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Etat des lieux
Les économies d'énergie ouvrent de nouveaux horizons

Pour rester compétitifs, les producteurs investissent dans des outils peu gourmands en énergie et des solutions alternatives aux énergies fossiles. Etat des lieux.

Le chauffage dans les serres reste de loin l'un des outils les plus importants et les plus visibles où les économies d'énergies fossiles sont possibles. Mais il n'est pas le seul. Ainsi, le CTIFL va entreprendre une étude sur l'énergie et la consommation d'eau. De nouvelles techniques peuvent être amenées à moins consommer. C'est le cas du binage de précision à haute vitesse. Le constructeur anglais Garford a obtenu au dernier Sival la médaille d'or pour une rampe de pulvérisation ultra-sélective. L'outil est capable de reconnaître les repousses de pomme de terre dans les carottes et les oignons. L'application de l'herbicide (glyphosate) est déclenchée uniquement lorsque la caméra détecte la mauvaise herbe, sans toucher la culture. Ce désherbage (1 % de la dose en plein) ne nécessite qu'un passage contrairement à la technique classique où l'herbicide, sélectif, en demande souvent plusieurs pour un résultat moins probant. Sans doute que cette technique va se développer sur d'autres cultures ?

Bientôt plus de trente cogénérations

La région et le pays nantais en particulier sont en pointe pour la réduction des coûts énergétiques. Les tomates et concombres sont cultivés sous plus de 135 ha de serres verre. Pour les chauffer, les maraîchers utilisent des énergies de plus en plus variées. Nantes possède le parc le plus important de cogénération, une trentaine à ce jour. Et sept ou huit projets devraient émerger en 2015. Ce dispositif consiste à produire et à utiliser simultanément de l'électricité et de la chaleur à partir d'une même énergie primaire, le gaz. Une installation classique obtient un rendement électrique d'environ 35 %, tandis que le reste de l'énergie (65 %) est perdu sous forme de chaleur. Dans un système en cogénération, 30 à 35 % de l'énergie primaire sont transformés en électricité grâce à un alternateur, tandis que le solde se retrouve sous forme de chaleur, dont 50 à 55 % sont récupérés pour chauffer un circuit d'eau au travers d'un échangeur. Cette eau est utilisée pour le chauffage des serres. L'électricité produite est revendue aux fournisseurs d'énergie.

Le CTIFL va réaliser une étude sur l'énergie et la consommation d'eau pour déterminer les techniques permettant de moins consommer.

Les premières cogénérations qui remontent à une quinzaine d'années nécessitaient de très gros moteurs (4 MW). La rentabilité demandait au moins 5 ha. Désormais, la nouvelle génération (1 à 2 MW) ne nécessite plus que 2 ou 3 ha. Sur 70 ha de serre, l'OP Kultive (22 000 t de concombres, 1 200 t de tomates) a installé sept cogénérations dans la région d'Orléans (Loiret) et dans l'Yonne. Le groupe Marais, qui produit 10 ha de tomates entre la Bretagne et Nantes, envisage de se lancer dans la cogénération. Avec la possibilité actuelle d'acheter du gaz sur le marché libre, la gestion des achats (mais aussi de la revente d'électricité) se complique. Pour monter les dossiers de cogénération, apporter les conseils aux producteurs..., la Fédération des Maraîchers Nantais a embauché en 2012 un chargé en énergie, Malo Brault. « Nous aidons une vingtaine de maraîchers à trouver le meilleur contrat avec ses fournisseurs de gaz puisque plusieurs formules existent, de l'achat au jour le jour avec un prix fluctuant à celui défini sur un mois ou une année, affirme Malo Brault. A tout moment, le maraîcher peut basculer d'une formule à l'autre. Le suivi des cours est primordial et ce dernier dépend de nombreux facteurs, du climat, de l'utilisation du gaz de schiste aux Etats-Unis... »

Plusieurs énergies pour plus de lisibilité

Les chaudières à bois ont fait leur apparition à Nantes en 2006 et, aujourd'hui, elles sont au nombre de six. D'autres énergies sont en cours d'essai. L'un des adhérents d'Océane, Jean-François Vinet, est impliqué dans le projet de recherche Sereco. En partenariat avec l'Ademe, Légumes de France et la Communauté de communes de Grand Lieu en banlieue nantaise, le producteur teste des granulés combustibles issus de déchets verts. Le coût de traitement des déchets verts pour cette collectivité (37 000 habitants) revient à 25 000 €/an. Les premiers essais sont encourageants mais seulement avec la partie la plus lignifiée des déchets (10 à 15 %). « Même si cette biomasse pouvait être retraitée directement sur l'exploitation, le coût énergétique des granulés reste plus élevé que d'autres formes d'énergie, reconnaît Jean-François Vinet. Mais elle s'inscrit dans un schéma qui permet une meilleure lisibilité dans le temps puisque son coût n'est pas volatil. » Sur son exploitation, toutes les formes d'énergie sont utilisées ou produites hormis le biogaz. Mâche, radis et muguet sont cultivés sous une serre qui héberge sur son toit 40 000 m2 de panneaux photovoltaïques. En région orléanaise, trois chaudières à paille et deux chaudières à bois servent à chauffer certaines serres. « Notre stratégie dans le domaine de l'énergie est de construire des serres proches de structures où il est possible de récupérer de l'eau chaude », relève David Totel, directeur de Kultive.

La méthanisation se développe

La digestion anaérobie des matières végétales ou animales par des micro-organismes qui aboutit à la formation de biogaz est encore peu utilisée. Novatrice, la méthanisation demande plusieurs années avant d'être fonctionnelle. Dans certains cas, des obstacles techniques peuvent exister. Mais selon un expert, ce n'est pas tant les contraintes administratives qui allongent la durée d'instructions des dossiers que les réticences du voisinage. Le coût de tels investissements limite les ardeurs, d'autant plus que les subventions tardent souvent à venir.

Ce biogaz sert le plus souvent comme source d'énergie à des outils industriels. C'est le cas de Tiper Méthanisation mis en route le 26 avril 2013 près de Thouars (cf. fld hebdo du 2 mai 2013). Le melonnier Rouge Gorge alimente cette unité conçue pour produire 16 millions de mégawattheures/an avec des melons déclassés. De même France Champignon fait partie des approvisionneurs ainsi qu'un producteur de poireau. Mais l'administration a contraint le site à apporter, d'ici le 30 avril, des modifications sous peine de sanctions administratives.

En revanche, le projet de la coopérative de Douai-La-Fontaine (Maine-et-Loire) qui fournit la restauration collective avec sa marque Rosée des Champs sera véritablement une source d'énergie pour la coopérative. Il a pour ambition d'affecter le biogaz à la pasteurisation, le lavage des emballages et peut-être aussi pour le séchage de légumes. D'une capacité annuelle de 962 MWh d'électricité et 1 196 MWh en énergie thermique, le méthaniseur sera approvisionné par les déchets de la station issus de la transformation des légumes (salades, céleris, fenouils, poireaux…) en IVe et Ve gammes. L'unité, qui a l'originalité d'être alimentée avec des légumes, devrait être fonctionnelle assez rapidement.

Enfin, comme nous vous l'avions déjà annoncé, Jardins de Rabelais (Indre-et-Loire) étudie la construction d'une unité de méthanisation avec le constructeur Entec. L'objectif est de devenir autonome en énergie pour la production toute l'année de tomates cerise grappes. Le système prévoit un apport de 37 000 t de déchets issus des Jardins de Rabelais mais aussi d'industries agroalimentaires et de GMS avoisinantes. La production sera équivalente à 11 millions de mégawattheures en énergie électrique et 12 millions de mégawattheures en énergie thermique sur un an.

Peu de projets en fraises

En Val de Loire, seul le producteur de fraises Régis Guiet s'est distingué en installant 2,5 ha de panneaux photovoltaïques sur 5 ha de serres pour produire plus de 200 t de fraises et de framboises. La construction en 2010 a exigé un investissement de 20 M€ partagé équitablement avec le constructeur Global Ecopower. Est-ce une technique bien adaptée à la région ? La Fraiseraie (5 ha), Burban Production (7 ha) et Le Cadran de Sologne n'ont pas suivi. Les adhérents se sont engagés plutôt dans les jardins suspendus. P. V.

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