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Les leaders en Europe - Fruit Logistica - Italie
Les exportateurs “di Puglia” ont pâti des négociations à bas prix

En raison de la récession, les acheteurs européens de la grande distribution ont joué la carte des prix bas. Pour les producteurs de raisin “di Puglia”, la saison aura été plus que difficile. Rencontre avec quelques-uns d’entre eux.

La France représente 11 % des exportations agricoles de la région des Pouilles. A elle seule, cette grande zone de production de fruits et de légumes recense plus de 65 % de la production de raisin de table d’Italie sur quelque 47 660 ha. C’est donc tout naturellement que la région avait organisé un grand raout autour de ce fruit et de son confrère des légumes, l’artichaut, en novembre dernier à Bari, capitale des Pouilles. « Cette production de raisin de table est vieille de plus de cent ans dans la région, et recense à ce jour pas moins de 600 exploitations et 60 stations de conditionnement à travers toute la région. Nous attendons même la réponse de la Commission à notre demande d’IGP “Uva di Puglia” », rappelait non sans fierté Donato Franelli, le représentant européen des jeunes agriculteurs italiens. Pour autant, il faut dire que la campagne raisin cette année a mal débuté avec des prix excessivement bas dès le milieu du mois d’août, certains opérateurs préférant même commencer la récolte plus tard en septembre faute d’acheteurs potentiels. La plupart des opérateurs à l’export estimaient ainsi être fortement concurrencés cette campagne par la Turquie, la Grèce et l’Espagne notamment sur les exportations de variétés apyrènes type Sugraone (ci-contre), Centennial Seedless et Crimson Seedless. Et des essais sont actuellement menés en Vitroblack (Ophelia), une variété qui pourrait être intéressante à suivre dans les prochaines années.
De mémoire d’exportateur on n’avait jamais connu cela. La saison était réellement jugée catastrophique. « Les envois vers la France ont fortement chuté cette année. En particulier avec Frutica, la centrale d’achat de Casino, basée à Cavaillon », lançait ainsi Nicola Suglia, en charge des ventes vers la France, pour la société de production et d’exportation Ermès basée dans la banlieue de Bari. Même discours chez Pignataro où les envois spécifiques pour Carrefour étaient annoncés en forte baisse (cf. encadré).
Chez Facchino qui travaille avec certains grossistes français, la campagne était plus que risquée et les prix en forte régression par rapport à la campagne 2008. « Nous avons de gros problèmes de prix car il y a beaucoup de stocks. Pour la France, nous travaillons avec Soria à Marseille pour Casino. Cette année, les envois ne dépassent pas les 5 t par semaine contre 30 t à la semaine habituellement », s’inquiétait même Luigi Facchino, fin octobre, dont la station de conditionnement est basée à proximité de Bitritto à quelques encablures de Bari.

Milan, grande plaque tournante des exportations en provenance des Pouilles
En règle générale hormis des contrats directs avec les distributeurs, pour les producteurs et exportateurs des Pouilles, il existe des agences de transport spécialisées dans le groupage du transport de f&l vers la France, voire plus loin. Ou bien encore, les fruits et légumes des Pouilles transitent par la plaque tournante des exportations : Milan.

Foggia, capitale italienne de l’artichaut
Quant à l’artichaut, sa région de prédilection ce sont les Pouilles, suivies bien évidemment de la Sicile et de la Sardaigne. A elles seules ces trois régions représentant plus de 90 % des productions italiennes d’artichauts. Ses champs s’étendent sur plus de 17 000 ha dans le talon de la botte italienne, sa production annuelle moyenne frôle les 173 000 t et sa campagne de commercialisation s’étale d’octobre à mai, même si durant les mois de janvier et février les volumes ont tendance à régresser en raison des basses températures. Quant aux prix, c’est aux alentours des fêtes de fin d’année que les artichauts de Bari se négocient au plus haut.
En l’espace de quinze ans, les lieux de production ont fortement été modifiés. Des alentours de Bari, les cultures d’artichauts ont été déplacés vers Foggia, une ville située au Nord des Pouilles (près de 100 000 t), suivie par la région de Brindisi puis Bari. Chaque commune ayant sa propre spécialité variétale. Ainsi aux alentours de Foggia, le Violetto di Provenza domine tandis que plus au Sud, c’est le Brindisino. « Les grands marchés de l’artichaut des Pouilles ce sont la France, la Belgique et la Suisse, explique Michele Cericola, producteur et exportateur d’artichauts et de tomates de pleine terre installé à Ordona aux alentours de la ville de Foggia. Pour la France, nous travaillons avec plusieurs grossistes de Nice Et puis nous vendons à Rungis chez Montana et Puech. Et tous nos produits transitent évidemment par le marché de Milan, car les volumes exportés ne sont pas suffisants pour être convoyés directement de notre région », reconnaît-il.

Les exportations ont chuté aussi dans le Nord de la péninsule
Mais la régression des exportations n’a pas été circonscrite à la région Sud. Elle s’est ressentie jusqu’en Emilie-Romagne au Nord et bien évidemment de l’autre côté des Alpes et dans la péninsule ibérique. Et pourtant, jamais les producteurs n’ont eu autant de facilité à trouver de la main-d’œuvre en raison de la crise économique.
Seule variable sur laquelle les producteurs peuvent difficilement jouer : la pression sur les prix menée par les acheteurs de la distribution européenne. Et cette pression n’est pas que spécifique au raisin. « Les ventes ont baissé de 60 % pour tous les marchés. La campagne est mauvaise en raison de la crise économique, indique Michele Schiavone, directeur général du groupe Schiavone. Et pas seulement pour le raisin, c’est tous les produits aussi bien conventionnels que bio. »
Plus spécifiquement chez Jonica, les prix du raisin ont chuté de 20 % suivis aussi par ceux des fruits et légumes bio. « Cette année, nous avons eu de gros problèmes de climat sur les fruits et légumes bio. Nous avons même dû arrêter certaines campagnes de production plus tôt, explique Vincenzo Santoro le directeur commercial de Jonica [une organisation de 40 producteurs implantés tout autour de Ginosa, NDLR]. Après, nous sommes confrontés à une demande pointilleuse des acheteurs de toute l’Europe et en particulier des pays nordiques. En effet, ils veulent tous des produits certifiés et analysés. » Quant aux aides dont peuvent bénéficier les producteurs de fruits et légumes bio en Italie, « Ce n’est pas le meilleur outil, ajoute Vincenzo Santoro. Cela déstabilise le marché bio. Chez Jonica, pendant la période de conversion en particulier en légumes, nous préférons laisser les champs en jachère, c’est plus simple à gérer sur les marchés. Il est plus compliqué de développer les surfaces dédiées au bio justement parce qu’on ne sait pas comment se comportera le marché bio d’ici à cinq ans. »

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