurs balbutiements. Il faut prendre un risque calculé ». Enfin « Israël devient un client régulier ».
Quant à la position de la pomme française sur le marché intérieur, Daniel Corbel a son idée : « Il faut impérativement valoriser l’origine France. Ce qui nous conférerait le privilège de vendre, mais il ne faut pas en attendre des plus-values. »
Quant au devenir de Cardell Export son PDG a des projets. « Nous avons un objectif de 50 000 t qui ne seront pas forcément que des pommes. L’entreprise doit évoluer en permanence, rechercher de nouveaux marchés, de nouveaux clients, même si les circonstances ne nous permettent pas d’avancer aussi vite que nous le voudrions. »

Les plus lus

des boîtes de conserve sur une ligne dans une usine de légumes en conserve
Quel est le seul légume en conserve qui a observé une croissance des ventes en 2024 ?

L’Unilet, l’interprofession française des légumes en conserve et surgelés, vient de publier les chiffres 2024. Après une année…

fruitier sous gel après aspersion
« Un agriculteur averti est un agriculteur mieux protégé » : face au gel, Serge Zaka lance son outil gratuit de cartographie des risques de perte de rendement

Le médiatique docteur en agro climatologie a annoncé sur les réseaux le lancement de cet outil gratuit, indépendant et ouvert…

communication du ministère de l'Agriculture et de la Forêt de Turquie sur les gelées tardives d'avril 2025
Turquie : gel tardif et chutes de neige déciment les vergers de fruits à noyau et les vignes

Dans certaines régions, les températures ont chuté à -15°C. Les abricotiers, les cerisiers, les pruniers, les pêchers, les…

Cinq personnes débattent sur un salon. avec un écran géant en arrière fond
Abricot : à quoi s’attendre pour la récolte européenne 2025 ?

Medfel a fait le point sur les récoltes d’abricot en France, en Italie, en Espagne et en Grèce. Les quatre pays producteurs…

Guerre des prix et origine des fruits et légumes : Lidl et les distributeurs en ligne de mire

D’un côté, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France attaque directement Lidl sur les prix pratiqués « depuis…

Fraises : le pic de production française, c’est maintenant !

Les producteurs de fraises français, à travers leur association d’organisations de producteurs nationale (AOPn), alertent…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes