Antilles
Les deux îles sœurs unies pour le plan banane durable
L’engagement des producteurs antillais est ambitieux : baisser de 50 % l’usage des pesticides en six ans, usage déjà largement réduit depuis 1996.




Un ministre de l’Agriculture, la totalité des élus des deux îles présents ou représentés, et plus de 200 planteurs guadeloupéens et martiniquais réunis en un même lieu : de mémoire d’Antillais, on n’avait jamais vu une telle mobilisation. Les auteurs de cette performance : les planteurs de l’UGPBAN. Depuis le temps qu’ils disent et redisent que la banane est une production vitale pour la Guadeloupe et la Martinique, ils ont fini par se faire entendre. L’objet de cette réunion était donc la signature du plan banane durable 2008-2013 (voir les grandes lignes de ce plan dans fld hebdo du 2 décembre). Le but : faire que la banane des Antilles qui « est de loin la plus éthique du monde » devienne également « la banane la plus propre du monde », explique Eric de Lucy, président de l’UGPBAN. Pour y parvenir, les planteurs se sont fixés pour objectif de réduire en six ans de 50 % l’utilisation des pesticides (les usages ont déjà été réduits de 60 % entre 1996 et 2006). « Cet objectif est plus ambitieux que celui fixé à l’ensemble des agriculteurs français dans le cadre du Grenelle de l’environnement, souligne, non sans malice, Eric de Lucy. Il s’inscrit surtout dans un contexte difficile de climat tropical, humide, pluvieux, propice au développement de nombreuses maladies. » Le bras armé de cet ambitieux projet sera l’ITBAN, Institut technique de la banane lancé la semaine dernière. Le plan proprement dit sera doté d’une enveloppe dont le montant sera situé entre 12 et 20 ME apportés par l’Europe, l’Etat, les collectivités locales, le Cirad et les planteurs. « Ce plan nous engage tous », confirme Michel Barnier. Pour finir, c’est le très scrupuleux Alfred Marie-Jeanne, président, indépendantiste, du Conseil Régional de Martinique qui en 2005 avait augmenté l’octroi de mer sur les pesticides, qui a le mieux rendu compte du sens de cette journée : « Trop souvent et trop longtemps, on a pointé du doigt cette profession,a-t-il déclaré. Si je suis venu ici, c’est parce que des progrès immenses se sont opérés. La profession s’est restructurée. Elle est devenue un exemple pour les autres filières. » On ne saurait mieux dire.